1.1.2. Aspects cliniques et psychodynamiques des troubles de l’attention.

Parallèlement, J.P. Mialet (1999) suppose que si certaines conditions nuisent à la construction du Soi, comme le langage intérieur défaillant, l’attention en subira la marque. L’auteur postule aussi qu’une immaturité de l’attention, du fait d’un déficit quelconque de la construction du Soi, aura des effets en retour sur l’édification du sujet. Il ajoute que l’attention est le produit de la maturation générale (affective, cognitive, sociale et biologique) permettant au sujet de se constituer mais est aussi une condition importante pour la maturation. Il cite W. James (1890) qui rappelle que développer l’attention est « l’idéal par excellence de l’éducation ». Il s’agit d’apprendre à prêter attention à ce qui n’est pas intrinsèquement intéressant, pour satisfaire à des objectifs plus lointains. Ce dégagement de l’attraction de l’immédiat (résister à la distraction, savoir s’opposer) qui s’amorce dès les premières années de la vie doit être soutenu et encouragé jusqu’à l’âge adulte. Ainsi, l’attention est au service du « Je ». Nous pouvons nous attendre (Mialet, 1999) à ce que les déséquilibres affectant le sujet aient des répercussions sur l’attention. Des déficits du « Je » comme en révèlent certains états dépressifs provoquent des atteintes graves de l’attention endogène, autrement dit des motivations du sujet (avec une incapacité à soutenir son attention). En même temps, une libération de l’attention exogène se manifeste par une captation automatique des stimuli environnementaux notamment. Dans ce dernier cas, l’exagération de fonctionnement de l’attention exogène témoigne que cette dernière échappe au contrôle de l’attention endogène. A l’inverse, certains états d’excitation occasionnent une exagération de l’éveil qui rend le patient dépendant des moindres sollicitations exogènes. Les perturbations de l’attention endogène qui s’en suivent sont les conséquences de ce fonctionnement excessif de l’attention exogène venant « parasiter » le déroulement de l’attention endogène. De même, on constate chez les anxieux une exagération du système d’alerte qui accroît la sensibilité aux détections dans une tâche de vigilance.