1.1.4. Aspects psychologiques des troubles de l’attention.

Le modèle du fonctionnement résilient peut également contribuer à la compréhension de l’inattention infantile.

Ainsi, l’approche de C. De Tychey (2001) sur le processus psychique de la résilience semble synthétiser les conceptions des auteurs précités (Barkley, Flavell et al., Mialet et Maté). La résilience étant définie par M. Manciaux, Vanistendael, Lecomte et B. Cyrulnick (2001) de la façon suivante : « La résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à continuer à se projeter dans l’avenir en dépit d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères » (Anaut, 2003).

C. De Tychey considère que la résilience s’appuie sur la « mentalisation » qui correspond à « la capacité à traduire en mots, en représentations verbales partageables, les images et les émois ressentis pour leur donner un sens communicable, compréhensible pour l’autre et pour soi d’abord ».

Ainsi, cette mentalisation est un processus qui se construit tôt à travers la qualité de la médiation maternelle ou de son substitut. D’après C. De Tychey, ce processus psychique ne pourra fonctionner sur un mode résilient que si les deux paramètres suivants sont mobilisés :

M. Anaut explique que ces mécanismes de défense s’observent dans l’hyperactivité notamment. Cette dernière est une réponse plus ou moins adaptative, du moins protectrice pour l’enfant TDA (Anaut, 2003).

Mais nous pouvons nous demander si cette agitation ne traduirait pas une tentative pour l’enfant de maintenir son équilibre psychique plus ou moins organisé et stable. L’enfant par son comportement hyperactif tente coûte que coûte et par conséquent de façon inadéquate de capter l’attention des personnes qui l’entourent. Autrement dit, cet enfant focaliserait l’attention de l’autre par une agitation excessive ou au contraire par une agitation interne, que l’on retrouve chez les enfants inattentifs (Berger, 1999).

Pour M. Anaut (2003), il s’agit d’un moyen de se constituer une enveloppe sensorielle protectrice, un « moi-peau », selon la théorie de D. Anzieu (1985). Pour M. Berger (1999), l’agitation externe a cette fonction de pare-excitation par rapport à son propre corps et par rapport au corps de l’autre. R. Roussillon (1987) parle d’une enveloppe d’excitation construite par l’enfant. Cependant, cette tentative ne se réalise qu’au prix d’une coupure avec une partie de sa vie psychique. L’enfant éprouve un ressenti, mais pas d’affect lié à une représentation (Danon-Boilon, 1999).

Pour notre part, l’enfant agité et distrait serait plutôt submergé par des affects restant au niveau des émotions primaires, faute de les nommer. Autrement dit, il n’existerait pas de hiérarchisation suffisament organisée dans les ressentis. Ceci expliquerait, que des émotions apparemment sans conséquence pour tout un chacun, deviennent des affects plus perturbants pour ces enfants, d’où ce comportement faussement détaché. Cela reviendrait à une défaillance cognitive dans l’élaboration sémantique (phase d’intériorisation immature chez l’enfant TDA d’après Barkley, 1997 b).

Nous pouvons nous interroger sur cet accès restreint à la symbolisation. En effet, nous concevons l’idée d’un refus inconscient de la part de l’enfant TDA à élaborer mentalement des représentations de ses vécus, de ses expériences. Ce refus pourrait à son tour limiter le processus de fonctionnement de résilience. En effet, P. Fonagy (1994, 2001) cité par M. Anaut (2003) préciseque les « Mécanismes Interprétatifs Interpersonnels » issus d’un attachement précoce sécure sont primordiaux pour doter le sujet d’une capacité de résilience. Ces mécanismes se traduisent par une capacité à se représenter des états internes complexes de soi et d’autrui, en différenciant les états psychologiques de soi et des autres. Cette distinction et cette mise à distance permettent la mise en place de relations interpersonnelles adaptées.

Nous découvrons avec cet auteur le rôle primordial de la qualité des premières expériences de l’enfant avec son environnement dans son développement ultérieur.

Nous allons maintenant étudier le développement de l’attention sous un angle neurologique. Cette approche contribue à compléter notre compréhension d’un développement immature de l’enfant TDA.