1.2.1.1. Etudes évaluant les fonctions exécutives du lobe frontal

Des études mesurant le fonctionnement du lobe frontal à l’aide de différents tests neuro-cognitifs attestent d’un développement psycho-cognitif par phases successives. D’ailleurs, R. Thatcher (1991) nous fait remarquer que les périodes cognitives de J. Piaget (stade préopératoire - stade opératoire concret - stade formel) concordent avec les phases de croissance fulgurante du lobe frontal.

G. Chelune et R. Baer (1986) et H. Levin, A. Culhane, J. Hartmann, K. Evankovich et coll. (1991) ont trouvé que les enfants âgés entre 6 et 10 ans pour les premiers auteurs, 7 à 8 ans et de 9 à 12 ans pour les seconds auteurs voient leurs performances s’améliorer dans une tâche mesurant les capacités de résolution de problèmes et de formation des concepts. Le test utilisé est le « Wisconsin Card Sorting Test » (Grant et Berg, 1948). Sur la base des résultats obtenus, ces auteurs s’accordent à dire que c’est vers l’âge de 12 ans que l’attention dirigée et que l’attention sélective atteignent leur maturité. Le contrôle de l’inhibition ne se fait qu’après l’âge de onze ans en ce qui concerne le contrôle de la perception visuelle notamment (Migliore et Albaret, 1997 ; Welsch, Pennington et Groissier, 1991 ; Cormalli, Wapner et Werner 1962). H. Levin et al. (1991) observent que c’est dans la tâche « Go-No Go » (Drewe, 1975) évaluant le contrôle de l’inhibition et la résolution de problèmes que la réduction majeure des erreurs apparaît vers l’âge de 12 ans. Ce constat est corroboré par les résultats obtenus par M. Passler, W. Isaac et G. Hynd (1985) révélant que l’inhibition proactive et rétroactive de type verbal et non verbal atteint une maîtrise complète à l’âge de 12 ans.

Par ailleurs, H. Levin et al. (1991) constatent que les adolescents (13 à 15 ans), comparés aux enfants âgés entre 9 et 12 ans, montrent des gains significatifs de la planification et de la formation de stratégies dans la résolution de problèmes imposés par la tâche « Tower of London » (Shallice, 1982). Les adolescents sont aussi plus performants que les plus jeunes dans la production de mots appartenant à différentes catégories sémantiques. Cette supériorité qui se situe au niveau de l’efficacité de rendement des stragégies mnésiques est observée avec le test « California Verbal Learning Test – children’s Version » (Delis, Kramer, Kaplan et Ober, 1986). H. Levin et ses collègues observent aussi une augmentation de la productivité de la fluence verbale (Benton et Hamsher, 1976) et de l’habileté à créer différents dessins abstraits en n’utilisant que quatre lignes (Jones-Gotman et Milner, 1977) après l’âge de 13 ans.