2.3.1. Construction de l’estime de soi

L’estime de soi est faite de quatre composantes : (a) le sentiment de confiance, (b) la connaissance de soi, (c) le sentiment d’appartenance à un groupe et (d) le sentiment de compétence (Duclos, 2000).

Le sentiment de confiance est préalable à l’estime de soi. En effet, il faut d’abord le ressentir et le vivre afin d’être disponible pour réaliser des apprentissages qui vont nourrir l’estime de soi. Notons que les sentiments de confiance et d’appartenance à un groupe correspondent tous deux au premier domaine de construction de la résilience de R. Gilligan (1997). D’après G. Duclos, les trois autres composantes fonctionnent différemment. On peut stimuler la connaissance de soi, le sentiment d’appartenance et le sentiment de compétence à chaque stade du développement, à chaque période de la vie, par des attitudes psycho-éducatives adéquates. Ainsi, il faut privilégier la sécurité et la confiance dès les premières années de l’enfant, ce qui renvoie aux théories de l’attachement et aux « styles d’attachement » (Ainsworth, 1978). Cependant, certains chercheurs considèrent que l’attachement peut se modifier au cours du développement et qu’une absence de soutien et de relation de sécurité dans les premières expériences de la vie peut être compensée par un bon étayage social (Rutter, 1996, Anaut, 2003 et 2002a, 2002b).

G. Maté (2001) conçoit une faible estime de soi et les troubles déficitaires de l’attention comme allant souvent de pair parce que précisément le climat stressant de l’environnement familial et la perturbation de l’harmonisation et de l’attachement en ont été le terreau. Par la suite, une succession de frustrations, d’échecs exacerbent négativement l’estime de soi qui est déjà faible chez ces enfants. C’est pour cette raison que bon nombre d’enfants atteints de TDA craignent d’être rejetés par leurs pairs car ils ne se sentent pas acceptés inconditionnellement. Ils essaient alors tous les moyens pour être désirés et valorisés par les autres au risque de se faire rejeter. G. Maté ajoute que le développement d’un sens de soi et l’acquisition de l’estime de soi ne peuvent se construire sur une assise en constant déséquilibre. En effet, l’enfant qui vit ses émotions (émotions labiles) ne peut pas maîtriser ses impulsions afin d’acquérir une estime de soi suffisamment stable (Maté, 2001).