2.3.2. Différentes estimes de soi

J. Brown, K. Dutton & K. Cook, (2001) distinguent « l’Estime de Soi Globale » qui reste invariable (continuer à s’apprécier indépendamment de sa réussite ou de son échec à une épreuve) de « l’estimation de sa propre valeur » qui fluctue en fonction des situations (être fier, content, humilié, honteux). K. Dutton et J. Brown (1997) en se demandant quelle était la clé pour avoir une Estime de Soi élevée avancent l’idée que l’essence d’une E.S élevée est un sentiment affectif inconditionnel pour soi qui ne dépend pas du sentiment de posséder une ou certaines qualités (Rogers, 1951). Ils ont alors relié cette E.S élevée à la manière dont la majorité des parents considère leurs enfants. Beaucoup de parents aiment leurs enfants d’un amour qui n’est pas tributaire de la réussite de ceux-ci. Plus tard, ces enfants ne se jugent pas en fonction de ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas faire. S. Epstein (1980) conclut de la même manière en disant que les personnes avec une E.S élevée, sont dotées d’un amour parental qui est fier de leurs succès et qui est tolérant envers leurs échecs. Elles sont également désappointées et déprimées par des expériences particulières, cependant, elles récupèrent rapidement, comme le font les enfants qui ont un attachement sécure avec leur mère. A l’opposé, les personnes avec une E.S faible portent en elles l’image d’un parent désapprobateur qui reste critique envers leurs échecs et qui ne retient que de brefs instants de plaisir lorsqu’elles réussissent. Ces personnes sont sensibles à l’échec et au rejet, possèdent un seuil de tolérance faible à la frustration, ont besoin de temps pour récupérer après des déboires et ont un avis pessimiste sur la vie.

A ce propos, G. Maté (2001) et M. Tribhou (1994) expliquent que les enfants avec TDA sont capables d’accomplir un travail attentif en présence d’un adulte qui leur accorde de l’intérêt. G. Maté interprète cette observation par une bonne qualité de la relation enseignant-enfant et M. Tribhou par l’instauration d’une relation étayante psychologue-enfant. Comme nous l’avons vu précédemment, l’attachement et le sentiment de sécurité qui peuvent s’acquérir tout au long de la vie, semblent primordiaux dans l’assise d’un développement affectif et cognitif harmonieux. Une plus grande sécurité diminue l’anxiété ou le sentiment d’incompétence et permet à l’attention d’être mieux centrée.

Toujours dans cette perspective, le modèle affectif du fonctionnement de l’estime de soi de J. Brown & T. Marshall, (2001) prétend que l’Estime de Soi se développe très tôt dans la vie en réponse au mode relationnel et au tempérament ; une fois formée, elle dote les personnes ayant une E.S élevée de l’aptitude à promouvoir, à protéger, et à restaurer des sentiments élevés de leur propre valeur. Cette habileté est particulièrement apparente dans les stratégies adoptées par ces personnes lorsqu’elles rencontrent des échecs ou des rejets interpersonnels. Or, l’estime de soi des sujets TDA est contingente, c’est-à-dire dépendante de l’avis des autres.