2.3.3. Stratégies d’ajustement

J. Brown et K. Dutton (1995) dans leurs investigations ont obtenu des résultats suggérant que l’E.S n’influence pas le sentiment heureux ou malheureux des participants lorsqu’ils réussissent ou échouent à une tâche expérimentale ; néanmoins, elle influence l’humiliation et la honte ressentie quand ils échouent. Ces auteurs pensent que ces différences d’E.S dans les réactions émotionnelles sont accentuées pour les émotions qui impliquent directement le self et leurs résultats montrent également que cette influence s’amplifie plus pour les échecs que pour les réussites. Ainsi, leurs données suggèrent que les gens avec une E.S élevée ou faible se sentent bons (heureux et fiers) lorsqu’ils réussissent. C’est lorsqu’ils échouent que la différence du niveau d’E.S émerge. Suite à un échec, le sentiment de sa propre valeur éprouvé par les gens à faible E.S finit de les détruire. En revanche, celui-ci se maintient à un niveau relativement élevé chez les gens ayant une forte E.S. Les personnes avec une E.S faible tendent à étendre et généraliser les implications négatives de l’échec alors que ceux avec une E.S élevée cherchent à compenser leur échec. Ainsi, l’E.S joue un rôle dans la promotion et la restauration des sentiments associés à sa propre valeur. Les gens avec une E.S importante tendent à attribuer leur échec à un manque d’effort ou à l’adoption d’une stratégie inefficace plutôt que de l’incomber à une faible habileté (Dutton & Brown, 1997 ; Blaine & Crocker, 1993). Ils s’engagent aussi dans un processus de comparaison sociale sélective, se comparant à ceux dont les qualités sont socialement valorisées (Wood, Giordano-Beech, & Ducharme, 1999). Ces personnes contrairement à celles qui possèdent une E.S peu élevée préservent leur sentiment de compétence interne.

Enfin, l’étude de R. Baumeister, D. Tice, & D. Hutton, (1989) révèle qu’une estime de soi élevée est caractéristique des gens qui s’aiment beaucoup (narcissisme) ; une faible estime de soi est caractérisée par des sentiments mitigés ou ambivalents envers soi-même. Dans des cas extrêmes, les personnes qui possèdent une faible estime de soi se détestent, mais ce rejet de soi ne se rencontre normalement que dans des cas pathologiques.

Nous allons étudier le niveau d’estime de soi chez nos jeunes sujets TDA pour appréhender conjointement leur fonctionnement émotionnel et cognitif.

Au regard des études et des conceptions citées précédemment, nous nous attendons à ce que les enfants TDA affichent une faible estime de soi. Ces enfants dépendants du regard d’autrui, cherchant appui sur l’adulte semblent rencontrer des difficultés à s’auto-évaluer.

Cependant, il serait tout aussi probable d’observer une surestimation de son auto-estime liée à des domaines spécifiques comme l’école, les relations sociales, puisque précisément il existe une défaillance au niveau de l’auto-contrôle émotionnel, moteur et cognitif.

Mais ce déficit dans la capacité à évaluer sa valeur et sa compétence propres pourrait résider dans des contextes familiaux à caractère traumatogène.

Le modèle écologique permet de mettre en relation différents processus intra et extra familiaux grâce à différents paradigmes. Il nous permet de comprendre ces processus et de dégager certains points, à savoir des traits comportementaux tels que l’inattention, l’agitation motrice qui se vérifieraient dans certaines familles à risque notamment. Avant de nous pencher sur les caractéristiques cognitives de l’attention et de la mémoire proprement dites, nous choisissons de vous présenter celles des familles dont les enfants présentent des troubles de l’attention au niveau du comportement. Ceci dans le but de contextualiser, d’humaniser le développement atypique mais de plus en plus courant de l’enfant distrait et agité ou tout simplement inattentif.