3.1.2. Facteurs traumatogènes : études longitudinales

R. McGee, M. Prior, S. Williams, D. Smart et A. Sanson (2002) ont étudié les familles avec des enfants TDA et l’avenir de ces enfants. Leurs résultats indiquent une forte association entre une précocité des comportements inattentifs (5-8 ans) et des difficultés scolaires persistantes (problèmes d’attention et de lecture) à l’adolescence. Ils indiquent aussi un lien entre la précocité des difficultés de lecture, la persistance de ces problèmes menant à un abandon du monde scolaire sans qualification. Quant à la configuration familiale, un désavantage socio-économique est souvent présenté comme une variable prédictive de vie ultérieure difficile. Une relation conflictuelle parent-enfant (5-7 ans) prédisposerait à un problème de conduite à 11-15 ans ; une faiblesse d’attention et de lecture à 15 ans ; ainsi qu’à une absence de qualification professionnelle. Par ailleurs, le climat familial inadéquat serait une variable prédictive d’une conduite dépendante (consommation de substances : alcool/cannabis) à 18 ans. Un comportement antisocial précoce (5-7 ans) prédit un abandon du parcours scolaire sans qualification et une faiblesse en lecture. A chaque fois, la variable sexe est significative dans le sens où ce sont les garçons qui rencontrent le plus de problèmes de comportement.

Ces auteurs ont cherché à séparer l’influence d’une inattention précoce de celles des comportements hyperactifs et se sont aperçus qu’un niveau d’inattention élevé à 9-11 ans entraînait des problèmes d’attention et de lecture à 15 ans, alors que cette corrélation n’était pas observée avec les comportements hyperactifs. Ce défaut de corrélation est renforcé par les résultats obtenus par Richman, Stevenson and Graham (1982) qui ont étudié 185 enfants anglais à trois ans, quatre ans et huit ans. En effet, cette équipe n’a pas constaté de corrélation entre un comportement TDA précoce et des difficultés de lecture à huit ans. S. Hinshaw (1992) a suggéré l’idée que l’inattention pouvait davantage résulter d’un déficit cognitif que d’un problème comportemental et pouvait être plus lié à des difficultés en lecture qu’à des composantes comportementales hyperactives. Cette hypothèse est confortée par l’étude de A. Sanson, M. Prior et D. Smart (1996) qui a observé que le comportement agité et les troubles de l’attention étaient impliqués massivement chez les enfants accusant des difficultés de comportement et de lecture.

Une autre étude longitudinale menée par R. McGee, S. Williams, Share, J. Anderson et P.A Silva (1986) sur 436 garçons new-zélandais (de 5ans à 11 ans) suggère que les comportements problématiques précéderaient les difficultés de lecture et que l’échec en lecture serait accentué par ces comportements inadéquats antérieurs. L’étude de McMickael (1979) obtient ces mêmes effets bidirectionnels avec 200 enfants écossais présentant des troubles du comportement et des difficultés en lecture.

Enfin, toujours d’après l’étude de R. McGee et al. (2002), un faible niveau d’estime de soi serait une variable prédictive significative pour une future consommation de substances illicites.

Les résultats de l’étude de A. Sanson, M. Prior et D. Smart menée avec des enfants suivis dès l’âge de la prime enfance jusqu’à six ans et évalués à 7-8 ans indiquent que les garçons en particulier, qui ont montré un tempérament et un comportement difficiles, ont reçu une pauvre relation mère-enfant, une faible stimulation éducative et socio-relationnelle encouraient plus de risques à adopter un comportement problématique précoce suivis de difficultés de lecture plus tard. Cependant, les auteurs ont remarqué, principalement chez les enfants présentant uniquement des problèmes de comportement, que s’ils avaient bénéficié de relations mère-enfant plus riches associées à un étayage environnemental alors ils ne présentaient pas à partir de 5-6 ans de difficultés en lecture, leurs comportements agités restant toujours présents.

Nous remarquons que ces résultats font émerger l’effet d’un processus de résilience chez les enfants qui ont bénéficié de relations primaires suffisamment sécurisantes et étayantes. Cet effet se remarque au moment d’entrer dans les apprentissages.