4.1.1. Caractéristiques de l’attention

4.1.1.1. Fonctionnement cognitif de l’attention

En psychologie cognitive, l’attention sert à optimiser le traitement de l’information ; à le rendre plus efficient. Selon le contexte, l’attention revêt alors plusieurs caractères. Il est habituel dans les recherches contemporaines de résumer les faits qui se réfèrent à l’attention à deux caractères principaux. Le premier, intensif, correspond à l’accroissement de l’activité perceptive, motrice et mentale. Ce caractère concerne la quantité d’informations transmise à partir de l’environnement et utilisée dans le comportement. Le second, sélectif, rend compte de la capacité limitée de transmission de l’information dans l’organisme et nécessite des opérations sélectives (Bloch, 1973).

Le caractère intensif de l’attention fait donc référence à l’attention réflexe de W. James (1890), à l’attention passive et à la réaction d’alerte à laquelle les psychologues associent la réaction d’orientation ou mobilisation énergétique de l’organisme (Richard, 1980). Cette attention passive permettrait une bonne réceptivité non spécifique du système nerveux central aux stimulus et une préparation à des activités spécifiques. En outre, le caractère directionnel et qualitatif de l’attention renvoie à l’attention sélective des expérimentalistes qui se caractérise par son aspect spécifique et qui consiste en une focalisation sur une sphère réceptrice ou effectrice.

En résumé, l’attention passive peut être définie comme involontaire et déterminée par les caractéristiques environnementales (champ perceptif). Elle dépendrait d’un niveau optimum de vigilance, serait mise en jeu automatiquement et de façon illimitée. C’est une attention exogène qui peut être sollicitée sans effort.

En revanche, l’attention sélective, peut être définie comme un état sensoriel dans lequel un organisme porterait volontairement attention à certains aspects de l’environnement tout en inhibant les autres. Cette forme d’attention serait déterminée par l’intérêt et la motivation du sujet. Le maintien de l’information qui dépend par conséquent des motivations du sujet (attention endogène) provoque une sensation d’effort pour résister aux stimuli distracteurs. Selon D. LaBerge (Mialet, 1999), l’attention périphérique servirait à « remarquer » ce que l’attention endogène choisirait de « réaliser » ; la première notifierait les événements inattendus et ne constituerait qu’une focalisation rapide à laquelle la seconde décide ou non de donner suite en maintenant une attention orientée de plus longue durée (dimension dynamique de l’attention). La sensation d’effort correspond à une implication volontaire dans la mobilisation de l’attention et de ce fait n’est pas toujours proportionnelle à la dimension intensive de l’attention. D. Kahneman, cité par J.P Mialet, (1999) fait remarquer qu’un calcul mental simple, même effectué dans des conditions de motivation extrême, sous la contrainte du pistolet, demandera toujours moins d’effort d’attention que la résolution d’un problème complexe.

La notion de sélection inhérente au concept d’attention sélective, suppose que le sujet se prépare (préparations perceptive, motrice, temporelle) à traiter une information plutôt qu’une autre, ce qui a pour conséquences une amélioration du traitement de l’information sélectionnée, mais aussi la perte définitive de l’information ignorée, donc une capacité limitée de traitement (Mialet, 1999).

J.P Mialet (1999) met en garde le lecteur sur le double aspect de l’attention qui est un domaine d’étude autant qu’un concept. On retrouve souvent deux aspects de l’attention avec des dénominations variables selon le domaine d’étude : attention contrôlée et attention automatique ; attention endogène et exogène ; détection et attention soutenue, attention dirigée par les objectifs et dirigée par les données, bottom-up et top-down, explicite et implicite… Cependant, ce double aspect n’est que relatif puisque le processus d’orientation exogène de l’attention est nécessaire pour traiter des nouveaux événements en rehaussant la discrimination perceptive de l’objet attendu (Nakayama et Mackeben, 1989) et en inhibant une réorientation vers un objet déjà perçu. L’orientation endogène de l’attention devrait permettre de maintenir la direction de l’attention sur un objet malgré la présence de distracteurs dans l’environnement (LaBerge, Auclair et Siéroff, 2000). Nous retrouvons cette dichotomie dans le domaine de la neurobiologie dont la conception permet également de rendre compte des différentes formes de l’attention. M. Posner et S. Peterson, (1990) proposent un double réseau attentionnel formé par lesystème antérieur frontal qui correspond à la focalisation et le système postérieur, pariéto-occipital qui participe à l’orientation.

Ainsi, l’attention suppose un certain niveau de vigilance entre la veille diffuse et l’hyper-excitation. Elle peut donc être définie comme une « hauteur de veille » particulière sur l’échelle intensive des comportements dont l’apparition implique l’activation d’une structure nerveuse, la formation réticulée activatrice du tronc cérébral. Dans cette perspective, une activation excessive en provoquant une trop forte élévation de l’éveil cortical (état d’agitation), pourrait provoquer la suppression du comportement attentif ; c’est ce qui se passe dans le syndrome d’attention déficitaire qui se caractérise par une hyperactivité du sujet (Eliott, 1995).

Durant la dernière décennie, les techniques d’imagerie cérébrale ont révélé les substrats physiques des processus mentaux.