5.1.1. Tâches sollicitant la mémoire de travail

Il est nécessaire de distinguer les tâches qui sollicitent la mémoire de travail des tâches qui sollicitent la mémoire à court terme. Les premières nécessitent une transformation des données et les secondes demandent un simple rappel des informations.

La MDT est définie comme un système dynamique avec des capacités de traitement et de stockage de l’information (Baddeley, 1986 ; Just et Carpenter, 1992). Par exemple, les séries de mots ou de chiffres à rappeler sont des mesures qui exploitent uniquement la capacité de stockage passive de la MCT. Ces épreuves ont été remplacées par des épreuves plus complexes, comme celles proposées par M. Daneman et P. Carpenter en 1980 (reading span) et par M. Turner et R. Engle en 1989 (Operation span). Ce remplacement provient des issues de certaines recherches qui n’ont pas démontré de corrélation entre les tâches traditionnelles mesurant l’empan mnésique (MCT) et les performances obtenues à des tâches cognitives complexes. Dans ce cas, la mémoire à court terme a alors été considérée comme un buffer de stockage passif et elle a été supplantée par la théorie de la Mémoire de Travail (MDT).

Ainsi, ces tâches plus complexes exploitent à la fois le traitement et le stockage temporaire de la mémoire de travail.

Pour comprendre la différence entre des tâches d’empan mnésique simple et complexe, M. Daneman et P. Carpenter (1980) ont proposé une tâche complexe exigeant de la part du sujet de lire des séries de phrases et de retenir simultanément le dernier mot de chaque phrase pour les restituer à la fin de chaque série. Celle de M. Turner et R. Engle (1989) exige de la part du sujet de se rappeler les mots tout en résolvant de simples calculs arithmétiques. Une variation de cette tâche consiste à présenter à l’enfant des ensembles de 5 séries d’opérations à vérifier, accompagnées d’un mot à la fin, exemple :

(2 x 3) + 2 = 5 ? DOG

Chaque ensemble contient de 2 à 6 opérations qui apparaissent l’une après l’autre au centre de l’écran de l’ordinateur. Le sujet doit lire chaque opération à voix haute, vérifier toujours à voix haute si la réponse est correcte et ensuite lit et dit le mot qui suit l’opération. A la fin de chaque série, le sujet doit rappeler chronologiquement par écrit les mots lus précédemment. L’empan est calculé en faisant la somme des mots correctement rappelés dans chaque série, (Rosen et Engle, 1997).

Certains chercheurs (Brainerd et Kingma, 1984 ; Case, Kurland et Goldberg, 1982 ; Greeno, 1973) pensent par conséquent que la MCT n’est qu’un lieu de stockage passif alors que la MDT doit non seulement maintenir les informations mais aussi les traiter (Mayer, 1981 ; Eustache, Lechevalier et Vaider, 1996). D’autres envisagent la MDT comme une partie active de la MLT ou affirment que la MCT et la MDT sont spécialisées dans des domaines différents et que ce qui caractérise la MCT est une spécialisation dans le rappel ordonné (Klapp et al. 1983). D’autres encore réduisent la MCT aux informations accédant à la conscience (Stern, 1985 ; Eustache et al. 1996).

Pour répondre aux auteurs qui mesurent cette mémoire en ne tenant compte que du modèle théorique mais pas suffisamment des caractéristiques individuelles des sujets ; nous considérons pour notre part, qu’une tâche sollicite la mémoire de travail à partir du moment où l’enfant appréhende cette épreuve comme complexe et exige de sa part un effort mental soutenu. L’attention consciente est par conséquent mobilisée.