5.3. Approche neurocognitive de l’attention

L’encodage est lié à l’activation des régions pré-frontales gauches (Tulving Markowitsch, 1997), la tentative de récupération de l’information aux régions préfrontales droites. La récupération de la trace mnésique, quant à elle, est liée au système du lobe temporal médian (MLT) qui inclut l’hippocampe. Concernant la récupération de l’information, F. Castellanos et coll. (1996) ont constaté que le volume du caudate dans la région frontale antérieure chez les garçons TDA/H est plus petit dans sa partie droite que celui observé chez les enfants ne présentant pas ces troubles alors que chez les filles, on observe un volume inférieur mais surtout à gauche. Des particularités sont également observées dans les régions intermédiaires chez les enfants TDA/H. En effet, M. Kinsbourne et de Quiros (Kinsbourne, 1998) qui ont mené des études neuropsychologiques sur un échantillon important de la population n’ont rencontré que des signes neurologiques légers dans les deux aires cérébrales chez les sujets hyperactifs/impulsifs et chez les sujets inattentifs. Leurs résultats confortent l’hypothèse d’un hypofonctionnement dans la région mésolimbique-orbitofrontale qui est une structure bilatérale. Leurs conclusions ne confortent pas l’hypothèse d’une corrélation entre le comportement impulsif et un déficit dans le lobe gauche et d’une corrélation entre un comportement inattentif et un dysfonctionnement du cortex cérébral droit. Ils interprètent leurs résultats comme des expressions alternatives à un même dysfonctionnement neurobiologique.

Dans cette perspective, nous pouvons nous attendre à rencontrer dans notre étude plus d’enfants qui présentent un trouble déficitaire de l’attention de type combiné, c’est-à-dire à la fois impulsif et inattentif. Il est d’ailleurs étonnant que la majorité des études menées sur les troubles de l’attention ne recourent qu’à des garçons hyperactifs.

L. Seidman, (1998) propose un pattern qui montre que les déficits au niveau des performances obtenues à des tâches variées sont rencontrés aussi bien chez les enfants et les adolescents (Seidman et al. 1997a) que chez les adultes (Seidman et al. 1998) avec TDA/H. Ces tâches mesurent la vigilance, l’attention soutenue, l’inhibition motrice, les fonctions exécutives comme l’organisation et la complexité d’une résolution de problème ainsi que l’apprentissage verbal et la mémoire (Barkley, et al. 1992 ; Pennington et Ozonoff, 1996 ; Seidman et al. 1995a)

Comme nous l’avons vu dans le chapitre relatif au développement de l’attention, ce pattern observé pour des déficits de la fonction exécutive attentionnelle est semblable à celui des adultes qui souffrent d’une lésion cérébrale acquise au niveau du lobe frontal. Ceci soutient généralement l’hypothèse que le Trouble Déficitaire de l’Attention avec Hyperactivité peut être un désordre cérébral affectant le cortex frontal ou les régions se projetant sur le cortex frontal. Ces régions incluent le cortex pariétal postérieur, le cingulate antérieur, le thalamus, le striatum, l’hippocampe. Les études comportementales ont d’ailleurs souligné les opérations mentales complexes qui interviennent dans le processus attentionnel, notamment les opérations d’engagement, de désengagement, de focalisation soutenue ou divisée et d’encodage des propriétés des stimuli (Posner et Peterson, 1990). Ainsi des dysfonctions exécutives peuvent impliquer des difficultés à soutenir un effort et à initier une action. La déshinibition et la distractivité peuvent aussi se produire. Dans les deux cas, on peut retrouver des désordres attentionnels associés à des problèmes d’inhibition comme l’expression de comportements inappropriés, de même que des tendances persévératrices en terme d’engagement et de désengagement, une incapacité à tenir compte de la rétroaction en provenance de l’environnement, et un dysfonctionnement dans la planification d’une action autonome. Les dommages frontaux corticaux et sous-corticaux ont un impact sur trois grandes habiletés : l’autorégulation, l’utilisation des ressources attentionnelles et l’aptitude à agir à partir d’une connaissance (Mateer et Willems, 1991). L’intégration des habitudes et des procédures sous forme de pensée déclarative, constituerait alors une méta-représentation, permettant la communication entre les mondes intérieur et extérieur (Dennis, 1991).

Les effets des traumatismes cérébraux engendrent des changements marqués de l’attention et de la production académique, de l’irritabilité, de la distractivité et des problèmes sociaux ; ceci, même en l’absence de dysfonctions perceptives, linguistiques, voire intellectuelles. Les déficits tendent à s’entrecroiser avec les changements dans les exigences de l’environnement, de la famille et du milieu scolaire. La surface du cortex préfrontal et dorsolatéral serait davantage responsable des troubles cognitifs et comportementaux, en incluant l’attention, alors que les régions médiane et ventrale de ces structures auraient un rôle à jouer dans les fonctions affectives et motivationnelles, de même que dans les mécanismes d’inhibition. Si les atteintes corticales affectent les mécanismes de régulation de l’activité, mais non la vigilance, les lésions de la formation réticulaire perturbent le niveau d’éveil et de vigilance nécessaire à l’attention dirigée, aux contrôles internes et à la mémoire de travail (Dennis, 1991).

Comme nous pouvons le constater, le concept de l’attention est construit sur la base de théories multiples et de plusieurs métaphores qui apparaissent essentielles à la psychologie cognitive de l’attention.

Depuis plus de quarante ans, les thèmes majeurs de la recherche sur l’attention ont été définis par trois thèmes nous permettant de récapituler une partie des définitions précédemment explorées.

Commençons par le thème du filtre attentionnel qui concerne les stimuli auditifs en nous interrogeant sur ses propriétés, comme son emplacement, le nombre d’informations filtrées et l’action de l’attention (inhibibition de l’information non attendue ou amorce de l’information attendue).