6.3.3. Capacité de stockage limitée : mémoire de travail à long terme

K. Ericsson et W. Kintsch ne partagent pas pour autant la conception de N. Cowan. Pour eux, il est improbable qu’une capacité limitée de stockage, située uniquement en mémoire à court terme et formant au plus quatre catégories indépendantes, puisse exister sans tenir compte d’autres variables associatives. Ces variables permettent d’encoder et d’intégrer les informations qui nous entourent de façon à former des indices qui facilitent leur récupération. Dans leur modèle ils introduisent un deuxième mécanisme complémentaire : « Mémoire de Travail à Long Terme » (MDTLT). Ce mécanisme s’appuie sur l’utilisation experte du stockage en mémoire à long terme. Il s’agit d’une création d’indices (stockés en MCT) associés aux informations encodées et stockées en MLT qui facilitera leur récupération. Une association directe est ainsi construite entre l’information encodée en MLT et l’indice de récupération. Ceci permet d’alléger et d’optimiser le travail en mémoire à court terme. Les auteurs ont rajouté dans leur modèle une autre structure plus élaborée dans laquelle les éléments sont directement liés par des relations sémantiques qui faciliteront l’intégration de nouvelles informations sans interférences proactives. Ainsi, K. Ericsson et W. Kintsch montrent la capacité des individus à générer des associations entre différentes catégories d’informations et à construire de nouvelles structures intégrées en MLT. D’après eux, si les sujets experts peuvent encoder des relations virtuelles entre toutes les catégories d’informations, alors le concept de catégories d’information indépendantes est caduque. Ils ne conçoivent pas, à l’instar de N. Cowan, la possibilité de restreindre le rappel des catégories d’information exclusivement à la MCT, éliminant le stockage en MLT.

Par ailleurs, la position de N. Cowan révèle l’absence d’interférence entre l’encodage et le stockage des données étant donné que le focus attentionnel est soit impliqué dans le stockage soit dans l’encodage, mais pas simultanément dans les deux traitements. Ainsi, ces deux traitements sont distincts. Autrement dit, la récupération de données en MCT activée dans une portion de la mémoire à long terme peut se maintenir pendant que d’autres informations sont stockées dans le focus attentionnel.