9.3.2. Fonctionnement cognitif/neuropsychologique

J. Sargeant et C. Scholten (1985a, 1985b) ont examiné la performance attentionnelle de huit enfants hyperactifs, de huit enfants TDA sans hyperactivité et de huit enfants contrôles avec une tâche mesurant une rapidité élevée de recherche visuelle. Les performances obtenues montrent une nette lenteur associée à une plus faible précision chez les enfants hyperactifs, tandis que les enfants TDA sans Hyperactivité se différencient des enfants contrôles uniquement au niveau du seuil de recherche qui est plus lent mais non au niveau du score d’exactitude. Dans une seconde étude, J. Sargeant et C. Scholten (1985b) ont manipulé les consignes sur la tâche de recherche visuelle soulignant soit la rapidité, soit l’exactitude ou les deux. Cette deuxième expérience réitère les résultats obtenus dans la précédente. Les enfants hyperactifs sont plus lents que les deux autres groupes dans toutes les conditions ; cependant l’exactitude des réponses ne différencie pas les trois groupes. Seuls les enfants TDA sans hyperactivité et les enfants contrôles ajustent leur vitesse d’exécution lorsque la consigne le demande alors que les enfants hyperactifs opèrent encore plus lentement que dans la conditon sans consigne. Ces auteurs avancent l’idée que ces derniers montrent des déficits dans l’allocation des ressources puisqu’ils sont moins capables que les enfants des deux autres groupes à changer de stratégies pour s’adapter aux nouvelles demandes. Pour notre part, nous interprétons ce manque d’adaptation rapide par une difficulté à déplacer et focaliser son attention dans le traitement ciblé des consignes. Les enfants TDA sans hyperactivité et les enfants contrôles ont des comportements conformes au modèle « latences courtes associées aux erreurs et latences longues associées à une réponse exacte » tandis que les hyperactifs répondent de façon labile. Leurs erreurs peuvent être dues à une rapidité d’exécution ou à des temps de latences plus longs.

L. Carlson et coll. (1986) ont administré une batterie de tests cognitifs aux enfants avec TDA sans Hyperactivité, TDA avec Hyperactivité et des enfants sans ces troubles attentionnels. Parmi les tests figuraient un test mesurant l’intégration visuo-motrice, un autre mesurant l’effet Stroop, une tâche de dénomination rapide et des mesures de l’expression orale, des acquisitions scolaires et d’intelligence. Les enfants TDA montrent des déficits par rapport aux enfants du groupe contrôle, mais des différences apparaissent aussi entre les TDA, notamment dans la batterie de tests évaluant l’intelligence, le WISC.R (échelle de Wechsler). Les enfants TDA avec Hyperactivité obtiennent un QI Total et un QI Verbal significativement inférieurs à ceux obtenus par les enfants TDA sans Hyperactivité.

R. Conte, M. Kinsbourne, J. Swanson ; H. zirk et M. Samuels (1986) cités par B. Lahey et C. Carlson (1991) ont administré le test d’appariement des figures familières parmi d’autres aux huit enfants de chaque groupe (TDA avec H et TDA sans H). Ces enfants ont été évalués comme ayant des problèmes d’apprentissage et ont été diagnostiqués à partir du questionnaire comportemental scolaire de Conners et à partir des critères du DSM.III. Un autre groupe était composé d’enfants ne présentant pas ce trouble. Dans cette étude, les enfants TDA sans Hyperactivité montrent des temps de latences significativement plus courts que les enfants avec une Hyperactivité ou que les enfants du groupe contrôle. Ils font également nettement plus d’erreurs que les enfants contrôles. Ces résultats prétendent que les enfants TDA sans Hyperactivité sont plus impulsifs que les enfants avec Hyperactivité. Ces auteurs précisent que les scores de latence de ces deux groupes se situent dans la moyenne. Nous restons sceptiques à la conclusion de ces résultats, d’autant plus que l’effectif de chaque groupe est très restreint (n = 8)

Y. Frank et Y. Ben-Nun (1988) ont comparé 21 enfants avec TDA et Hyperactivité et 11 enfants avec TDA sans Hyperactivité à l’aide d’une batterie de tests neurologiques et neuropsychologiques. Ces enfants ont été choisis sur la base des questionnaires de Conners (version maison et école), les rapports des enseignants, les rapports des psychologues scolaires et le diagnostic posé par les médecins d’une clinique neuropédiatrique. Les résultats indiquent que les deux groupes obtiennent des scores significativement bas aux tâches mesurant la perception visuelle, aux tâches mesurant les séquences mnésiques visuelle et auditive, en lecture et écriture. Les enfants hyperactifs montrent plus de difficultés que les enfants simplement distractibles en perception visuelle, en mémoire visuelle séquentielle et en écriture.

E. Schaughency, B. Lahey, G. Hynd, P. Stone, J. Piacentini et P. Frick (1989) ont comparé les enfants TDA avec Hyperactivité et les enfants TDA sans hyperactivité et des enfants contrôles à une batterie de tests neuropsychologiques (Luria-Nebraska, LNNB-CR) et n’ont trouvé aucune différence. R. Barkley, G. Grodzinsky et G. DuPaul (1992) précisent que cette batterie ne possède pas d’échelles mesurant spécifiquement les fonctions exécutives du lobe frontal. Cette anomalie explique les résultats trouvés.

R. Barkley (1997) a aussi trouvé des différences significatives entre les hyperactifs et les inattentifs au moyen de tâches cognitives. Les sujets inattentifs ont plus de problèmes dans les tâches qui demandent une perception motrice temporelle, mais ne rencontrent pas de difficultés dans les tâches de vigilance au niveau de l’attention maintenue ou de l’impulsivité. A l’opposé, les sujets hyperactifs ne montrent aucun déficit pour la tâche de perception motrice temporelle, mais leurs réponses sont impulsives et ils rencontrent des difficultés dans des tâches neuropsychologiques sensibles au fonctionnement du lobe frontal.