12.1.2.6. Relations sociales de la famille TDA

Nous avons étudié cette variable à partir des génogrammes construits par une partie des enfants TDA. En effet, l’intérêt de la médiation de cet outil nous est apparu au cours de la recherche. Le génogramme n’a pu être introduit dans le plan expérimental qu’en dernière étape. C’est pour cette raison que notre analyse se limite aux productions des enfants du groupe TDA. Par ailleurs, vu la lourdeur du dispositif expérimental pour une personne, nous manquons malheureusement de données concernant les relations élargies aux amis et connaissances. Toutefois, nous faisons remarquer que ces familles restent, pour presque la totalité d’entre elles, confinées dans leur quartier résidentiel.

TableauVII : Cercle relationnel de la famille
TableauVII : Cercle relationnel de la famille
Figure 15 : Cercle Relationnel de la famille, limité au noyau ou élargi à la famille (grand-parent, tante et oncle, cousin et cousine).
Figure 15 : Cercle Relationnel de la famille, limité au noyau ou élargi à la famille (grand-parent, tante et oncle, cousin et cousine).

Ces résultats montrent que pour les familles composées par les ou le parent(s) d’enfant TDA, 49 % fréquentent un autre membre de la famille et 36 % se limitent à leur noyau. Nous observons par conséquent, que presque la moitié bénéficie d’une enveloppe protectrice familiale tandis qu’à peu près un tiers se trouve dans une situation sans contenant. (Nous vous invitons à vous reporter au chapitre 16 concernant les études de cas pour avoir un aperçu du mode de vie des familles qui ont participé à notre étude). Or, S. Crockenberg et K. Mc Cluskey (1986) considèrent qu’une mère sans soutien social n’est plus suffisamment disponible pour son enfant ; la qualité d’attachement à la mère de ce dernier risque davantage d’en souffrir. Pour A. Sroufe, cette qualité dépend des conditions de vie de la mère. Si ces conditions se détériorent, la mère devient plus insensible à son enfant (l’attachement devient plus insécurisé) parce qu’elle est préoccupée par ses problèmes personnels (Sroufe, 1979). Dans la même perspective, des recherches (Martin et Martin, 1978 ; Harisson et al. 1990) sur les familles d’origines ethniques minoritaires révèlent que certaines d’entre elles développent des stratégies adaptatives au niveau des comportements sociaux sans modifier leur personnalité (Devos, 1982). En revanche, d’autres familles, notamment hispano et noire américaines rencontrent plus de difficultés d’adaptation sociale lorsqu’elles restent monoparentales et s’entourent moins que les familles recomposées. Ces dernières sont guidées par une figure dominante qui sert de référence et favorise les aides mutuelles. Nous retrouvons ce rôle de tuteur mais aussi organisateur dans les familles asiatiques vivant aux Etats-Unis (Harrison et al. 1990). Ainsi, les comportements familiaux et sociaux dépendent d’une estime sauvegardée envers les statuts et rôles hiérarchiques en dépit d’un processus d’acculturation. Nous pouvons considérer que les familles monoparentales qui vivent en autarcie rencontrent plus de difficultés à préserver une image valorisante. Cette difficulté s’accroît voire se stigmatise lorsque l’enfant TDA entretient une relation discontinue avec ses parents par son comportement instable et pénible ou au contraire « rêveur ». En effet, aucun processus d’autorégulation ne peut se mettre en place dans ces relations juxtaposées. Les parents, tout comme leurs enfants en arrivent à la quasi impossibilité de communiquer, faute de représentations et de réflexions communes.

Bien évidemment, ces résultats ne peuvent certifier la réalité de ces familles qui peut fluctuer d’un moment à un autre (évolution, stagnation, régression). Nous aurions besoin de plus de sujets pour obtenir un tableau descriptif plus précis. Néanmoins, nous continuons notre investigation, en prenant appui sur les témoignages des parents afin d’observer la qualité de l’atmosphère familiale autour de l’enfant à naître ou déjà né, qui présentera des troubles de l’attention.