12.3.1.3. Analyse des résultats pour déterminer l’impact du style cognitif dépendant-indépendant à l’égard du champ chez les deux groupes indépendants.

L’analyse de la variance pour l’ensemble des facteurs, Groupe [TDA vs Contrôle] X Sexe [Garçon vs Fille] X 3 subtests [« Reconnaissance de Formes » vs « Triangles » vs « Mémoire Spatiale »] avec mesures répétées sur le dernier facteur révèle trois effets principaux, Groupe, Sexe et Subtests.

L’effet Groupe avec F (1,62) =15,644 ; P < .000199. Le groupe TDA (M = 8,283) est moins performant que le groupe Contrôle (M = 10,289) à p < .000146.

Les enfants du groupe Contrôle sont donc davantage indépendants à l’égard du champ que les enfants du groupe TDA.

L’effet Sexe avec F (1,62) = 4,368 ; p < .040717. Les garçons (M = 9,816) sont plus performants que les filles (M = 8,756) à p < .040717.

Les filles seraient davantage dépendantes à l’égard du champ que les garçons.

L’effet Subtests avec F (2,124) = 4,480 ; p < .013218.

Le subtest « Mémoire Spatiale » obtient un score significativement supérieur au subtest « Triangles » à p < .002699.

« Reconnaissance de Formes » et « M.Spatiales » sont deux subtests qui ne se distinguent pas.

Il semblerait qu’il soit plus difficile de se détacher du champ perceptif lorsqu’une coordination visuo-motrice est sollicitée comme dans le subtest « Triangles ».

Analysons maintenant ce qui se passe à l’intérieur de chaque groupe.

• Comparaison intra groupes.
• • Chez les garçons et filles TDA ainsi que chez les filles Contrôles, les résultats obtenus à chacun des trois subtests influençables par le style dépendant-indépendant du champ sont homogènes.
  • En revanche chez les garçons Contrôles*, nous observons une nette supériorité pour le subtest « Mémoire Spatiale » par rapport au subtest «Triangles » à p =. 0005.

• Comparaison inter groupes.
• • Nous remarquons que les garçons TDA obtiennent des scores qui ne se distinguent pas de ceux des filles du Groupe Contrôle.
  • Les filles TDA n’obtiennent qu’une différence significative au subtest « Reconnaissance formes » par rapport aux filles Contrôles, à p = .0479.
  • Les filles Contrôles n’obtiennent qu’une différence significative au subtest « Mémoire Spatiale » par rapport aux garçons Contrôles, à p < .0003739.
  • Les scores obtenus par les garçons TDA aux subtests « R. de Formes », « Triangles », « M. Spatiale » sont inférieurs aux scores des garçons Contrôles, respectivement à p < .011988 ; p < .003072 ; p < .000016.
  • Les scores obtenus par les filles TDA aux subtests « R. de Formes », « Triangles », « M. Spatiale » sont inférieurs aux scores des garçons Contrôles, respectivement à p < .000606 ; P < .001730 ; P < .000044.

Nous pouvons par conséquent émettre l’idée d’une dépendance à l’égard du champ plus accentuée chez les enfants TDA. D’un côté, toujours pour ces enfants, ces résultats vont dans le sens d’une plus grande difficulté rencontrée dans la gestion flexible de différentes résolutions de problèmes ainsi que d’une plus grande difficulté d’organisation. D’un autre côté, les résultats que nous obtenons au K. ABC ne confirment pas ceux des auteurs qui envisagent un traitement simultané plus fréquemment utilisé par les enfants distraits du fait de leur impulsivité, A. Kaufman et N. Kaufman (1993) et de leur défaillance au niveau du langage intérieur, A. Robitaille (1990) notamment. En effet, les filles TDA offrent un style cognitif séquentiel et les garçons TDA, un style cognitif homogène à l’instar des enfants du groupe Contrôle. Seul le rendement au niveau des performances marque la différence entre ces deux groupes. Cette différence pourrait s’expliquer par un défaut de maturité cognitive. D’ailleurs cette idée est avancée par A. Robitaille (1990, p.123-124) lorsqu’il écrit que chez l’enfant avec des troubles de l’attention, il existe des affects et des tensions impulsives qui ne sont pas suffisamment conscientisées par un processus de représentation interne, processus qui se fera par le langage intérieur. Il emploie le temps du futur pour souligner le fait que chez cet enfant, le psychisme n’est pas encore suffisamment évolué pour approcher un processus cognitif simultané plus élaboré. Pour cet auteur, ce type d’enfant traite certes les données de manière simultanée mais avec des affects magiques et des projections primitives. Il associe ce fonctionnement cognitif au stade de développement qui correspond à l’oralité et rapporte le fonctionnement séquentiel au stade de l’analité et de la névrose obsessionnelle où la capacité de synthèse est diminuée. Ainsi, nos résultats ne s’opposent pas franchement aux conceptions de ces auteurs, mais ils rejettent l’idée largement avancée dans la littérature de présenter les enfants TDA en tant qu’enfants privilégiant un mode de traitement cognitif simultané.