13.4.3. Charge mentale : Rôles de la taille de l’empan mnésique et de la MDT

L’hypothèse d’une surcharge cognitive est ainsi expliquée par un empan mnésique moins élevé et par une mémoire de travail plus rapidement saturée chez les enfants qui présentent des troubles de l’attention que chez les enfants Contrôles. En effet, l’allongement de ce temps qui est consacré à la résolution d’une autre tâche simple, tout en maintenant en mémoire une série d’items ordonnée, perturbe ce maintien actif des données. A cet effet, le modèle de D. Kahneman (1973) permet de mieux cerner le phénomène de charge mentale. En effet, en situation partagée les ressources cognitives sont distribuées simultanément entre plusieurs sources d’informations. La charge mentale peut rester suffisamment disponible pour la résolution de tâches simples qui ne mobilisent pas entièrement la capacité de la Mémoire de Travail. Ainsi, les enfants Contrôles ont une MDT qui est capable de stocker les séries d’items organisées tout en traitant une tâche concurrente simple. En revanche, cette allocation de ressources attentionnelles dysfonctionne vite pour les enfants TDA, qui bien que bons lecteurs, restent dépendants des items chiffres plus rapidement encodés. A cet égard, nous constatons que la charge mentale de ces derniers est également tributaire du processus décisionnel. En effet, les mécanismes inhibiteurs (orientation et saisie des informations pertinentes) des enfants TDA diffère dans leur fonctionnement de ceux des enfants Contrôles (voir chapitre 7.2 Modèles d’attention visuelle).

De ce fait, les scores des sujets TDA significativement inférieurs aux scores des sujets de l’autre groupe révèlent un traitement sélectif et restrictif de l’information. Ce traitement permet au contrôle attentionnel médiatisé par l’administrateur central (Modèle de Baddeley, 1986) de ne pas être surchargé respectant sa capacité réduite en ressources attentionnelles dans la gestion de deux tâches, principale et secondaire. Mais ce traitement s’avère peu efficace car transitoire. A l’opposé, les sujets contrôles sont capables de gérer aisément ces deux tâches grâce à une plus grande efficience de leur administrateur central.

Toutefois, nous ne savons pas si l’empan mnésique de la MDT est une mesure concernant la capacité de stockage et de traitement ou la stratégie d’encodage et de récupération. Apparemment, les enfants contrôles et dans une moindre mesure, les filles TDA sont capables de mieux contrôler les répétitions des suites de mots ou de chiffres et d’élaborer des stratégies d’organisaton de ces items pour faciliter leur rappel ultérieur. Leur MDT possède donc une capacité de traitement, de stockage et d’attention contrôlée suffisante. Nous remarquons cette efficacité avec une tâche concurrente simple et familière. En revanche, les garçons TDA utilisent des processus automatiques (associés à une attention exogène). Les travaux de V. Rosen et R. Engle (1997) vont dans ce sens et révèlent que les sujets à faible empan mnésique présentent plus d’associations linéaires entre les items produits alors que les sujets à fort empan mnésique produisent plus de catégories différentes aux tâches de fluence verbale. Ainsi, les stratégies de récupération sont différentes.

Il semblerait par conséquent, que les stratégies de récupération des items soient dépendantes de la création des indices au moment de l’encodage. Cette création est également sous le contrôle de la capacité de l’administrateur central et de ses ressources attentionnelles. Si ces capacités sont dépassées car impliquées dans des stratégies non efficaces alors le rappel en subit les conséquences. C’est le cas des enfants TDA.