16.3.2. Analyse cognitive des résultats

Les résultats de Michel sont homogènes. Tout comme son frère, la correspondance de ses résultats avec l’âge de développement le situe à 8 ans 4 jours pour les processus mentaux composites et à 8 ans 10 mois et 24 jours pour les subtests de connaissances. L’ensemble des performances correspond à un âge de développement de 8 ans 4 mois et 7 jours alors que Michel a 11 ans. Nous pouvons avancer l’idée que cet enfant accuse un retard de développement intellectuel de plus de 2 ans. Nous pouvons incomber ce retard à la prématurité de l’enfant (2 mois).

Michel a obtenu un score significativement plus élevé pour le subtest “ Reconnaissance de formes “ (échelle des processus simultanés) par rapport aux scores des autres subtests de processus mentaux. Ce résultat révèle chez cet enfant une capacité à synthétiser un ensemble d’informations perceptives qui est conforme à son âge. Cette capacité de synthèse et donc d’analyse se repère dans les subtests “ Triangle “, “ Matrices analogiques “ dont les performances respectives sont 7 (8 ans d’âge de développement) et 5 (7, 3 d’âge de développement). Or, au vu de ces résultats, nous aurions tendance à constater un déficit au niveau de la capacité de synthèse chez cet enfant. Mais en y regardant de plus près, nous nous apercevons que Michel perd trop de temps à assembler les triangles pour construire la figure présentée (de 2 minutes 35 à 3 minutes alors que le temps limite est de 2 minutes). D’autre part, il n’utilise qu’une main pour manipuler les triangles tandis que l’autre lui sert d’accoudoir. En ce qui concerne le subtest ″ matrices analogiques ″, son comportement se révèle alors impulsif. En effet, Michel trouve les pièces manquantes mais les oriente mal sur le tableau (6 mauvaises orientations sur les 9 réponses erronées).

Il apparaît d’après les scores obtenus aux subtests de l’échelle séquentielle que Michel rencontre des difficultés à organiser et à retenir une série d’items verbaux (Mémoire immédiate de chiffres : 6), (Suite de mots : 5) et d’items visuo-moteurs (Mouvements de main : 6). Ceci pourrait refléter un problème d’attention pour organiser ces séries et aussi un problème de charge cognitive dans le traitement de plusieurs informations comme c’est le cas pour le subtest “ Mouvements de main ” qui demande à l’enfant d’être attentif visuellement aux mouvements de mains de l’adulte de façon à se les approprier pour les reproduire dans l’ordre devant l’examinateur. Concernant la capacité attentionnelle aussi bien dans l’organisation des séries d’items perçus auditivement et visuellement (Suite de mots) que dans la récupération ordonnée de ces données, il semble y avoir un dysfonctionnement de gestion cognitive.La mémoire à court terme de cet enfant semble assez limitée puisque la performance obtenue à “ Mémoire immédiate des chiffres ” le classe 91 sur 100 dans la population générale de son âge, celle obtenue à “ Suite de mots ” le classe 95 sur 100.

Cette difficulté de restitution et par conséquent de mémoire se retrouve dans le subtest “Mémoire Spatiale” dont le score (5) le situe également à la 95ème place sur 100. Ce subtest exige une capacité de structuration spatiale des informations ainsi qu’une flexibilité c’est-à-dire une habileté à s’adapter rapidement à toute modification du contexte (accroissement du nombre d’items à encoder et changement du nombre de cases de la grille). Nous retrouvons cette faiblesse mnésique dans la reproduction de mémoire de la figure complexe de Rey. Michel a adopté une stratégie de contour, mais n’a pas pu ou n’a pas eu le temps d’organiser de manière structurelle les éléments géométriques constituant cette figure complexe. La copie de celle-ci a été réalisée en 5 minutes et son élaboration s’est effectuée selon le principe de proche en proche. Cette réalisation correspond au type de copie IV d’après P.A.Osterrieth, c’est-à-dire à 45 % d’enfants âgés de 10 à 11 ans et 70 % chez les 8 ans. Cependant Michel a modifié son type d’élaboration dans la reproduction de la figure de mémoire, révélant le type III, qui se traduit par la réalisation du contour intégral de la figure sans en différencier explicitement le rectangle central. Ce type obtient sa fréquence maximum (35 %) chez les enfants de 10 ans pour devenir négligeable à l’âge adulte. Ainsi, Michel a changé son processus d’élaboration, il l’a même amélioré. Cependant, la pauvreté de la qualité de la production laisse présager un défaut mnésique associé à un problème d’organisation structurelle.

Concernant l’échelle de connaissances, l’enfant a rencontré des difficultés pour le subtest ”Arithmétique” en partie parce qu’il ne maîtrisait pas sa table de multiplication. Les autres scores montrent une capacité de raisonnement assez moyenne (8,9 ans d’âge de développement) qui correspond à son mode de fonctionnement d’un enfant de deux ans plus jeune. Ceci se vérifie pour le subtest des processus simultanés “ Séries de photos ” et “ Lecture et compréhension ” dans les connaissances. Celui de “Lecture et déchiffrement” révèle l’effet bénéfique d’une rééducation orthophonique (10,3 d’âge de développement).