16.4.4. Analyse synthétique des différentes données

Rhumaïssa possède un caractère fort et n’hésite pas à outrepasser les limites pour avancer et obtenir ce qu’elle désire. Elle ne supporte pas la frustration. Sa mère semble rester dans la dénégation. Elle prétend que sa fille est difficile mais en même temps qu’elle s’occupe bien de son petit frère et de sa petite sœur. En fait, elle doit compter sur Rhumaïssa lorsqu’elle s’absente pour son travail ou pour régler des affaires au pays. Ce qui est étrange c’est que la fille aînée âgée de 18 ans n’apparaît pas dans le discours maternel ni même dans celui de Rhumaïssa. Nous pensons, que grâce à unes estime de soi suffisamment élevée et à une confiance presque « obligée » de la mère à son égard, cette enfant dispose de ressources affectives et cognitives suffisantes pour affronter les difficultés. Néanmoins, le développement cognitif tributaire de l’aspect émotionnel (impulsivité) risque d’être entravé si cette enfant ne trouve pas un objet à investir pour s’exprimer de façon valorisante. Nous constatons également que ce développement doit gagner en opérativité. En effet, nous avons observé d’après les données obtenues au K.ABC et à la FCR que cette enfant reste trop dépendante des stimuli visuels sans pouvoir les organiser correctement lorsqu’elle doit répondre dans l’immédiat. Un délai plus important que la normale lui est nécessaire pour structurer ses données, en particulier si celles-ci sont d’ordre logico-mathématiques et abstraites. Cet encodage qui nécessite une réorganisation pour donner du sens semble la mettre en difficulté. Nous pouvons penser que cette difficulté pose la question de la permanence de l’objet interne. En effet, Rhumaïssa est capable de construire une image mentale, de se représenter l’objet absen. L’interpréter semble encore difficile sans étayage. En effet, nous avons avancé l’idée que la confiance « forcée » de la mère pour son enfant ne permet qu’un lien tronqué. Au cours de l’entretien, nous comprenons que la mère possède le soutien de sa sœur et de sa mère. Ainsi, ce système familial est essentiellement matriarcal. Ce sont les femmes qui assurent la nourriture affective et matérielle de la famille.