16.5.4. Analyse synthétique des différentes données

Allan offre un profil cognitif au K. ABC très moyen à cause des réponses inattentives, impulsives et de sa distractibilité. Ce profil nous informe également sur son manque d’investissement scolaire. Le désir de connaître semble ne pas le motiver. En fait, rien ne semble l’intéresser d’après sa mère. Son comportement léthargique et son retrait dans la rêverie accentuent ce portrait d’enfant « téflon ». A ce propos, nous ne pouvons que songer à la qualité de support que la mère a pu offrir à son fils (réf. Fonction de miroir apporté par Winnicott). En fait, cette femme dit avoir désiré cet enfant, contrairement au premier (image dévalorisante en raison du handicap mental). En même temps, elle ajoute que le père allait s’en aller et plus avant dans l’entretien, elle nous apprend que cet homme est infréquentable. Cette absence du rôle paternel fait écho à celle déjà vécue avec le premier fils. Nous ne pouvons extrapoler davantage sur cette répétition car nous manquons d’informations. Il peut s’agir d’un conflit lié au lien de paternité (elle prétend que son fils porte le nom de son père alors qu’il porte le sien, autrement dit, il est le représentant de sa lignée paternelle).

La mère d’Allan est une femme qui au moment où nous l’avons rencontrée s’est essentiellement penchée sur sa situation. Cette femme dépressive qui transpire la souffrance de la sollitude et du manque de reconnaissance de sa valeur ne parvient pas à s’impliquer dans les difficultés rencontrées par son fils à l’école. Elle apparaît impuissante et ne cherche pas à comprendre le manque d’intérêt de son fils porté aux acquisitions scolaires, pas plus que le désordre matériel dans lequel il vit ainsi que son incapacité à s’investir dans une quelconque activité extra scolaire. Par ailleurs, elle ne souhaite ou ne sait pas se faire entendre par son enfant. Elle nous confie que son fils a des difficultés à s’endormir et qu’elle n’y peut rien. Nous rappelons que Allan porte des lunettes aux verres très épais et nous ne savons pas depuis quand est survenue cette myopie sévère. Allan est un enfant qui se retrouve seul le soir en rentrant de l’école, il ne vit aucun échange structurant (ni avec sa mère qui rentre tard, ni avec son frère qui vit en internat). Apparemment, ce garçon semble avoir vécu de la sorte depuis sa petite enfance. Sa capacité à créer semble s’être progressivement évanouie devant un manque de réponses suffisantes ou insuffisamment adaptées. Sa capacité à intérioriser ses vécus affectifs, ses expériences relationnelles autrement dit, à se les approprier psychiquement et symboliquement semblent également avoir été négligés. Par conséquent, il apparaît qu’Allan comprenne sa situation familiale mais qu’il ne désire pas se la représenter. La télévision incarne en quelque sorte l’objet perdu qu’est la mère. La séparation qui s’opère progressivment dans l’espace psychique transitionnel entre la mère et son fils semble avoir été défaillante. En effet, la télévision fait office de substitut et ne permet aucune transformation psychique, aucun travail de mentalisation des affects vécus.