16.9.4. Analyse synthétique des différentes données

Arnaud est un garçon de 10 ans qui affiche une certaine insouciance et se retire dans son monde. Cependant, son monde semble assez pauvre en imaginaire. En effet, ses intérêts se limitent à la pétanque et à la pêche. Seul, en situation duelle, il s’exprime bien et semble assez sûr de lui. Nous constatons que les valeurs qu’il s’attribue dans les sphères sociale, familiale et scolaire sont justes dans la moyenne. Son auto-estime totale n’est par conséquent pas très élevée. En regardant de plus près le questionnaire de S. Coopersmith nous remarquons que ce garçon n’apprécie pas la compagnie de ses parents et préfère rester seul. Il aurait souhaité être plus jeune et avoue ainsi son refus de grandir. Il se trouve beau mais en même temps il dit avoir souvent honte de lui et que c’est dure d’être lui et qu’il est aussi souvent intimidé. A l’item 24 du questionnaire dont l’intitulé indique que « je pense souvent que je j’aimerais être quelqu’un d’autre » Arnaud répond par l’affirmative : « me ressemble ». Il prétend avoir toujours besoin de quelqu’un qui lui dise ce qu’il doit faire alors qu’à la maison il n’écoute pas ses parents et n’en fait qu’à sa tête. Suite à ces dires, nous nous demandons si cet enfant reconnaît ses parents, en particulier s’il leur accorde une valeur positive. Il semblerait que la réponse soit non. D’ailleurs, le dessin du génogramme indique que ses parents et lui ne fréquentent que les membres de la famille paternelle. La mère d’Arnaud semble être rejetée par sa famille alors que celle-ci vit aux alentours. Lui-même prétend ne s’entendre avec aucun de ses cousins. Il voudrait s’identifier à un cousin plus âgé (16 ans) ou un autre plus jeune (2 mois) sans en expliquer la raison. Par ailleurs, nous observons également qu’Arnaud est incapable de donner le nom des conjoints de ses tantes et oncle du côté paternel, ni même les prénoms de ses grands-parents paternels, le grand-père étant décédé. En revanche, il connaît les prénoms de ses grands-parents maternels mais pas ceux des tantes, uniquement ceux des oncles. Là aussi, il ne donne pas les prénoms des conjoints. Arnaud est donc un garçon qui ne s’intéresse pas à sa famille peut-être parce que ses parents et lui se sentent exclus par certains membres.

Ainsi, le désintérêt de cet enfant envers sa famille élargie, ses parents, le conforte dans un environnement égocentré. Il s’évade grâce à la télévision en ne fournissant aucun effort de mentalisation. Le premier objet intériorisé qu’est la mère ne semble pas dans ce cas fournir un étayage suffisant pour l’inciter à créer, à la curiosité. En effet, nous pensons que Arnaud est capable de voir le monde mais sans s’y accommoder. Il ne cherche qu’à satisfaire ses désirs dont la simplicité permet d’y accéder facilement. Le rythme de vie de cette famille semble se cantonner à la routine. Seul l’enfant, objet d’investissement parental, parle mais ne semble pas rencontrer de retour à ce qu’il dit. Les parents le laissent s’exprimer sans vraiment porter attention au contenu de ses propos du fait de sa propension à leur couper la parole. Les échanges semblent par conséquent se limiter au « nourrissage » et à l’habillement.