De l'étude d'un quartier à l'étude d'un milieu

En décomposant l'unité sociologique du quartier par une focalisation sur la diversité des parcours individuels, on s'interdit de penser les formes de cohésions sociales en dehors des pratiques culturelles ou politiques. Jusqu'ici on est parvenu à définir la société urbaine par le négatif. On sait qu'elle n'est pas composée d'une juxtaposition de communautés stables et homogènes. Elle ne peut pas être appréhendée à travers des catégories sociales prédéterminées qui seraient facilement repérables dans l'espace et toujours distinctes. On connaît bien désormais les forces centripètes qui pulvérisent les images de quartiers uniformes sur le plan de leurs compositions sociales. Les populations urbaines sont mélangées. Mais au-delà ce constat, est-il possible de repérer des forces centrifuges, des affinités, des rapprochements en fonction de critères qui devront être déterminés, des interactions entre groupes ou entités qui fixent, de manière continue ou de façon plus éphémère, les individus dans des ensembles plus vastes comme le groupe, le quartier ou la ville ? L'homme est une« espèce de contact" rappelle K. Lorenz 68 . C'est autour des processus, des forces, des critères qui peuvent éventuellement gérer et ordonner ces contacts que nous souhaitons enquêter. Cette démarche repose sur la construction de trois objets de recherche : la pluralité des sociétés urbaines, les modes de structuration du social, le quartier comme milieu social.

Notes
68.

Cité par Michel Verret, L'espace ouvrier, Paris, L'Harmattan, 1995 (1ère édition : 1979), p. 106