Nous avons réexaminé l'ensemble des fiches naissance recueillies pour les deux périodes, en traduisant certaines informations sous la forme de codes numériques 773 . Pour chaque fiche naissance, quatre nouvelles rubriques ont été rajoutées. Encore une fois, et au risque de nous répéter, c'est essentiellement la nature de notre source qui nous guide. Les quatre paramètres étudiés ne sont pas forcément les plus influents, mais il s'agit des plus facilement repérables. Cette opération nécessite de faire une multitude de choix, plus ou moins importants, mais qui peuvent avoir des conséquences notables sur les résultats. Afin d'être le plus clair et le plus synthétique possible, nous allons présenter séparément chacune des quatre nouvelles rubriques :
Il s'agit de l'information la plus simple à codifier, puisqu'elle repose sur la comparaison des lieux de naissance des partenaires de chaque couple, sur la base des divisions administrative du territoire portugais. Pour chaque acte de naissance, on a attribué un code de 1 à 7 en fonction de la combinaison des lieux de naissance des deux partenaires :
Le processus de classification est ici beaucoup plus complexe et il demeure sur bien des points insatisfaisant. Cette information a été interprétée à la lumière des connaissances acquises au fil de notre recherche. L'étude des modes de définition des statuts sociaux et les premiers tests effectués sur les liens interprofessionnels, notamment à travers l'utilisation de catégories socioprofessionnelles, ont permis de mettre en évidence deux grands types d'opposition : premièrement entre les professions qualifiées et les professions non qualifiées ; deuxièmement entre d'une part, les conditions professionnelles qui relèvent du cadre traditionnel du métier et, d'autre part, les emplois protégés par des réglementations et des statuts spécifiques qui fixent des barèmes de salaire, un ensemble de prérogatives et de droits et qui assurent notamment des possibilités de carrière. Ces distinctions apparaissent clairement dans la documentation consultée, mais elles ne se traduisent pas forcément dans le vocabulaire professionnel courant qui affleure dans les déclarations à l'état civil. Afin d'éviter de trop gloser sur nos informations et de se livrer à des interprétations douteuses, l'opération de classification a été réduite au minimum et a reposé sur des signes linguistiques tangibles 774 . Les déclarations professionnelles des pères ont été classées en quatre catégories associées à 4 codes :
On s'intéresse ici aux liens de parenté qui peuvent exister entre le père et la mère d'une part, et le parrain et la marraine d'autre part. La codification de cette information ne pose pas de grand problème. Nous reprenons les grandes catégories de liens déjà mentionnées précédemment : l'existence d'un lien fort avec le père (code 1), d'un lien fort avec la mère (code 2), d'un lien déterminé sur la base d'indices patronymiques avec le père (code 3) et avec la mère (code 4), l'absence de lien de parenté (code 0). En revanche, fallait-il traiter les informations au niveau de chaque fiche naissance ou reporter les informations dans toutes les fiches associées à un même couple ? Par exemple, si un couple qui effectue plusieurs déclarations durant la période choisit à une seule occasion un parrain ou une marraine possédant un lien de parenté avec l'un des deux partenaires, cette information doit-elle figurer dans l'ensemble des fiches du couple ? Toujours selon cette idée d'élargir notre source d'information, devait-on prendre en compte la présence des fratries dans le voisinage, repérée par le croisement des différents actes (chapitre 4) ? S'inspirant de la notion de«famille utile" utilisée par Jean-Paul Burdy, nous avons opté pour enregistrer uniquement l'information contenue dans l'acte traité. Seuls les liens de parenté qui se conjuguent avec la proximité relationnelle enregistrée sont donc retenus parmi la liste des facteurs qui peuvent influencer la position relationnelle du couple.
Cette information est traitée selon le même principe que la déclaration professionnelle du père. Un code supplémentaire a été cependant créé pour les déclarations qui ne renvoient à aucun statut professionnel, telle la déclaration«employé de l'église" (code 0). Un doute a surgi en ce qui concerne la profession des grands-pères choisis comme parrain. Cette information est presque toujours absente de l'acte de naissance, mais pour les couples mariés dans la paroisse d'Alcântara, il est possible de la récupérer dans l'acte de mariage. Cette solution n'a pas été retenue car elle reviendrait à créer une inégalité de traitement entre les couples, en fonction du lieu de naissance et du statut matrimonial (couples mariés ou non) 775 .
À chaque fiche naissance nous avons donc attribué une série de quatre codes qui renvoient aux quatre grandes catégories d'information que nous venons d'énumérer. Toutes les informations ne sont pas prises en compte. La résidence des parrains est par exemple ignorée. On s'est fixé comme principe de comparer le rôle d'un nombre limité de facteurs aux deux époques et dans les deux rues. Ce qui impliquait de connaître systématiquement ces facteurs de manière identique et sous la même forme.
L'unité d'analyse est le lien parrain/parent et non le couple. Les couples qui ont effectué plusieurs déclarations sont considérés autant de fois que de déclarations.
Dans les cas des déclarations multiples des pères, on a envisagé d'introduire un système de pondération qui aurait permis de réserver un traitement différent entre les déclarations stables et instables. Mais en y regardant de plus près, le fait de prendre en compte l'ensemble des déclarations de chaque couple renforce la valeur des déclarations stables et relativise le poids des déclarations instables. En utilisant toutes les déclarations, on introduit de fait un système de pondération.
La prise en compte de la profession des grands-pères choisis comme parrain, aurait aussi pour effet de brouiller l'objet de l'analyse en faisant intervenir la question de la reproduction sociale (cf. note 789 ci-après).