Chapitre 2. CHARITÉ BIEN ORDONNÉE : LA PIÉTÉ LAÏQUE ET LE MOUVEMENT POUR LA RÉFORME DES MŒURS

On ne saurait oublier ici les Societies for the Reformation of Manners et le mouvement de piété laïque, tant leur importance est grande dans la société du dix-huitième siècle. Si SRM et essai périodique sont aussi divergents que possibles quant à leurs présupposés et à leurs les méthodes, ils partagent pourtant la préoccupation de la visibilité de l’immoralité et de la contagion du mal : « Their [the Societies for the Reformation of Manners’s] greatest fear was that the evils of some would lead to the downfall of the whole kingdom and social framework » (Redwood, 1976, p. 189). Par ailleurs, les SRM cherchent à s’arroger certaines des attributions qui revenaient jusque là à l’Église. Se pose donc la question de la place et de la spécificité de ces sociétés dans le champ déjà bien occupé de la réforme des mœurs publiques.

Les diverses « sociétés » se donnant pour mission d’assainir les mœurs publiques se divisent en deux catégories distinctes, les « sociétés » anglicanes d’une part, les « sociétés » visant la réforme des mœurs de la société en général d’autre part. Les Religious Societies, nées dans les années 1670 sous la férule d’Anthony Horneck, sont les premières à voir le jour. Extrêmement populaire, ce pasteur d’origine allemande, ordonné à Oxford, réunit autour de lui plusieurs jeunes membres du clergé insatisfaits d’une manière ou d’une autre de leur condition spirituelle, et souhaitant contribuer plus activement à la vie de leur Église, comme le stipule la première règle de la société de St. Giles à Cripplegate :

Ouvertes uniquement à des membres confirmés de l’Église anglicane, ces sociétés sont de surcroît toutes placées sous la direction d’un pasteur de cette Église. Mais pour d’autres membres du clergé, tel Thomas Bray, la réforme des mœurs passe par une alliance entre laïques et religieux ; le renouveau de l’institution sera assuré grâce à des rencontres régulières des pasteurs de la base, qui diffuseront ensuite la bonne parole parmi les laïques, entreprise dont la SPCK, la Society for Promoting Christian Knowledge, créée en 1698, est l’émanation concrète, définissant ainsi sa finalité :

La Society for the Propagation of the Gospel in Foreign Parts se charge quant à elle de la réforme des mœurs à l’extérieur de l’Angleterre. Mais le succès le plus important de la SPCK fut sans conteste la création des « Charity-Schools ».