Chapitre 3. « IN EARNEST AND IN JEST » : LA QUESTION DE L’ENSEIGNEMENT ET DE LA RÉFORME PAR LE RIRE

La question des liens qu’entretiennent satire et religion sera maintenant analysée sur le mode conjonctif : comment la satire, et plus généralement le mode comique, peuvent-ils être envisagés comme alliés de la réforme morale ? La moralisation du rire est l’un des grands projets du dix-huitième siècle, projet dans lequel la querelle sur le théâtre joue le rôle de catalyseur. Théâtres et « bawdy houses » sont en effet les cibles favorites de la littérature moralisante de l’époque, condamnation se déclinant sur le mode rhétorique par des métaphores de la maladie, de la contagion et de la pollution, et reposant sur la conviction puritaine que l’univers de la scène et du théâtre conduit l’Angleterre et le monde à leur perte : « As the Maxims [the anonymous Maxims and Reflections upon plays (1699)] reasoned, plays were of no use to Christian morality, for ‘charming the senses is but a very akward and unlikely way of reforming the mind, and introducing the sentiments and love of severe virtue’ » (in Redwood, 1976, p. 185). Selon certains pourtant, le rire peut devenir un instrument privilégié de la réforme des mœurs, et en dépit de réticences d’ordre à la fois théorique et pratique qui ne disparaîtront totalement qu’à la fin du siècle, l’essor que connnaissent tant la littérature périodique que les écrits satiriques attestent d’une volonté d’unir esprit de sérieux et esprit comique pour lutter contre l’impiété.