La « dissidence » comme dissonance

La fragilité d’un ordre naissant conduit à la diabolisation de toute dissonance idéologique, perçue comme danger potentiel. En pleine (re)définition, la sphère publique en vient peu à peu à être dominée par trois univers politico‑religieux, assortis d’une rhétorique idoine : whig, tory, et hérétique. Est hérétique toute idéologie qui n’est ni tory ni whig : déistes et autres « athés », Jacobites et Républicains, mais aussi Catholicisme (appelé Popery) et Puritanisme sont regroupés, d’un point de vue à la fois conceptuel et linguistique, sous cette étiquette. Le label Dissent sous lequel est peu à peu, à partir des années 1660, désigné ce courant du Protestantisme qu’est le « Puritanisme » 249 , illustre parfaitement l’enjeu linguistique de ce mouvement de délégitimation. Loin d’être envisagé comme une simple différence de convictions, le Puritanisme devient dissidence, dissension, trahison par rapport à l’ordre établi, maintenu en place par le seul ciment de l’ « allégeance ». Toute « dissension » est donc entachée du soupçon de complot envers ces institutions et l’harmonie sociale, comme le montre le passage suivant d’un homme d’Église dont il faut dire qu’il se situe notoirement à l’extrême droite du toryisme :

Au-delà de la manière dont elle illustre la véhémence, voire la violence de la rhétorique tory, cette citation est importante car elle explicite l’équation tory entre les « sectes » religieuses et les « sectes » politiques, désignées à l’époque, on l’a dit, par le vocable de « factions », et supposées être une menace pour l’unité de la « nation ». Or la dimension linguistique de la validation idéologique est, on l’a vu, essentielle : le pouvoir politico‑religieux est désormais soumis à l’épreuve du débat public. C’est donc au moyen de diverses stratégies rhétoriques qu’est menée l’entreprise de délégitimation de la dissension.

Une lecture attentive des écrits religieux fait apparaître tout un travail de redéfinition, notamment dans The Sentiments. Ce travail de Swift est rendu possible par une discrète succession de glissements sémantiques, comme dans The Drapier’s Letters, où le terme de « peuple », dont le drapier se veut le représentant, est défini de manière pour le moins particulière: « in all free Nations, I take the proper Definition of Law to be the Will of the Majority of those who have the Property in Land » (PW X, 134), non pas donc la volonté du peuple, mais celle des propriétaires terriens. Le « peuple » désigne non pas l’ensemble de la population, maisceux qui prétendent parler en son nom, « the legislature » et non « the rabble », selon la distinction qu’il opère dans Remarks upon Tindal : « This Word People is so delicious in him, that I cannot tell what is included in the Idea of the People. Doth he mean the Rabble or the Legislature? » (PW II, 99). C’est la même équivalence entre peuple et pouvoir législatif que l’on trouve dans un passage de The Sentiments, où Swift met sur le même plan « the Nobles and People » (PW II, 23).

L’incipit de The Sentiments constitue une excellente illustration à la fois de la discrétion de cette technique et de la puissance de ses effets :

Une succession discrète de glissements sémantiques permet de procéder à un travail de redéfinition : les substantifs « understanding » et « integrity » qui concluent une phrase sont repris de manière légèrement atténuée dès le début de la phrase suivante par l’expression « a wise and good man » ; la variation est plus importante en revanche entre l’expression concessive « may indeed be sometimes induced to comply » et le substantif « liberty » de la phrase suivante. Quant aux membres d’un parti (« a Number, whose Opinion he generally approves »), ils se transforment rapidement en individus ayant perdu la raison (« our heads or our hearts are not as they should be ») et agissant pour le compte d’intérêts égoïstes, « the Humour, or Passion, or Interest of a Party ». Et la conclusion est sans appel : « Yet this very Practice is the fundamental Law of each Faction among us », cette loi s’opposant implicitement à la loi morale définie au début du passage par l’ « intégrité ». Une telle technique permet ainsi à Swift en quelques lignes de redéfinir la fidélité à un parti comme allant à l’encontre de la morale. C’est moins la définition elle-même du terme qui est modifiée, même si celui-ci se trouve connoté de manière négative, que l’attitude du lecteur à son endroit, puisque le lecteur est incité à porter un jugement, la condamnation devenant ainsi censure. Le reste du texte montre peu à peu, bien sûr, que cette dénonciation de l’esprit partisan ne s’applique qu’aux Whigs, les Tories se retrouvant du côté de l’« intégrité » et de l’intérêt de la nation.

C’est bien ce qui se passe, toujours dans le texte de The Sentiments, à propos du terme de « schisme », qui subit un recadrage par rapport à son acception traditionnelle :

Il y a redéfinition dans la mesure où un schisme est une rupture au sein d’une religion quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse ou non de la religion établie. Un tel glissement sémantique permet à Swift de faire apparaître toute religion autre que l’Anglicanisme comme rupture par rapport à une norme, mais participe également au travail de réécriture de leurs origines auxquels se livrent les Anglicans. Au-delà de la redéfinition elle-même, qui reste relativement discrète, c’est toute une structure rhétorique que Swift met en place afin d’étayer celle-ci : parallalèlement à la prise de position implicite que constitue une telle redéfinition, la persona réaffirme son positionnement discursif de modérateur neutre (« Without entering on the Arguments, used by both Sides among us, to fix the Guilt on each other »). L’auteur supposé a également recours, et ce à trois reprises, à l’argument d’autorité (« it is certain that », « I think it clear », et, plus loin dans le même passage, « For this Reason, Plato lays it down as a Maxim, that Men ought to worship the Gods, according to the Laws of the Country »), dont la fonction est de se substituer à l’argumentation. Mais en même temps, cette substitution est elle-même dissimulée sous un appareil logique ostentatoire, composé d’une récurrence de connecteurs logiques : « but », because, « for this reason ». Enfin, la définition de la religion en termes juridiques (« in the Sense of the Law ») est en elle-même tendancieuse, en ceci qu’elle correspond non pas à la définition généralement acceptée de la notion de schisme, mais à la doxa anglicane, qui donne du schisme une définition légaliste : si l’Église anglicane est l’Église « Établie », c’est parce qu’elle incarne la croyance de tout homme raisonnable et est reconnue comme telle par l’État, ce que seuls les « enthousiastes » des deux bords extrêmes peuvent considérer comme déraisonnable et inacceptable, se dévoilant ainsi comme ennemis non seulement de la vraie religion, mais aussi des institutions qui assurent la cohérence de la nation. Nier le caractère « établi » de l’Anglicanisme est donc une position schismatique, et un tel schisme constitue en lui-même une négation de la loi civile et de l’idée même de nation. Il s’ensuit que s’il est naturel d’accorder aux schismatiques la liberté de culte, qui doit rester affaire privée, il ne saurait être question de leur donner accès aux institutions politiques.

La redéfinition que subit une autre formule courante chez Swift, « narrow Principles », représente une étape supplémentaire dans ce processus, dans la mesure où Swift procède à une véritable inversion de la valeur de l’expression sur l’axe axiologique. Si l’expression est ordinairement chargée de connotations négatives, associée à l’étroitesse d’esprit et, partant, à une probable intolérance, elle est dans les écrits swiftiens systématiquement employée sous la forme de citation parodique, comme exemple du cant des ennemis, ce qui lui confère une valeur positive. Un extrait de An Argument déjà cité est particulièrement révélateur à cet égard :

Le passage fonctionne selon une mise en abîme de l’énonciation reposant sur une dissociation entre l’énonciation et l’autorité de l’énoncé. Le processus opère à deux niveaux : « it is likewise urged » relève du discours indirect et implique que l’argument est le fait de personnes autres que la persona de An Argument ; et, partant, que la persona n’assume pas ce discours, dont le statut est ainsi réduit à celui de discours flottant : la persona ou « auteur supposé », que nous avons, rappelons-le, définie comme « configuration autoriale pourvue d’une autorité syntaxique et énonciative » (Bony, 2002, pp. 59-60), fait ici entendre une parole autre que la sienne. Elle n’est donc pas son « auteur » c’est‑à‑dire l’« instance qui prend la responsabilité de l’acte de langage », l’être « qui dans l’énoncé est présenté comme son responsable » (Maingueneau, 1993, p. 76 ; 1987, p. 54), mais simple relais discursif. Ce procédé permet à l’auteur (Swift) de dénoncer l’inanité d’un tel discours qui n’a d’autre valeur que celle de paroles dans l’air du temps, de propos à la mode. Par ailleurs, l’expression « Enemies to Priest-craft, narrow Principles, Pedantry, and Prejudices » relève du discours indirect libre, dans la mesure où elle correspond en fait à une pseudo-citation émanant des Free-thinkers eux-mêmes. L’efficacité de la stratégie rhétorique swiftienne repose ainsi sur l’association des deux procédés : l’autorité du discours prenant en charge l’expression « narrow principles » a été minée par avance puisque rabaissée au rang de propos à la mode ; en outre, les auteurs de ce discours sont dans la suite de la phrase réduits au statut d’« ornements ». Leur discours est ainsi miné aux deux bouts, et l’expression « narrow principles » acquiert ce faisant, indirectement une valeur positive : seuls les gens dans l’erreur voient dans les principes de la religion des principes témoignant d’une certaine étroitesse d’esprit.Le travail de redéfinition s’opère ici non plus grâce à une série d’imperceptibles glissements sémantiques, mais au moyen d’une radicale inversion reposant sur un enchâssement de différents niveaux discursifs 251 .

Dans les écrits swiftiens sur la religion, les discours jugés illégitimes sont donc relégués aux marges du discours, comme l’illustre le passage suivant, extrait de A Project :

Ce passage est intéressant à plusieurs égards, et en premier lieu parce qu’il illustre parfaitement l’imbrication des poses homilétique et satirique, ce texte étant, des écrits de Swift sur la religion, celui dont la persona est la plus transparente et la moins ironique, ce qui ne l’empêche pas d’utiliser des procédés rhétoriques typiques de la satire. D’un point de vue discursif, un tel passage pourrait se rattacher au genre homilétique : il s’agit d’une imprécation contre le vice. Toutefois, la technique utilisée s’apparente à la technique satirique du catalogue. Celui-ci consiste en une accumulation de notions, conformément à la structure paratactique de la satire qui fonctionne par accrétion plutôt que par raisonnement ou argumentation. L’accumulation s’intensifie jusqu’à atteindre un paroxysme, qui laisse la victime anéantie sous le poids quasi physique de la condamnation. Le roi de Brobdingnag est l’auteur dans les Voyages d’une telle liste, quand, suite au panégyrique que fait Gulliver des institutions anglaises, le souverain exprime son indignation, « protesting it was only a Heap of Conspiracies, Rebellions, Murders, Massacres, Revolutions, Banishments; the very worst Effects that Avarice, Faction, Hypocrisy, Perfidiousness, Cruelty, Rage, Madness, Hatred, Envy, Lust, Malice, and Ambition could produce » (Travels II, 6, p.120). Ce passage met parfaitement en lumière le principe accrétionnel qui préside au catalogue satirique, mais aussi deux autres aspects centraux : le principe de contamination, selon lequel certains termes, relativement neutres, tels revolution ou encore ambition, subissent, par la proximité qu’ils entretiennent avec eux, une contamination par d’autres termes fortement connotés, comme heap of, Murders ou Hypocrisy, ainsi que le principe d’auto‑engendrement, où le catalogue acquiert en se déployant une vitesse et une autonomie propres qui suggèrent un développement potentiellement sans fin.

La liste présente dans le texte de A Project est trop courte pour prétendre au titre de catalogue satirique, mais relève d’une technique similaire et permet de reléguer l’athéisme dans les marges du discours, et ce à plusieurs titres : une telle technique participe du phénomène de réduction propre à la satire, et l’athéisme est donc réduit au statut de vice, de comportement fautif qu’il s’agit de « réformer », et qui plus est, mis sur le même plan qu’un vice aussi mesquin et ridicule que l’avarice, voire que l’alcoolisme. Un tel amalgame fait de surcroît partie d’une stratégie polémique traditionnelle : la peur de l’athéisme, étroitement associée à l’idée de complot, est l’une des grands fantasmes de la période, comme le rappelle Redwood :

Nulle originalité donc dans le lien qu’établit Swift entre athéisme et ivresse : ces vices ont en commun le délire de l’« enthousiaste ». Plus qu’un simple lieu de débauche, la taverne est en effet perçue comme point de départ de la diffusion de l’athéisme dans la mesure où l’alcool favorise les propos blasphématoires et séditieux : « Brawls, bawdy scenes, inebrietion and lewd practice all often focused themselves on the local pub, in the same way that free‑thinking ideas circulated and emerged from the coffee houses » (ibid., p. 41). Comme le souligne Philip Harth, l’« athéisme », réel ou fantasmé, occupe dans l’apologétique anglicane de la Restoration la place de repoussoir qu’occupait auparavant le Puritanisme :

Il faut par ailleurs souligner le caractère protéiforme d’un terme comme « athéisme ». Si celui‑ci est évidemment entendu dans son acception courante, il possède par ailleurs des connotations multiples et complexes. Pour bon nombre de penseurs, l’athéisme a pour visée le libertinage (« libertinism ») : « Men who denied the system of divine punishments and rewards, thereby jusifying their own sins on earth, were to [the Boyle lecturer] Gastrell effectively denying value to the Sciptures and attacking the notion of the soul » (ibid., p. 30). Cette constellation de connotations n’est nulle part plus claire que dans An Argument, où le déisme est associé non seulement à l’athéisme, grâce au même procédé du catalogue (« Nothing can be more notorious, than that the Atheists, Deists, Socianians, Anti-Trinitarians, and other Subdivisions of Free-Thinkers, are persons of little Zeal for the present Ecclesiastical Establishment », PW II, 36), étant ainsi réduit à n’être qu’une sous‑catégorie du free-thinking, au même titre que l’athéisme, mais encore, explicitement, à l’idée de complot (« there may be a dangerous Design lurk under it », ibid.), mettant « l’Église en danger » (« Church in Danger », ibid.). La dissension est ainsi non seulement marginalisée, mais aussi stigmatisée.

Un autre moyen de marginaliser la dissension consiste à l’anéantir en lui faisant subir une distorsion satirique, procédé qui, là encore, illustre l’imbrication des postures homilétiques et satiriques. Une question aussi courte que : « Does the Gospel any where prescribe a starched squeezed Countenance, a stiff formal Gait, a Singularity of Manners and Habit, or any affected Modes of Speech, different from the reasonable Part of Mankind? » (PW II, 35) déploie en réalité tout un arsenal satirique. La question est bien évidemment purement rhétorique ; en outre, la description se fait caricature, non seulement en raison du grossissement, mais aussi parce qu’elle a un caractère éminemment visuel, et même auditif, grâce aux allitérations (« starched squeezed Countenance »), enfin parce qu’une telle question retourne l’un des fondements du Puritanisme contre lui-même, en ceci que le principe de la fidélité aux Écritures, le sola scriptura de la Réforme, est utilisé pour montrer que rien ne justifie, ne « prescrit » le comportement des Puritains, ce qui réduit celui-ci à une excentricité ou, plus exactement, à une anomalie pathologique, une « humeur » (ibid.). La métaphore est filée et, grâce à un raisonnement analogique, appliquée aux différents peuples : de même que les hommes sont affligés par des « humeurs », de même les nations comportent « une portion d’enthousiasme » (« There is a Portion of Enthusiasm assigned to every Nation », ibid.) ; et de même que l’équilibre de l’organisme humain est maintenu grâce à la dissipation des humeurs mauvaises (« to spend themselves, and evaporate the noxious Particles »), de même l’équilibre des nations est-il assuré lorsque cet « enthousiasme » trouve un exutoire. On connaît ce passage déjà cité : « If the Quiet of a State can be brought by only flinging Men a few Ceremonies to devour, it is a Purchase no wise Man would refuse. Let the Mastiffs amuse themselves about a Sheep-skin stuffed with Hay, provided it will keep them from worrying the Flock » (ibid.) Le Puritanisme est condamné à n’être qu’un divertissement carnavalesque et la formule qui le qualifie est similaire jusque dans ses détails (le même verbe « fling » est employé dans les deux cas) à celle que l’on trouve dans la Préface de A Tale of a Tub : « Sea‑men have a Custom when they meet a Whale, to fling him out an empty Tub, by way of amusement, to divert him from laying violent Hands upon the Ship » (Tale, p. 40). Or, est-il précisé dans cette Préface, il s’agit là d’un « expédient » désigné à distraire tous ceux qui pourraient s’attaquer à la religion et à l’État, « [those that] should find leisure to pick Holes in the weak sides of Religion and Government » (ibid., p. 39). Le fort pouvoir évocateur d’une image comme « a few Ceremonies to devour » suggère l’efficacité destructrice d’un tel expédient.

Un tel exemple est particulièrement révélateur de l’imbrication des postures de preacher et de celle de jester dans les écrits sur la religion. Si l’ironie y est toujours fortement polémique – elle a pour fonction de discréditer un adversaire –, elle comporte pourtant aussi une dimension philosophique, quasi socratique, en ceci qu’elle permet de déconstruire le discours d’autrui, qui se retourne contre lui-même (et c’est bien, on l’a vu, ce qui se produit ici). Or cela ne se produit que lorsque l’apologiste anglican, le « prédicateur » qui cherche à convaincre, voire à convertir, cède le pas au satirique, qui laisse alors le texte fonctionner de manière autonome. De la simple mise en présence de deux discours jaillit alors l’épiphanie satirique.

Notes
249.

Pour les historiens de la pensée religieuse du dix-huitième siècle, le « puritanisme » est à rattacher à ce courant de la réforme communément désigné, à la suite de l’ouvrage de George Huntston Williams (The Radical Reformation, Philadelphia, Wetminster Press, 1962), sous le vocable de « Réforme radicale ». La Réforme se subdivise selon Williams en deux courants, qu’il nomme respectivement « Radical Reformation » et « Magisterial Reformation », et qui s’opposent radicalement à tous les niveaux. Le premier courant naît au seizième siècle en Europe du nord avec les Anabaptistes et les Spiritualistes et se situe en rupture radicale avec les institutions religieuses existantes, tandis que le second courant regroupe le luthéranisme, le Calvinisme et l’Anglicanisme, qui tentent chacun à sa manière de réformer l’Église en place. Les analyses de Williams sont aujourd’hui communément acceptées par les historiens de la religion, qui réservent le terme de « protestant » aux seules Églises de la « Magisterial Reformation ».

251.

On sait avec quel effet dévastateur Gulliver revendique la même formule pour dénoncer l’étroitesse d’esprit du roi de Brobdingnag : « A strange Effect of narrow Principles and short Views » (Travels, II, 7, p. 124).