Chapitre 4. LE PRÉDICATEUR COMME PERSONA ?

L’analyse détaillée des sermons a montré que le sermonnaire, loin d’être uniquement médiateur de la Parole, inscrit au contraire sa facture propre dans les modalités de transmission du message dont il est le véhicule. Il est apparu en outre que l’homilétique swiftienne se caractérisait par une rhétorique particulièrement bien adaptée à la fonction idéologique que Swift assigne au sermon. Ce double constat amène à analyser plus avant la question du statut et de la voix du sermonnaire, mais aussi à poser la question des liens éventuels entre textes satiriques et écrits homilétiques swiftiens. Accepter l’idée que les sermons puissent, comme les satires, être l’espace de déploiement d’une véritable stratégie rhétorique, permet d’être attentif à certains parallèles, thématiques et stylistiques, entre sermons et satires, parallèles qui conduisent à opérer une relecture de l’homilétique swifienne : peut-on parler de persona du sermonnaire au même titre que l’on a pu parler de persona du satirique? Peut-on affirmer que la modération du sermonnaire est un mode d’énonciation au même titre que la saeva indignatio du satirique ?