1.2.2. Le français du tourisme

Le français du tourisme dans la situation qui nous intéresse ici recouvre les besoins langagiers de professionnels étrangers qui vont utiliser le français dans leur propre pays avec des clients francophones. Il s’adresse à un public de spécialistes professionnels ou de futurs professionnels du tourisme dans leur pays (dans l'hôtellerie, la restauration, les agences de voyages, etc.).

Les compétences requises en français sont très inégales suivant les diverses catégories de personnel du tourisme. La nature de ces besoins est déterminée en fonction des contacts oraux ou écrits, et qui peuvent être directs ou indirects. Pour certains, ils sont presque absents, comme c’est le cas pour un cuisinier. Les employés de bureau ont très peu de contacts avec les clients de l’hôtel. En revanche, ils sont censés savoir écrire et répondre au courrier, donc il s’agit d’un contact écrit. Certains personnels auront un contact oral direct comme au restaurant ou à la réception, ou un contact oral indirect qui s’effectue par téléphone et c’est le cas au standard téléphonique. Les besoins d’utilisation du français dépendent également des actes de paroles impliqués. On peut imaginer nombre d’actes de paroles fondamentaux à titre d’exemples pour un réceptionniste : accueillir, informer, réserver, présenter la note, répondre au téléphone, etc. Aujourd'hui, malgré la restriction budgétaire qui vise la diffusion du français, la France continue sa politique dite "politique de promotion-diffusion du français" 11 . Ainsi, le français sur objectif spécifique est soutenu par le gouvernement français pour inciter les gens à apprendre la langue, dans les milieux scientifiques surtout. D'ailleurs, le Ministère des Affaires Étrangères a proposé des programmes prioritaires en 1976 à certains pays non francophones, y compris quelques pays arabes tels que la Syrie, l'Irak et l'Égypte. Ces programmes contiennent une formation des cadres dans différents domaines scientifiques ou techniques. Le Ministère a fait entreprendre deux enquêtes successives par les services culturels des ambassades de France pour recenser toutes les opérations d'enseignement du français de spécialité, en 1987-88. Le projet a concerné 45 pays. Le deuxième recensement a eu lieu en 1989-90 pour couvrir 86 pays dans le monde.

Le tableau suivant montre l'enseignement du français de spécialité dans les pays du Moyen-Orient 12 :

Tableau 6 : Enseignement du FOS au Moyen-Orient
Les pays Nombre d’enseignements
de français de spécialité
Égypte 10
Arabie Saoudite 7
Jordanie 3
Émirats Arabes 3
Yémen 4

L'Égypte est la première quant à l'enseignement du français de spécialité. Elle propose 10 enseignements : l'hôtellerie, la boulangerie, le journalisme, l'informatique, la médecine, la maintenance médicale, le droit des affaires, le tourisme, le secrétariat, l'urbanisme et l'architecture. En revanche, la Jordanie propose l'enseignement du français dans trois domaines de spécialité seulement : le français des affaires, le français du tourisme et de l'hôtellerie et le français juridique. Les degrés d'importance de l'enseignement de français de spécialité au Moyen Orient sont repérés comme suit :

Dans les années 90, de nouveaux besoins d'apprentissage de la langue française en Jordanie se sont manifestés. Cela provient d'une part d'un changement dans la situation économique et sociale dans le pays, et d'autre part du rôle politique de la France en Jordanie. Du point de vue politique, la paix avec Israël a influencé également la situation dans le pays. Depuis 1992, beaucoup de touristes ont visité la région, en passant par la Jordanie et Israël.

Le français sur objectif spécifique (FOS), qui s’adresse surtout à des apprenants adultes désirant perfectionner, par la connaissance d’une langue étrangère, leur compétence professionnelle, a commencé en Jordanie au début des années 90. Les premiers cours de français de spécialité étaient le français des affaires proposés au centre culturel français à Amman ainsi qu’à l’université du Yarmouk.

Pour se faire une idée plus précise de la situation de l’enseignement du FOS en Jordanie, il nous paraît nécessaire de connaître les publics. Les cours de FOS sont destinés à quatre catégories de public :

  1. Le premier type de public est le public étudiant. Il reçoit un enseignement de français de spécialité à l'université ou dans les écoles spécialisées. L'université du Yarmouk à Irbid et l'université de Jordanie à Amman ont ouvert un enseignement de français du tourisme au sein des départements de français dès 1997.
  2. Le deuxième type de public comprend des employés, des fonctionnaires, des cadres, des militaires, des médecins, etc. Ils appartiennent à un organisme officiel d'état comme les ministères, les ambassades, les hôpitaux, l’armée, etc. Ce public éprouve le besoin d'apprendre le français pour l'appliquer à son activité professionnelle.
  3. Le public du secteur privé qui travaille dans les entreprises, les hôtels, les agences de voyages, les compagnies aériennes, etc. Ce public engagé dans la vie professionnelle a besoin de suivre une formation de français de spécialité par rapport à son activité professionnelle avec une durée souvent limitée et des objectifs précis.
  4. Le public divers qui suit des stages de formation linguistique ou de français de spécialité (tourisme, commerce, ...), soit pour perfectionner son niveau de français dans le domaine de son travail, soit pour s'orienter vers une autre profession ou une activité plus spécialisée dans le cadre de la profession exercée. Ce public peut comprendre des adultes étudiants, employés, cadres, etc. Ce type de formation se déroule le plus souvent dans un organisme français comme le centre culturel français à Amman.

Pour évoquer le développement du FOS en Jordanie, nous serons amenés à parler de l’enseignement professionnel hôtelier scolaire et supérieur, puis de la formation des guides touristiques. Ce sujet est l’essentiel de notre propos dans la présente étude.

Notes
11.

Terme emprunté à D. Lehmann, cité dans son ouvrage Objectifs spécifiques en langue étrangère, 1993.

12.

Source : tableau montrant les types de l’enseignement du F.O.S, cité dans la revue "Le français dans le monde" n°235, 1990.