2.3.1.4. L'organisation préalable à l’événement 

Lorsqu’on assiste à des occasions où la parole tient une large place devant un grand public, il est normal de penser à une organisation de cet événement surtout quand il s’agit d’un événement social qu’on attend comme la conférence. Il existe des organismes qui ont pour fonction de préparer ces événements, comme par exemple une association professionnelle, un département universitaire ou une institution gouvernementale, etc. Une démarche de préparation s’impose comme : rassembler un auditoire par publicité, annoncer aux membres de l’association, fixer l’horaire de cours, choisir et rémunérer le conférencier, fournir les services nécessaires, etc. Tout cela est dû à la valeur de célébration que la conférence peut avoir et qui est inscrit dans un événement social.

E. Goffman distingue deux moments dans la conférence : "le jeu et le spectacle" 65 , c’est-à-dire le texte prononcé sur le sujet de la conférence dont il est question et la "sauce interactionnelle" qui définit les paroles dans les préliminaires et les postfaces. Le passage du spectacle au jeu est divisé en deux parties : la première, le représentant de l’organisme de patronage va présenter le conférencier. Cette même présentation pourrait être coupée en deux en invitant une autre personnalité connue dans le domaine qui présente le conférencier et que lui sera présenté à son tour. La deuxième présentation est celle du conférencier qui présente son sujet devant l’auditoire. Cette politique cérémoniale n’est pas faite seulement pour le seul intérêt de la conférence mais également pour faire indirectement une publicité de cet organisme et profiter de la présence de la presse et avoir en même temps un enregistrement de la conférence photographique, sonore et écrit.

‘« Un événement peut profiter d’un conférencier et un conférencier peut profiter d’un événement’ » 66 , c’est ainsi que Goffman décrit l’alliance tacite entre l’organisme et le conférencier : on encourage le conférencier à faire son discours devant un public large en limitant sa parole à la durée que le public peut supporter, on l’encourage également à utiliser tous les procédés pour capter l’attention de son public. En revanche, le conférencier prête son nom à l’organisme et à l’événement pour recevoir à son tour une rémunération, une publicité et un accueil chaleureux à ses propos.

Nous avons pu remarquer que l’organisation de la conférence demande beaucoup de préparation à l’inverse d’un cours magistral qui est un événement récurrent qui ne demande pas un beaucoup de préparatif (choisir l’enseignant et fixer l’horaire du cours et faire la réservation d’une salle). Dans la situation de la visite guidée, la préparation des voyages est souvent faite par un organisme touristique comme les agences de voyage. Elle consiste dans l’établissement d’un programme détaillé de la visite, le choix et la rémunération du guide, la réservation dans les hôtels et les restaurants, la réservation du car touristique pour le déplacement des touristes, etc. Il n’existe pas une politique cérémoniale comme dans la conférence, cela est peut être lié au fait que la visite guidée n’est pas considérée comme un événement social isolé comme la conférence mais c’est plutôt un événement régulier (non marqué) pour le guide et l’organisme de préparation et en étant occasionnel pour les touristes.

Notes
65.

Nous désignons ces deux mots : « jeu » et « spectacle » utilisés par Goffman par "le contenu de la conférence" (au lieu du jeu) et "sa mise en scène discursive" (pour remplacer le mot spectacle).

66.

E. Goffman (1981) : idem, P.178.