2.3.1.5. Les perturbations de la présentation

‘« Toute transmission de signaux à travers un canal est nécessairement sujette à du "bruit", c’est-à-dire à des transmissions qui ne font pas partie du signal prévu et qui en diminuent la clarté. (…) dès qu’il y a communication, il y a aussi du bruit ; et un système de communication peut être conçu comme une structure composée de plusieurs couches : électronique, physique, biologique, etc., … ». 67 E. Goffman

La présence du bruit pourrait être liée aux contingences de la représentation. Dans le cas d’un discours qui se déroule dans une salle et adressé à un groupe de personnes comme dans un cours magistral ou une conférence, nous distinguons plusieurs sources de bruit sonore ou visuel : de l’environnement extérieur de la salle (des travaux dans l’établissement ou dans la rue, des paroles d’un groupe de personnes se trouvant à l’extérieur de la salle, de la circulation dans la rue, etc.), ou encore du bruit provenant de l’intérieur de la salle (défauts d’équipement) et finalement, c’est l’auditoire qui peut être une source de bruit. Dans un cours magistral, le bruit provenant de l’auditoire pourrait être signalé par l’enseignant en utilisant son autorité professionnelle et institutionnelle en appelant à la discipline. Donc, c’est le rapport d’autorité qui intervient ici. Ces courts moments de conversation entre les gens de l’auditoire sont moins fréquents dans une conférence, car ceci ne fait pas partie du rituel de l’événement ainsi que le type du public est différent de celle des cours. Il tient un certain respect au moment de l’événement et au conférencier donc, il ne se permet pas de faire des conversations et déranger le déroulement de la conférence.

Revenons-en maintenant au discours qui nous intéresse : le discours du guide. Il est clair qu’ici le bruit est beaucoup plus présent car il s’agit d’une situation de communication différente : la visite guidée dans un site touristique ou le discours dans le car. Les perturbations peuvent provenir d’abord, de l’environnement extérieur : la présence de d’autres groupes touristiques sur le même endroit de la visite, le téléphone portable du guide qui sonne plusieurs fois, la présence des vendeurs sur le site et qui s’approchent du groupe des touristes en essayant de les vendre des souvenirs ou même de l’eau minérale (voir corpus visite de Jérash). Nous pouvons imaginer aussi des dérangements dus au temps comme la présence de la pluie ou même la température très élevée et le fait que la visite se déroule au milieu de la journée sous le soleil dans un lieu ouvert oblige le guide à changer de lieu et à se mettre à l’abri du soleil ou de la pluie ou même à abréger son discours et changer le programme de la journée. Ensuite, le bruit provenant de l’auditoire : les petites discussions entre les touristes mêmes, la prise des photos, etc. D’autres personnes extérieures du groupe peuvent interrompre la visite pour demander quelque chose ou un renseignement concernant la visite ou même demander de se joindre à la visite, etc. La fatigue et l’ennui de la visite sont aussi des facteurs qui peuvent provoquer l’inattention du groupe et le relâchement.

Ces éléments perturbateurs qui peuvent intervenir assez fréquemment au cours de visites en site ouvert sont souvent intégrés dans le discours du guide dont ils peuvent alimenter la dimension interactionnelle. Un guide "débutant" peut être gêné par ces perturbations et simplement attendre que ça passe. Par contre, un guide confirmé va profiter de ces éléments pour faire une plaisanterie ou apporter une information factuelle.

Le discours du guide a ainsi une dimension phatique, d’animation et de contact important avec le public beaucoup plus marquée que dans les autres types de discours.

Notes
67.

E. Goffman, E (1981) : idem, P.189.