2.3.1.6. Les types de bruit

E. Goffman 68 distingue deux types du bruit voire trois : bruits classiques électronique des matériels utilisés et un autre type appelé par Goffman "‘des défauts d’équipement sonore humain’". Ce qu’il entend dire par cela : le zézaiement, bec-de-lièvre, laryngite, accent affecté ou lourd, cou raide, bruits de dentier, etc. Le troisième type qui pourrait être source de problème et qui perturbe le déroulement du discours : ce sont les défauts d’encodage de la parole du point de vue linguistique (les pauses longues, faux départs, reprises, répétitions, erreurs de prononciation, doubles sens involontaires, mots qui échappent, trous, etc.). Nous ne considérons pas les défauts humains comme une sorte de source du bruit contrairement à Goffman. D’ailleurs, ces qualités distinguent une conférence « live » présentée en direct devant un public qui assiste d’une autre lue dans un journal ou vue à la télévision. Mais, il y a indiscutablement des seuils à de degrés différents chez les auditeurs qui écoutent le discours : autant une répétition, une reprise ou un loupé de temps en temps donnent un caractère humain, vivant, spontané au discours ainsi qu’un caractère agréable à entendre, autant lorsqu’on a trop, le discours devient insupportable et difficile à suivre.

Ce type de défauts est inévitable dans une conférence comme dans un cours magistral ou une visite guidée et il passe le plus souvent inaperçu. L’auditoire montre une tolérance et une inattention à une grande sorte du bruit. Cependant, devant certaine sorte du bruit, le conférencier, le guide ou l’enseignant prennent des mesures matérielles ou autre afin de régler le problème. Ainsi, ils sont amenés à s’excuser ou à expliquer la situation car ils sentent que l’auditoire ne peut pas l’ignorer. Donc, le locuteur se trouve nécessairement en position de justifier la perturbation au moyen des remarques et des commentaires.

Nous distinguons une autre sorte de perturbation de la présentation : les "intrusions furtives". Dans le cas de la conférence, elles se manifestent dans la présence des journalistes, des photographes, des ingénieurs du son, etc. Elles sont censées ne pas déranger le déroulement de la conférence mais n’empêche que leur présence est signalée car ils attirent l’attention du public et changent du mode de production. Le conférencier doit en prendre en compte cette réalité et parfois modifier son discours en fonction de ce qu’on lui demande de faire pour être enregistré ou diffusé par exemple à la télévision.

Par contre, ces "intrusions furtives", nous ne les trouvons généralement pas dans un cours magistral ou dans une visite guidée car elles ne font pas partie de cet événement social et de la cérémonie de présentation. Par ailleurs, nous pouvons identifier une seule intrusion dans une visite guidée dans le contexte jordanien, c’est la présence d’agent de sécurité touristique qui accompagne le groupe des touristes pendant tout leur séjour dans le pays. Ce dispositif a été imposé par le ministère du Tourisme aux agences de voyages pendant un certain temps ce qui a provoqué une certaine polémique. Suite à de longues discussions entre le ministère et les agences et y compris les guides ce règlement a été supprimé. Actuellement, on se satisfait de la présence sur les sites touristiques en Jordanie de la police concerné par la sécurité des touristes et qui peuvent intervenir au cas d’urgence. Cette présence de la police provoque de la gêne et une certaine contrainte sur le discours.

Notes
68.

E. Goffman, E (1981) : idem, P.189-193.