La règle essentielle de cette maxime est "Soyez clair, bref et méthodique", c'est-à-dire évitez d'être obscur ou ambigu. Les partenaires doivent élucider la nature de leur contribution et l'accomplir en un temps raisonnable. Cette maxime a également une valeur culturelle. La clarté du message ne convient pas à toutes les cultures. Par exemple, dans la conception occidentale, le discours est relativement explicite et le récepteur n'a pas beaucoup d'efforts interprétatifs à faire, ce qui n'est pas le cas dans la conception arabe. Dans la société jordanienne, on évite parfois d'être clair en laissant son interlocuteur interpréter le message, soit pour ne pas faire perdre la face à son interlocuteur, soit pour protéger sa propre face dans certaines conversations.
À ces maximes, H.-P. Grice ajoute trois traits fondamentaux qui caractérisent les échanges conversationnels : les participants ont un but commun immédiat et parfois des buts lointains, les contributions des participants doivent dépendre les unes les autres et être adéquates; pour suivre l'interaction et y mettre fin, il existe une sorte d'accord (tacite ou explicite) entre les participants.
Le "principe de coopération" chez Grice est ce que P. Bange appelle le "principe d'interaction", c'est-à-dire "le principe général d'organisation coordonné des interactions, (…) La coopérativité n'est pas autre chose que la forme propre aux actions sociales de l'adéquation des moyens aux buts qu'on appelle aussi la rationalité des actions" 113 .
Nous pourrions croire que la conception que Grice a élaborée de la communication est normative et idéaliste, du fait que les comportements effectifs des locuteurs ne respectent pas forcément ces principes. Mais ce principe de coopération de Grice ne doit pas être interprété de cette manière, car il ne s'agit pas à vrai dire de principes normatifs qui imposent aux locuteurs dans une conversation de se comporter de telle ou telle manière. Pour cela, Grice montre que le respect des maximes n'est pas une condition nécessaire au déclenchement d'une implicature 114 (c'est la partie de signification des énoncés qui échappe aux conditions de vérité de la phrase) ; il existe ce que Grice appelle l’"exploitation " de la maxime par sa violation ostensive. Ainsi, le locuteur a deux stratégies à sa disposition pour déclencher une implicature : soit respecter les maximes, soit les exploiter via la violation de l'une d'entre elles.
Par conséquent, les guides doivent respecter le principe de coopération du fait que cela peut augmenter les chances de parvenir à un équilibre de coordination et d’atteindre les buts des actes de communication. En un mot, le principe et les maximes de Grice sont des normes, que non seulement les guides mais tout individu, doit connaître et respecter dans la mesure du possible pour pouvoir communiquer d'une manière satisfaisante. Cela s’apprend implicitement en grandissant dans sa culture
Bange P. (1992) : Analyse conversationnelle et théorie de l'action, Paris, Didier, Coll. Langues et apprentissage des langues, P. 109.
Moeschler J., Reboul A. (1994) : Dictionnaire encyclopédique de pragmatique, éd. Seuil, P. 205.