2.5.1.5. Les maximes de Grice dans les discours des guides

La maxime de quantité peut être appliquée dans la formation de guide professionnel. Un guide doit connaître la limite des informations à fournir. La prise en compte de la situation de communication est nécessaire. Quand les touristes sont par exemple fatigués, il ne faut pas leur fournir trop de renseignements. Par contre, lors des visites commentées, il vaut mieux se documenter afin de faire apprécier les sites par des informations enrichissantes. Le guide doit donc savoir s'adapter à chaque situation. Par exemple, quand il pleut beaucoup au moment des visites en plein air ou même quand il fait très chaud (surtout en été, dans certains sites comme à Pétra ou à la Mer Morte), il ne faut pas continuer le discours dans l'intention d'accomplir sa tâche de guide. A ce moment là, une trop grande quantité d'informations est plutôt négative. Par contre, le guide peut prévoir une petite introduction historique sur le lieu de visite, dans le car qui est souvent climatisé, ou même choisir un endroit à l'abri de la pluie ou de la chaleur pour tenir son discours.

Un rapport existe entre la programmation du séjour selon les centres d'intérêt touristique et les aléas (naturels, comme le temps, ou sociaux, comme le comportement du groupe et son intérêt). On est confronté à un problème déontologique : le devoir du guide qui est un devoir d'une part didactique en insistant à donner aux touristes des informations sur le pays et d'autre part, un devoir socio-commercial (satisfaire au public). Un guide très rigide est perçu comme un enseignant avec une volonté de donner toutes les informations possibles sur le site. Bref, il n’entre pas en interaction avec la réalité du groupe et de la situation dans laquelle il se trouve. Cette souplesse que le guide doit maîtriser s'acquiert avec le temps et l'expérience.

La maxime de qualité est également utile pour la formation des guides : ils ne doivent fournir aux touristes que de vraies informations. Quand il s'agit des choses dont on n'est pas sûr, il vaut mieux se documenter d'abord, avant de les transmettre. Or, le guide est souvent confronté à des situations où il doit fournir des informations un peu délicates du type religieux ou politique étant donné, il est la seule personne disponible et capable à se communiquer avec les touristes et à qui on peut demander des renseignements sur le pays. Ainsi, il doit posséder des moyens linguistiques lui permettant atténuer ses propos et d’épargner la face de l'autre.

Ainsi, donner trop ou trop peu d'information, asserter quelque chose que l'on sait ou croit faux ou sans garantie quant à sa vérité, dire quelque chose sans rapport avec l'objet de la conversation, parler de manière obscure, ambiguë, prolixe ou encore désordonnée constituent, pour Grice, des comportements non coopératifs.