2.6.1.4. Incompréhension et malentendu

Dans tout échange, la compréhension se situe au centre de la communication. La compréhension, phénomène complexe dans les échanges entre natifs, est encore plus fragile dans les échanges entre natifs et étrangers. Cette fragilité est due à l'inégalité des compétences linguistiques mais aussi aux divergences dans l'interprétation influencée par la culture des interlocuteurs.

Les problèmes de compréhension réciproque ne se situent pas seulement au niveau du déchiffrage de l'énoncé, mais aussi au niveau des représentations que chacun se fait des intentions de l'autre, des objectifs et des enjeux de la communication. Ce doute permanent, cette mise en alerte devant les possibles ratés de la communication, entraînent chez les deux partenaires des conduites particulières pour réussir la communication.

Le malentendu, pour A. Giacomi, E. Houdaifa et R. Vion, est défini par "‘une divergence d'interprétation sémantico-pragmatiques effectuées par deux interactants à partir d'un même message dont l'un est principalement le producteur, l'autre l'interprétant’" 128 . Le plus souvent, la communication fonctionne avec des degrés de malentendus. C'est-à-dire que les divergences d'interprétation qui sont considérées comme négligeables pour les interactants, ne vont pas perturber le déroulement de l'échange. Par contre, si les divergences d'interprétation sont importantes, la communication sera interrompue provisoirement. Alors, l'un des partenaires pourra agir pour lever le malentendu en ayant recours à des stratégies de communication telle que la reformulation. Cependant, il arrive aussi que les interactants se donnent l'impression qu'ils se comprennent, comme une sorte de "dialogue de sourds". Le malentendu ayant été défini comme divergence d'interprétation par A. Giacomi, E. De Houdaifa et R. Vion, il convient de voir leur classement de différents types de malentendus rencontrés :

Selon C. De Heredia 129 , le malentendu qui se situe en quelque sorte à mi-chemin entre la compréhension et incompréhension, peut se définir de la manière suivante:

‘"Le malentendu est une illusion (temporaire ou permanente, s'il n'est pas levé) de compréhension entre deux ou plusieurs interlocuteurs. Chacun donne à un mot, à un énoncé, à une situation un sens qui lui est propre, mais qui diverge de celui de l'autre (…) Le malentendu se présente comme un double codage d'une même réalité par deux interlocuteurs différents". ’

Le malentendu pourrait être d'origine linguistique, phonétique ou culturelle. Ainsi, la communication exolingue est perçue comme une communication à hauts risques, cette attente des difficultés amène les participants à des conduites de type préventif. Chacun prend certaines précautions pour éviter les pièges du malentendu et de l'incompréhension. Ces conduites anticipatrices permettent de lever le malentendu avant même son apparition. Parmi ces conduites, De Heredia 130 distingue quelques unes :

Cependant, comme nous l'avons déjà mentionné, pour une réussite dans la communication exolingue, les partenaires doivent avoir recours aux stratégies de communication qui ne sont pas seulement d'ordre linguistique mais aussi interactif. Il faut alors tenir compte des aspects interactionnels de la communication qui souligne le fait que l'apprenant n'est que l'un des participants de l'échange et que cet échange ne peut donc être qu'une construction à deux. Il est donc essentiel d'accorder autant d'attention aux productions et aux stratégies du locuteur natif qu'à celles du locuteur apprenant puisqu'on observe en réalité un effort mutuel des deux interlocuteurs pour une réussite de l'échange.

Notes
128.

Giacomi A, Houdaifa E, Vion R (1984): Malentendu et/ou incomrréhensions dans la communication interculturelle: à bon entendeur, salut", in Communiquer dans la langue de l'autre, Noyau et Porquier. P. 84.

129.

De Heredia-Deperz C. (1986): "Intercompréhension et malentendus. Etude d'interactions entre étrangers et autochtones", Langue Française n°71, P. 50.

130.

De Heredia-Deperz C. (1986): idem, P. 60.