3.3.2.1. Phénomène pragmatique : monologal/dialogal

Nous distinguons le discours historique par sa forme monologale Il s'oppose au discours relationnel présent la plupart du temps sous une forme dialogale. Le guide détenteur du savoir historique et archéologique s'adresse dans son discours historique au groupe des touristes venu chercher ce savoir. Dans ce cas, il développe un discours monologal relativement long avec parfois de courtes interventions de la part des touristes comme nous le montre l'exemple suivant :

Exemple corpus Kérak :

G1 : alors on a dit que les croisés euh ou bien plutôt c'était pas xxx c'était lui qui a voulu changer de résidence en mille cent trente six après après Shobak qui est à côté de Pétra il a choisi la région de Kérak pour plusieurs raisons la voie royale qui passe à côté qui était fréquentée par les pèlerins qui était fréquentée aussi bien par les caravanes mais la région de Kérak qu'on voit là la terre élaborée qu'on a vu aussi tout le long le chemin qu'on a fait ben c'était pour tout ce qui est céréale et en plus une position stratégique par rapport à Jérusalem là où c'est euh dans cette direction à quatre vingt kilomètres à vol d'oiseau alors les croisés qui avaient les moyens comme chez les arabes à l'époque les seigneurs à feu et aussi les pigeons voyageurs les pigeons voyageurs ça ils ont appris par hasard xxx pigeon tombé ils ont vu qu'il y a une lettre accrochée à ses pattes puis ils l'ont lue puis ils ont appris ces techniques dans la région même aussi les cannes à sucre ils l'ont appris ici ils ne connaissaient pas le sucre en Europe déjà sukkar c'est en arabe alors c'était shugar sucre azucar en espagnol mais bon alors les cannes à sucre c'était surtout dans la région de la vallée d'araba et aussi à côté de de château de Shobak et alors euh ils ont choisi cet endroit déjà un endroit qui était fortifié euh depuis le sixième siècles qu'on qu'on a vu sur la carte de Palestine alors déjà c'était une ville euh qui était contrôlée déjà par les nabatéens après il y a les romains qui sont arrivés à l'époque chrétienne mais les traces qui restent c'est l'époque de croisé parce que les croisés ils ont ils ont utilisé tout ce qu'était monument autour de de de de de l'époque byzantine ou entre comme matière première et alors ils ont employé toutes les pierres qu'ils ont trouvé dans la ville pour remonter leur forteresse comme vous voyez les pierres qui sont des fois bien appareillés des pierres qui ne sont pas des fois des pierres de toutes de toutes les tailles on voit aussi un chapiteau qui est qui est mis ici dans dans le mur on va voir les statues mêmes des fois on trouve on trouve des épitares de tombaux qui ont été employés dans dans la construction et ces techniques de châteaux ils ont appris ça ici aussi dans la région parce que chez eux c'était très souvent des châteaux en bois alors ici ces techniques de construction ils ont acquis ça en construisant le château d'Antioche et accompagnés par les architectes orientaux sarrasins et ceux qui ont pu trouver ou bien trouver sur le chemin sur le parcours qu'ils ont fait alors après et c'était pour construire des châteaux comme ça surtout qu'on qu'on parle ici de sept sept niveaux niveaux étalés c'est pas là se reposer c'est étalé dans la cour supérieur là où il y avait quatre dans la cour inférieure il y avait trois et en partout du même technique c'est-à-dire que il fallait qu'ils ramènent la terre de la mettre en forme de voûte et travailler les mures en premier à peu près à deux mètres ou trois mètres après euh mettre la terre en forme de voûte et il fallait absolument qu'ils travaillent bien la première couche que les pierres soient bien alignées et après le reste c'était du remplissage et ils égalisaient le sol qu'on voit plus haut et recommencer plus haut les étages comme ça alors quand on dit que lui il a décidé en mille cent trente six de construire le château ici et qu'il a changé de résidence en mille cent trente deux est ce que c'était fini en six ans

T2: xxx

G2 : peut être peut être c'était une partie du château qui était fini ou bien lui il est arrivé alors ils ont profité de construction qui existait en tout cas c'est pas c'est pas bien clair mais on sait néanmoins on sait qu'en mille cent quarante deux là où il a changé de résidence et en plus non seulement le château mais il y avait toute une ville autour et la ville selon les écrits c'était ça faisait comme une labyrinthe il y avait pleine de ruelles

Cet extrait de la visite de Kérak nous semble représentatif dans la mesure où il montre la domination du discours monologal du savoir par rapport au discours relationnel. Le guide tient ici un monologue la majorité du temps avec une interruption par un touriste sous forme d'un commentaire ou d'une question. En revanche, dans le discours relationnel, l'échange verbal suppose une forme dialogale, et est initié soit par le guide soit par les touristes eux-mêmes.

Exemple corpus Jérash Moh'd :

T: xxxx

T : chanson française

G : en Syrie vous avez chanté ah oui

T : oui XXXX nous avons chanté au clair de la lune

G : comment il s’appelle au Claire de la lune

T : oui au clair de la lune (et la femme se mettait à chanter)

G : là on va chanter autre chanson vous savez vous connaissez les chansons on descend de la montagne à cheval (en chantant) vous la connaissez

Ts : oui oui

G : bon c’est bien on va la chanter au théâtre

Dans cet exemple, ce sont les touristes qui ont pris l'initiative de converser avec le guide. Mais la situation la plus fréquente est l'inverse, c'est le guide qui initie la conversation par ses remarques ou par ses questions directes posées aux touristes comme le montre l'exemple suivant:

Exemple: corpus Jérash Moh'd

[On entend l'appel du muezzin à la prière]

G : vous entendez aujourd’hui nous sommes le vendredi

T : ah c’est dimanche c’est le

G : c’est le dimanche chez vous

T : c’est le dimanche chez nous oui

G : et puis c’est le jour férié

T : oui oui

G : et on entend l’appel à la prière à la mosquée

T : oui

G : vous avez vu à Jérash il y a plusieurs mosquées là-bas

T : oui combien y a t il de mosquées

G : bon je sais pas exactement combien il y a mais dans la ville il y a beaucoup de musulmans

T : oui

G : c’est donc dans chaque quartier presque il y a un mosquée regardez par exemple là-bas en face il y a la minaret

T : oui oui

G : là on voit une coupole

T : oui

G : puis il y a un autre mosquée là-bas il y a un autre mosquée il y a quatre ou cinq mosquées ++