4.2.5.3. La dimension argumentative

Un autre aspect important qu'on trouve fréquemment en archéologie, compte tenu effectivement du caractère incomplet des données sur lesquelles travaillent les archéologues qui entraînent des hypothèses différentes, c'est la dimension argumentative. Le conférencier s'intéresse ici dans son discours aux problèmes de datation du site, donc il reconstitue logiquement ce problème et donne des hypothèses en citant des indices qui aident à trouver la solution. Voici quelques exemples de ce discours argumentatif lié à l'interprétation des données :

• (L69-70) "et là aussi vous verrez qu'à Jérash on va se heurter encore une fois au même problème c'est-à-dire le problème de datation des des éléments"
• (L87-93) "on a trouvé une autre inscription qui était une clé de voûte ici qui datait de vingt sept avec le nom de l'architecte qui permet de savoir que le bâtiment était euh terminé ou en voie d'achèvement en vingt sept vingt huit de notre ère ce qui fait que les inscriptions que l'on avait interprétées comme étant des dons et que le bâtiment était en cours de construction chaque fois que quelqu'un donnait un morceau donc à partir de trente deux jusqu'à euh cinquante quatre finalement avait été bien lu mais mal interprété là aussi encore une fois un autre problème c'est l'interprétation que l'on doit donner à nos données"
• (L112) "et se posait le problème du de la datation du rempart"
• (L130) "si l'on arrivait à dater la destruction de tout cela ça pouvait permettre d'avancer un petit peu dans l'ensemble de la compréhension"
• (L146-151) "par voie de conséquence euh de repousser à début quatrième siècle la construction du rempart à partir de ce moment-là le rempart n'étant plus du premier mais du quatrième on ne pouvait plus rien dire sur les rues on ne pouvait plus rien dire sur les portes euh tout était remis en cause c'est donc à partir de là euh qu'on s'est dit ben il y a quelque chose qui va pas il faut tout reprendre à zéro et heureusement là aussi euh les jordaniens avaient mis sur pied un gros projet"
• (L173-175) "ce bâtiment de soixante neuf soixante dix a été rasé probablement peut-être au moment de la deuxième révolte juive on a des discussions à ce sujet en tous les cas le bâtiment est rasé"
• (L209-215) "c'est pour vous montrer le plan de ce marché public qui est sur un plan centré avec des absides semi-circulaires et rectangulaires qui a été daté par une inscription que l'on aperçoit ici du début du second siècle mais dont on peut prouver par l'étude architecturale qu'il est certainement pas antérieur au troisième siècle et là aussi se pose le problème de l'interprétation que l'on donne mais quand on a des inscriptions il faut là aussi se méfier parce qu'il est pas sûr d'ailleurs même que cette inscription provienne bien de la fontaine il y a bien existé une fontaine ici mais il est pas sûr que ce soit le bloc de la fontaine qui était là"
• (L232-235) "donc se pose à travers ces sanctuaires un certain nombre de problèmes sur que se passe-t-il dans la ville pourquoi tout à coup un sanctuaire remplace-t-il un autre sanctuaire pourquoi ce projet finalement est abandonné alors qu'on reprend le précédent et que le précédent on le mène à terme"
• (L250-253) "maintenant si on reprend si on reprend ce qui se passe à Jérash et si on remet en chronologie tout ce qui a été trouvé on s'aperçoit d'une chose très claire c'est que les datations de tous ces éléments permettent d'appréhender une autre façon euh de voir l'organisation de la ville"
• (L299-301) " est-ce que Jérash est réellement un exemple type de ce qui s'est passé dans les autres villes je crois pas je crois que c'est un cas particulier et je pense que les fouilles montreront que dans les autres cités il s'est passé autre chose"

Enfin, on constate que l'organisation discursive chez le conférencier est différente car il cherche dans son discours à résoudre des problèmes liés au site. Pour cela on sent une prudence dans son discours compte tenu de ce fait. Par contre, le discours du guide est par nature, plus proche de la certitude car il parle des réalités et du déjà connu. Il est en quelque sorte un discours de "vulgarisation" qui se distingue du discours spécialisé par le fait qu'il schématise et qu'il simplifie les notions. Ainsi, le propre du discours de vulgarisation n'est sûrement pas de rentrer dans la complexité avec l'exposition de différentes hypothèses, mais plutôt de schématiser et de fixer davantage les choses.