4.4.1. Le conférencier

Dans la conférence originale de J. Seigne, nous ne trouvons pas d'explications sur chaque monument du site de Jérash, mais plutôt une présentation rapide de tous les monuments. L'extrait ci-dessous de la conférence portant sur le Macellum ne nous a pas paru suffisant pour établir notre comparaison entre les explications données par J. Seigne, le guide sur site et le Guide Bleu. Ainsi, nous nous sommes basés dans cette partie sur un discours qui a été enregistré hors du contexte de la conférence. Il s'agit d'une reconstitution faite par J. Seigne d'un discours qu'il aurait pu produire en conférence s'il avait voulu insister sur ce monument 176 .

Le conférencier commence ses explications 177 en situant le macellum par rapport aux autres monuments du site. Il parle ensuite des fouilles archéologiques qui ont permis la découverte du Macellum en enchaînant sur une description architecturale expliquant chaque partie du monument (portique de colonnes, mur de façade, trottoir, boutiques, porche orné de deux colonnes, cour intérieure, huit côtés, niches, dallage de pierre, fontaine monumentale, bassin). Il s'appuie pour sa description sur 7 photos.

Les explications données par la suite traitent principalement d'un problème de datation de ce monument :

  • "cette inscription n'est pas sans poser un certain nombre de problèmes …"
  • "il y a donc là un petit problème dans la mesure où on estime que le cardo est élargi …"
  • "donc il y aurait là y avait déjà là un petit problème d'interprétation mais le les archéologues espagnols avaient préféré cette hypothèse …"
  • "il y a une deuxième série d'anomalies …"
  • "tous ces éléments rassemblés permettent donc de douter de la datation adoptée pour ce monument …"

C'est un discours d'hypothèses qui explique et argumente prudemment autour de ce problème. Le conférencier utilise beaucoup d'éléments (adverbes, noms adjectifs, verbes au conditionnel, etc.) qui illustrent ses doutes, tels que : "semble-t-il", "deux preuves épigraphiques semblant indiquer que …", "ces éléments montrent déjà qu'apparemment deux portiques …", "on a plutôt tendance déjà à partir des éléments dont on dispose à croire que", "il est probable que", "laissait déjà largement supposer mais peut être surtout …", etc.

J. Seigne montre son désaccord avec les interprétations données par les archéologues espagnols concernant la datation de l'ensemble du bâtiment. En effet, ceux-ci le renvoient au deuxième siècle, tandis que Seigne avance plusieurs indices qui laissent supposer qu'on a réutilisé, pour construire ce monument, des éléments pris dans différents monuments de Jérash à une période qui est le troisième siècle. La partie de la conférence consacrée au Macellum témoigne de l'intérêt que J. Seigne porte aux problèmes de datation des monuments, voici l'extrait de la conférence originale portant sur Macellum :

‘"on aperçoit l'arrière plan ici un bâtiment extraordinaire qui est le marché public la fameuse rue perpendiculaire donc le decumanus principal et à l'arrière plan le temple d'Artémis je crois qu'il faut que j'aille un petit peu plus vite la la grande rue à colonnades où ça vous rappellera là aussi toutes ces grandes rues d'orient les mêmes traces que nous avons vues ailleurs euh ça c'est une photo d'une photo aérienne je suis désolé mais c'est pour vous montrer le plan de ce marché public qui est sur un plan centré avec des absides semi-circulaires et rectangulaires qui a été daté par une inscription que l'on aperçoit ici du début du second siècle mais dont on peut prouver par l'étude architecturale qu'il est certainement pas antérieur au troisième siècle et là aussi se pose le problème de l'interprétation que l'on donne mais quand on a des inscriptions il faut là aussi se méfier parce qu'il est pas sûr d'ailleurs même que cette inscription provienne bien de la fontaine il y a bien existé une fontaine ici mais il est pas sûr que ce soit le bloc de la fontaine qui était là" (L205-215)’

Ce discours relève du domaine spécialisé d'archéologie. Il s'agit également d'un discours de vulgarisation du fait qu'il s'adresse au grand public non spécialisé dans le domaine. Le conférencier essaie de rendre son discours compréhensible au public en définissant les termes spécialisés comme par exemple : "une niche disons un espace qui est soit semi-circulaire soit rectangulaire", "le lit d'attente c'est-à-dire le lit supérieur de la colonne", etc.

Notes
176.

En effet, dans la conférence, pour des raisons de temps, le conférencier n'a pas pu détailler cette partie qui nous intéresse, donc on lui a demandé de reconstituer son discours de conférence en détaillant sa description.

177.

Voir corpus en annexe n° 15.