4.4.2. Le Guide Bleu

HALLES ANTIQUES *** (macellum ; plan A2).

Le macellum ou marché de la ville date de 125 apr. J.-C., si l'on en croit l'inscription déchiffrée sur un piédestal de colonne dédiée au gouverneur de la province à cette époque. La délicatesse de sa forme s'accorde parfaitement avec l'urbanisme un peu sophistiqué de Jérash.

Une triple porte donne accès au bâtiment qui s'ouvre sur une cour intérieure bordée de colonnes disposées en octogone, au centre de laquelle une fontaine monumentale du même forme rafraîchissant l'atmosphère. Toutefois, par un savant jeu de courbes modifiant les angles, la fontaine présentait aussi un aspect cruciforme. Une statue de gouverneur devait être disposée en son centre, au-dessus de la gueule de félin crachant l'eau.

Autour de cette cour, dans les angles, de grandes exèdres semi-circulaires permettent de passer plus facilement du carré à l'octogone. À l'intérieur de ces pièces, de hautes tables posées sur des supports en forme de félin ou de capridé (gueule et pattes) étaient destinées aux changeurs. En fait, compte tenu des boutiques aménagées dans le portique d'entrée et à l'intérieur du bâtiment, on s'aperçoit qu'il s'agissait d'un marché assez important. Tout en étant parfaitement fonctionnel, le monument surprend par son élégance et son originalité.

(Le commentaire donné sur le plan du macellum) :

Plan du macellum, le marché de la ville qui, à l'époque romaine, était destiné aux produits alimentaires. Il fut en service jusqu'à l'époque omeyyade (VIIe-VIIIe S.), même si différents ateliers y furent aménagés (tanneries, ateliers de potier …).

(Un plan du monument est également fourni avec le texte).

Les éléments utilisés dans la présentation du monument sont variés. Nous retrouvons un texte de description du monument accompagné d'éléments paratextuels tels que : le plan du site et les trois étoiles qui notent la valeur esthétique du monument.

Le guide Bleu se contente de donner une description brève et essentiellement architecturale du monument. La référence à la datation du monument est donnée sous forme hypothétique "si l'on en croit l'inscription …". Cela confirme l'argumentation avancée par J. Seigne sur le caractère problématique de la datation du monument. Mais comme le Guide Bleu s'intéresse effectivement moins à ce type d'argumentation que le spécialiste, il se contente de le signaler au passage.

Le discours est à la fois descriptif et en même temps laudatif (la visée pragmatique d'un guide écrit étant de pousser son lecteur à se rendre sur place et à faire cette visite) avec des expressions de valorisation telles que : "on s'aperçoit qu'il s'agissait d'un marché assez important", "le monument surprend par son élégance et son originalité".

Quant au lexique utilisé, il s'agit des termes techniques qui désignent les différentes parties du monument (cour intérieur, exèdres, portique, piédestal, etc.). Nous retrouvons également d'autres caractéristiques appartenant aux textes écrits comme les phrases nominales (la délicatesse de sa forme …), les structures soutenues (compte tenu des boutiques … on s'aperçoit qu'il s'agissait …), usage du passé simple (fut, furent), etc.

La description dans la guide Bleu est purement architecturale. Un schéma du macellum est fourni comme support du texte afin de faire apparaître cette description architecturale. Ce côté formel du plan est donné par rapport à la réalité des choses, ce qui indique une description abstraite. On trouve ici une opposition très nette par rapport au discours du guide sur site. La dimension interactionnelle est ainsi absente parce qu’il s’agit tout simplement d’un écrit.