4.5.3.2. La gestion discursive

Nous remarquons l'absence des phénomènes tels que les reformulations, les particules énonciatives, etc. qui aident à la construction discursive des énoncés.

Un autre problème qui relève de la gestion discursive concerne cette fois ci l'enchaînement des phrases dans le discours. Le guide n'introduit pas de conjonctions ou de connecteurs qui aident à enchaîner les énoncés et les informations. Il cite les raisons pour lesquelles le calife a fait construire le château sans savoir comment les relier les unes aux autres : il accumule les raisons en disant "un autre il dit que…un autre il dit non … un autre raison raconte …".

Un autre problème touche cette fois-ci les explications que le guide fait sur les monuments et la difficulté de se faire comprendre. Prenons par exemple l'extrait où il essaie d'expliquer l'usage des terres :

L69-72 : "‘mais ce qu'il a utilisé pour faire le savon on mette avec l'huile sur le feu avec trois jours non pas trois jours trois heures ça peut être comme le savon qu'il a utilisé dans le château par le califat le califat il a utilisé ça comme des terres car on a trouvé des terres aussi comme euh et et on dit pour venir reposer ou pour venir et chasser les animaux donc c'étaient des terres utilisées pour nettoyer pour comme le savon aujourd'hui’"

Cet extrait commence avec une explication du technique de fabrication du savon "on mette avec l'huile sur le feu avec trois heures", mais cette information est coupée par une autre "et on dit pour venir se reposer ou pour venir et chasser les animaux", qui n'est pas reliée au reste ce qui gêne la compréhension. Il accumule les informations sans aller jusqu'au bout de ses explications. Ces informations ne sont pas reliées entre elles par la hiérarchie habituelle, entre énoncé principal et énoncé secondaire sous forme parenthétique. On a donc un problème de gestion discursive dans l'enchaînement des informations. De plus, nous trouvons deux acceptions du mot "terre" qui se télescopent : des terres pour venir se reposer, au sens du mot "domaine" et "terre" utilisé comme le savon au sens de matériau.

Un autre extrait dans lequel le guide essaie d'expliquer le fonctionnement du puits :

L74-78 : "‘on a dit dans le château il y a un puit qui s'apporte les terres heu les sables de (duances ?) comme dans le passé ils ont utilisé soit les ânes pour faire les tours ils tournent qui est lié avec une corde avec le puit pour lui faire sortir l'eau peut être ils ont utilisé des animaux peut être des hommes donc le puit c'est entre dix sept et vingt mètres de profondeur et il est lié avec la canalisation avec les thermes qui se trouvent derrière’"

Comparons cet extrait avec les explications données par J. Seigne sur le même sujet:

‘"un autre petit ensemble formé par l'emplacement d'une noria qui est le numéro onze c'est à dire l'endroit où un dromadaire un âne un animal quelconque tournait à longueur de journée pour manoeuvrer une charquilla c'est à dire une euh une oreat oui enfin un appareil qui permettait d'élever l'eau d'un puits qui est le numéro dix avec un système de chaîne à godet sans fin et qui déversait l'eau dans une citerne surélevée qui est le numéro neuf c'est à partir de cette citerne surélevée que l'eau était distribuée dans les différentes parties du bâtiment de Quseir Amrah par l'intermédiaire de canalisations souterraines mais donc l'eau était donc amenée en trois endroits particuliers" 178

D'après cette comparaison entre les explications données par le guide et celles de l'archéologue, nous constatons que le manque de lexique spécialisé chez le guide rend la compréhension de son discours difficile. J. Seigne utilise des mots techniques comme "noria, charquilla, oreat, citerne" qui peuvent faciliter l'explication du fonctionnement du puits à l'époque.

Le discours du guide est moins organisé que celui de J. Seigne à cause de plusieurs choses : le manque d'effets d'annonce qui permettent de prévoir ce qui va venir dans le discours, l'absence de balisage dans le discours pour relier les différentes informations et enfin des informations simultanées non achevées qui rendent la compréhension difficile.

Notes
178.

Tous les numéros utilisés par J. Seigne dans cet extrait renvoient aux documents et aux plans qu'il a utilisés pour donner ses explications sur les monuments.