adresse collective ou individuelle

La différence de situation entraîne aussi une différence dans la gestion du discours : à qui s'adresse-t-on ? L'hypothèse qu'on peut faire, dans une visite sur site, est que le guide s'adresse généralement au groupe et ce n'est qu'au moment des déplacements ou vers la fin de la visite que le guide peut avoir des discussions individuelles avec un ou plusieurs touristes.

Par contre, dans le car, on peut avoir plus d'alternance entre des adresses collectives et des adresses individuelles. Cela s'explique d'une part, par la situation physique et spatiale dans le car ; cette proximité physique entre le guide et les touristes impose forcément plus de contact et de discussion entre les deux parties. D'autre part, elle s'explique également par le caractère du discours potentiellement ouvert dans le car, ce qui laisse la place à des attitudes plus différenciées que sur les sites.

Dans cette adresse aux touristes, nous retrouvons ce que C. Kerbrat-Orecchioni appelle "la dimension théâtrale" : lorsqu'un touriste pose une question au guide, il répond souvent en s'adressant à tout le monde. La parole du guide est ainsi une parole qui se produit dans le contexte polylogal, et le di-logue entre un touriste et le guide est fait pour être entendu par le groupe.

En effet, un guide qui privilégie beaucoup certains interlocuteurs avec lesquels il discute crée souvent une certaine gêne voire une hostilité dans le groupe. Pareillement, un guide qui, pendant son discours historique sur le site, s'adresse plus particulièrement à un touriste dans le groupe car il est par exemple le spécialiste d'histoire ou d'archéologie en laissant un peu de côté les autres peut générer des problèmes dans la relation entre lui et le groupe. Dans l'autre sens, l'éloignement de certains touristes pendant que le guide fait son discours peut être agaçant voire angoissant pour lui, dans le sens où il ne sait pas pourquoi ils ne suivent pas son discours : est-ce par rapport à son dire qui est ennuyeux et inutile pour eux ? Sont-ils fatigués ou saturés du discours ? Donc, une double inquiétude vis-à-vis du discours du guide chez les deux partenaires de l'interaction.