Les différentes appellations concernant les dénominations du français sur objectifs spécifiques que nous évoquerons ci-après sont à la fois le reflet de l’évolution des méthodologies didactiques et de l’importance accordée aux éléments constitutifs de ce domaine : le type de discours spécialisé, le public, les objectifs et la pédagogie. D. Lehmann présente clairement ces différentes appellations dans son ouvrage Objectifs spécifiques en langue étrangère 185 .
D'autres termes, véhiculant tous une certaine perception des langues de spécialité ont également fait leur apparition et nous trouvons des appellations telles que "Le français appliqué" et "l'enseignement du français à des publics spécifiques". Devant cette diversité terminologique, l'AUPELF propose en 1977 de parler "d'un enseignement du français en fonction d'objectifs spécifiques", terminologie reprenant en partie "English for Specific Purposes". Mais comme nous le remarquons, la longueur de l'appellation n'en facilite pas l'utilisation, pour cela elle est devenue par la suite "français sur objectifs spécifiques". Nous retenons cette appellation, l’une des premières dénominations utilisées, dans le cadre du contexte de ce travail.
La variété de ces formules, qui représentent de véritables jalons dans l’histoire de la didactique du français sur objectifs spécifiques, témoigne de la difficulté à circonscrire ce domaine d’une façon satisfaisante. Cependant, malgré la diversité des points de vue, des méthodologies auxquelles elles renvoient, des publics concernés ; derrière toutes ces formules nous percevons la présence d’une constante : les différents publics apprennent une langue pour en faire un usage déterminé dans un contexte déterminé, avec des objectifs concrets.
Nous résumons les différentes tendances des théoriciens concernant les langues de spécialité. Pour certains, il y a plusieurs sortes de langues : la langue générale et les langues spécialisées qui se caractérisent par une syntaxe un peu différente. Pour aborder n'importe quelle langue de spécialité, il faut donc avoir atteint un véritable niveau de langue générale. Pour d'autres, les langues de spécialité ne signifient pas une langue scientifique mais des langues utilisées dans des buts spécifiques. Donc, il y a plusieurs langues qui sont différentes selon les besoins et les objectifs. Il est aussi nécessaire de prendre en compte la variété des situations.
Cependant, il existe un nombre important des critères qui définissent l'enseignement des langues de spécialité et les distinguent des autres types d'enseignement de langue. Nous retenons ainsi certains de ces traits définitoires qui constituent l'originalité de l'enseignement des langues de spécialité et que nous avons jugé les plus pertinents : le public et la finalité de l’apprentissage.
Cf. : - D. Lehmann (1989) : « Publics spécialisés : quelques éléments de lexique », Reflet, n° 31, P. 19- D. Lehmann (1993) : Objectifs spécifiques en langue étrangère. Hachette.
G. Alvarez, M. Aupecle (1977) : «français instrumental et français fonctionnel», in Actes de la deuxième rencontre mondiale des départements d’études françaises, organisée par AUPELF. Strasbourg, 17-23 juillet, P. 19
Cortès (1977) : « rapport introductif : français scientifique, français instrumental et français fonctionnel, essai de définition », AUPELF, Strasbourg.
L. Porcher (1976) : « Monsieur Thibaud et le bec Bunsen » Etudes de Linguistique Appliquée, n° 23 juillet -sep, Paris, Didier, P. 16.
Voir au sujet de la notion « enseignement fonctionnel du français » L. Porcher (1976) : « Monsieur Thibaud et le bec Bunsen » Etudes de Linguistique Appliquée, n° 23, P. 16.
S. Eurin, M. Henao (1992 ) : Pratiques du français scientifique, éd. Hachette/AUPELF, Paris.
M. Henao (1989) : « Publics spécialisés » Reflet n° 31 juin, P. 18-27.