6.4. Les méthodes de français du tourisme : synthèse comparative

Nous envisageons de travailler non pas sur une méthode de français de tourisme généraliste du fait qu'elle vise plusieurs métiers de tourisme, mais sur un matériel plus spécifiquement adapté au métier de guide touristique en Jordanie et à un certain type du public constitué par les étudiants des départements de français des universités. L'analyse des méthodes, jointe au travail que nous avons mené sur les discours authentiques des guides jordaniens, nous permet d'envisager des réorientations à intégrer dans l'élaboration de notre matériel didactique.

Chaque méthode a ses qualités et ses défauts. Il n'y a pas de méthode parfaite quand son élaboration doit tenir compte de plusieurs contraintes : le niveau du public (débutants, faux-débutants ou niveau avancé), les objectifs visés, les contraintes institutionnelles (la durée du cours, la disponibilité du matériel), etc. Nous avons recensé quatre méthodes de français du tourisme présentes actuellement sur le marché :

• La Voyagerie ¹⁹⁶
• Les Métiers du Tourisme ¹⁹⁷
• Le Français du Tourisme ¹⁹⁸
• Le Français de L'hôtellerie et du Tourisme ¹⁹⁹

Chaque méthode a une organisation différente des autres, fondée sur les actes de parole, sur des situations de communication, etc. Par exemple, la présentation dans "La Voyagerie" est fondée sur les actes de parole (localiser, décrire, informer, expliquer, conseiller, etc.), tandis que "Les Métiers du Tourisme" et "Le Français de L'hôtellerie et du Tourisme" sont organisées selon les situations ou plutôt les "lieux" de communication (à la réception, au restaurant, transports, etc.). L'organisation de la méthode "Le Français du Tourisme" s'articule selon des thèmes généraux (moyens de transports, les vacances, etc.

Le tableau comparatif ci-dessous présente les caractéristiques didactiques de deux méthodes : "La Voyagerie" et "Les Métiers du Tourisme" :

De cette présentation, nous pouvons tirer les remarques suivantes :

• "Les Métiers du tourisme" déclare explicitement les métiers auxquels chaque section est liée (l'opérateur touristique qui s'occupe de transports, l'opérateur touristique qui travaille dans un hôtel, celui qui travaille dans un restaurant, l'employé dans une agence de voyage et un guide touristique). En revanche, dans "La Voyagerie" les métiers apparaissent au cours des activités proposées. Son organisation dépend en premier lieu des actes de parole qui organisent chaque chapitre.
• Dans "La Voyagerie", nous avons remarqué la présence d'un plus grand nombre de documents écrits authentiques et oraux fabriqués et d'un contenu touristique plus riche et diversifié que les documents dans "les métiers du tourisme".
• Les points grammaticaux nécessaires à l'accomplissement du travail sont exposés explicitement dans les deux méthodes et sont mis en œuvre à travers des exercices classiques.
• "Les métiers du tourisme" est organisée en fonction des professions, ainsi il n'y a pas d'ordre fixe à suivre, on peut choisir de commencer par le métier sur lequel on veut former les étudiants. De même, "La Voyagerie" ne suit pas un ordre fixe dans l'organisation des chapitres ni dans le découpage des professions ni sur les plans linguistique ou didactique. Par conséquent, l'enseignant a le choix de sélectionner le contenu de son cours dans les deux méthodes sans avoir l'obligation de suivre tout l'ouvrage imposé.
• En ce qui concerne les activités et les exercices d'entraînement sur les discours oraux des guides, 8 activités uniquement ont été repérées dans "La Voyagerie" traitant ce sujet, et sans prise de conscience de modèles préalables pour entraîner les apprenants à une telle activité. En revanche, "Les Métiers du Tourisme" consacre une section de trois dossiers sur les guides avec également des activités de production de discours de guide qui s'appuie sur la présentation du modèle de discours.

Notre préoccupation principale concernant plus spécifiquement les discours des guides touristiques, nous avons recensé tous les discours des guides dans les deux méthodes. Il y en a, en fait, assez peu. Dans "les Métiers du tourisme", trois ont été repérés, tandis que dans "la Voyagerie" aucun n'est présent. Cela s'explique par le fait que ces méthodes sont éditées et mises sur le marché en visant un public assez large en fonction non pas d'un seul métier précis mais d'un champ professionnel large qui est le tourisme. Par contre, dans notre formation, nous visons une fonction très précise, ce qui implique d’avoir recours à un matériel plus spécialisé que celui qui se trouve dans les méthodes.