6.5.1.4. Le matériel élaboré

Les activités pédagogiques s'appuient sur les enregistrements des discours de guides touristiques effectués en Jordanie à cette fin. La majorité sont des activités orales et nous donnons un exemple d’activité destinée à développer d'autres compétences telles que la compréhension écrite en exploitant quelques documents écrits.

Un travail de recomposition des documents est jugé nécessaire car les enregistrements sonores que nous possédons sont difficiles à introduire dans la classe tels qu’ils sont. La "décontextualisation" des discours en les retirant de la situation de communication pose des problèmes de compréhension car ils ne sont pas composés uniquement d'éléments verbaux mais également d'éléments visuels, évidemment absents d’enregistrements audio. Nous utilisons ces discours réels afin d’obtenir des documents plus authentiques que ceux qu'on trouve dans les méthodes, en gardant les caractéristiques essentielles des discours du guide, mais cela nous oblige à les traiter pour en faire des documents pédagogiques pertinents. Certains, parmi ces discours peuvent être introduits tels quels, sans modifications liées à la décontextualisation, à la fin de l'apprentissage lorsque les étudiants auront un niveau plus avancé.

L'utilisation des discours réels pour les enseignants a deux fonctions : la première, c'est la prise de conscience par l’enseignant puis par les étudiants, des caractéristiques des discours, ensuite la réutilisation comme matériels pédagogiques dans la formation comme cela vient d’être dit.

Nous travaillons ainsi sur la base des discours réels afin de recueillir les caractéristiques discursives et de pouvoir les reproduire dans des discours reconstitués, mais une question se pose : jusqu'où reprend-on les discours authentiques sur le plan linguistique ? en d’autres termes, conserve-t-on les erreurs liées au statut de non natifs des locuteurs ? Est-il vraiment gênant d’exposer des étudiants jordaniens à des discours comportant des erreurs morphologiques ou syntaxiques, sachant que ce sont celles qu’ils produisent probablement eux-mêmes dans les différentes phases de leur apprentissage ? Spontanément aucun enseignant n’accepte volontiers cette idée. Derrière cette interrogation et la réponse qu’on y apporte se profilent deux conceptions différentes de l’apprentissage. Soit on considère que les discours auxquels on confronte les étudiants dans la classe sont les discours sur lesquels ils appuient leur apprentissage, et que présenter des discours avec des fautes risque d'entraîner un apprentissage de fautes, et cela aucun enseignant ne le souhaite, c'est totalement contradictoire avec l'objectif de l'enseignement. Soit, on considère que les discours qu'on présente aux élèves, même s'ils comportent un certain nombre d'éléments qui ne sont pas tout à fait standard, ont très peu de chance d'influencer l'apprentissage, que l'apprentissage des étudiants ne passe pas par la simple reproduction de micro éléments linguistiques auxquels ils sont exposés et qu’il n’est donc pas gênant de garder ces erreurs. C’est cette seconde option qui est la nôtre, nous considérons qu’exposer des discours qui ne sont pas tout à fait standard n'est pas un problème en soi, surtout lorsqu'on ne se focalise pas sur des activités de reproduction de structures, mais que l’on s’attache à étudier la construction discursive et à rechercher l'information. Il faut cependant signaler, que nous ne proposons jamais aux étudiants des discours comportant de nombreuses erreurs. Nos reconstitutions adoptent donc une attitude moyenne entre le rejet de complet des écarts par rapport à la norme et leur conservation.

Nous résumons ainsi les modifications effectuées sur les discours authentiques :