6.5.1.6. Quelle authenticité pour les situations ?

Il nous faut évoquer la difficulté de mise en œuvre de certaines compétences jugées intéressantes dans la formation des guides : c’est le cas de la combinaison entre discours relationnel et discours historique à travers la présence des aléas et des événements situationnels. La simulation dans la classe a des limites qu'on ne peut pas dépasser. Si simuler le contact avec le public est possible à travers les jeux de rôles, d’autres discours ne peuvent pas être produits en dehors des conditions naturelles. Le meilleur moyen de faire pratiquer les éléments des discours qui nous intéressent, c'est alors de mettre les étudiants le plus possible en situation réelle de façon à ce qu’ils puissent intégrer les éléments aléatoires qui se produisent sur site dans leur discours. Avec des discours très ancrés dans la situation de communication, certaines choses sont possibles en classe (les discours sur les objets par exemple, par le recours à des photos), d’autres non. On peut envisage d'utiliser les outils qui se trouvent sur place : à l'université du Yarmouk, existe un musée archéologique qui représente un cadre extérieur par rapport à la classe pour effectuer une visite et en même temps ne nécessite pas un déplacement important comme dans le cas d'un site archéologique. Prévoir des visites au musée afin d'entraîner les étudiants à être dans une situation réelle de visite est un élément intéressant à introduire dans la formation. Le musée partage certains points communs avec le site : la présence physique des objets et le déplacement entre ces objets, qui ont un impact identique sur le discours quel que soit le lieu. La différence réside dans les éléments perturbateurs qui sont moins fréquents dans un musée qu'à l'extérieur.

Une autre solution peut consister à proposer aux étudiants de préparer la visite des bâtiments de l'université. Il s'agit d'une situation presque identique qui demande une certaine préparation de la part des étudiants chargés d’organiser la visite : un recueil des informations à donner (date des constructions, usage des bâtiments, historique de l'université, etc.), le choix d’un itinéraire à suivre avec un déplacement entre les différents bâtiments, etc. L'objectif est d'entraîner les étudiants à réaliser des visites (en créant des conditions à peu près similaires) alors même que les visites sur sites sont impossibles du fait de l’éloignement et des contraintes institutionnelles.

En conclusion, nous visons une approche globale de l'enseignement et de l'apprentissage dans la mesure où notre objectif est de favoriser la production de discours de guides. Le type d'éléments discursifs qui nous intéresse, comme par exemple la reformulation, n'est pas possible à introduire en classe avec des exercices classiques. Ainsi, le seul moyen est de mettre les apprenants dans des situations de communication plus globales afin de pratiquer et améliorer progressivement la production du discours. Ce qui se développe également avec la pratique de la langue ce sont les compétences acquises dans la langue maternelle : plus la pratique du français se développe, plus ce qui relève de la spontanéité du discours qu'on sait faire habituellement dans sa langue maternelle va s'inscrire progressivement dans la langue étrangère.