Corpus 15 : discours de Jacques Seigne sur le château Amra

Locuteur - archéologue Jacques Seigne
Lieu - Lyon
Situation de communication - discours reconstruit par Seigne destiné à être utilisé dans la formation des guides touristiques
Date - avril 2001

J. Seigne : si on regarde le site de Quseir Amra qui est en fait le deuxième monument classé dans le patrimoine mondial de l'Unesco en Jordanie ce site a été classé pour une raison majeure c'est qu'il est le seul bâtiment au monde ayant conservé les traces d'un décor peint d'époque omeyyade alors Quseir Amrah ou plutôt Quseir Amrah comme son nom véritablement l'indique est un des châteaux du désert mais c'est un terme qui est impropre puisqu'il est assimilé aussi bien à Kharaneh qu'à Hallabat voir d'autres châteaux qui sont véritablement des châteaux du désert Quseir Amrah n'est qu'une annexe d'un complexe palatial omeyyade dont on ne se rend absolument plus compte aujourd'hui dans la mesure où le château lui-même n'existe plus que sous forme de ruine très très arasées à quelques centaines de mètres à l'ouest du petit bâtiment connu sous le nom de Qseir Amrah alors sur le plan numéro un on se rend mieux compte de l'ensemble du site de Quseir Amrah on voit très bien que les monuments sont implantés à proximité du Boutun pour le château donc sur le premier plan on voit le plan du château complètement en haut à gauche les restes de plan justement de cette résidence palatiale et on voit très bien que ce que l'on visite aujourd'hui du Quseir Amrah est en fait implanté lui au milieu du Wadi sur une petite île entre guillemets enfin c'est plutôt une protubérance du Wadi et ce bâtiment qui lui est extrêmement bien conservé puisque toutes ses voûtes sont en place ses peintures et ses décors peints sont en place et conservés au milieu du Wadi se trouve être en fait essentiellement des thermes c'est à dire un balneum c'est un endroit où on prenait des bains chauds avec tipidarium cadarium enfin on va le voir tout à l'heure mais il offre la particularité d'être associé à une salle que l'on considère comme une salle d'audience faute de mieux dans lequel le calife ou son représentant était censé recevoir ses hôtes ce type de structure n'est pas unique disons le tout de suite on a un autre exemple en Jordanie qui est tout à fait semblable c'est Quseir Hallabat qui est bien connu aussi pour son palais omeyyade bien mieux conservé puisque lui il est en élévation et qui est en fait est associé aussi à un système thermal c'est hammam el-Scharaq, là le terme ne trompe pas du tout parce que vous voyez le terme a été gardé c'est hammam donc les bains et le plan des bains de hammam el-Scharaq sont enfin est extrêmement semblables à celui de Quseir Amrah on va retrouver la partie thermale plus une grande salle en trois parties, en trois nefs que l'on va retrouver sur Quseir Amrah alors si on prend le deuxième plan qui concerne le détail de Quseir Amrah donc de la partie visitable aujourd'hui on s'aperçoit qu'il y a plusieurs éléments alors il y a d'abord un périmètre qui est protégé on voit avec un espèce de mur un éperon que le mur numéro douze sur le plan qui vous est fourni qui protège en fait deux grands ensembles le Quseir qui se visite lui-même un autre petit ensemble forme par l'emplacement d'une noria qui est le numéro onze c'est à dire l'endroit où un dromadaire un âne, un animal quelconque tournait à longueur de journée pour manoeuvrer une charquilla c'est à dire une euh une oreat oui enfin un appareil qui permettait d'élever l'eau d'un puits qui est le numéro dix avec un système de chaîne à godet sans fin et qui déversait l'eau dans une citerne surélevée qui est le numéro neuf, c'est à partir de cette citerne surélevée que l'eau était distribuée dans les différentes parties du bâtiment de Quseir Amrah par l'intermédiaire de canalisations souterraines mais donc l'eau était donc amenée en trois endroits particuliers, un la partie chaude des bains et la partie d'accès qu'est la grande salle A trois qui est la un B un A un C dans lesquels se trouvait une fontaine donc on a effectivement une fontaine dans la partie de réception puisque c'est ce qu'on considère comme la partie de réception de l'ensemble si on considère maintenant cette partie de Quseir Amrah celle qui se visite et qui a gardé ses peintures et ses toitures voûtées puisque tout est en maçonnerie cet ensemble comporte en fait deux grands ensembles même si aujourd'hui il n'en forme plus qu'un seul et ils n'en ont jamais formé qu'un seul bien sur mais on peut à la limite distinguer deux grands éléments un la partie que se trouve la plus à l'ouest et former uniquement de la grande salle un A un B un C plus les salles deux trois et quatre et puis la partie proprement thermale des salles cinq six sept A et sept B bon les salles cinq six sept A et sept B on y reviendra rapidement dans la mesure où ce sont des thermes classiques avec une salle de déshabillage la salle cinq une salle tiède la salle six avec une petite piscine et la salle sept qui est la salle chaude donc l'équivalent du calnarium dans la partie gréco-romaine des thermes avec deux petites piscines qui sont les deux petites alcôves semi-circulaires que l'on aperçoit l'eau était chauffée sur une fournaise en sept B qui était alimentée elle-même par une salle de service la salle huit qui est a l'extérieur donc cette partie thermale n'a rien de particulier par rapport à des thermes classiques sinon qu'il s'agit de thermes de petites dimensions mais surtout parce qu'elles ont aussi conservées une grande partie de son décor à la fois peint mais aussi en marbre puisque la partie inférieure des murs était recouverte de marbre aujourd'hui malheureusement disparut mais on en a les preuves archéologiques, et la partie supérieure des murs et des voûtes avaient reçu au contraire un décor peint à l'image du reste du bâtiment les peintures de la partie thermales sont peut-être moins intéressantes que la grande salle de réception pour des raisons assez compréhensibles il faut quand même noter que sur la salle sept A vous avez une représentation du zodiaque qui est une représentation assez exceptionnelle puisqu'il s'agit d'une des rares représentations anciennes que nous ayons du zodiaque et elle occupe toute la voûte et elle a fait d'ailleurs l'objet d'une publication récente par des astronomes qui ont travaillé sur la représentation du zodiaque par les omeyyades et on sait que les omeyyades sont des observateurs de l'univers bien connus qui ont d'ailleurs donné leurs noms à leurs étoiles tels que nous les employons encore aujourd'hui la partie la plus importante et la plus intéressante est donc formée par le groupe de salles un deux trois qui sont, qui est donc associée en fait à la partie thermale ce groupe de salle que l'on interprète comme une grande salle de réception pour le maître des lieux pour une raison assez simple, c'est le décor peint qui permet de le dire c'est à dire que l'ensemble est couvert de peinture aussi bien que les murs que les parois que les voûtes ou les arcs c'est à dire que la peinture est absolument un élément couvrant; seule la partie inférieure des murs était recouverte de marbre alors la niche centrale de donc de la salle deux le mur de fond de la niche centrale qui fait donc face à l'entrée est décorée d'une représentation d'un roi trônant ou d'un empereur trônant ou d'un calife trônant suivant d'ailleurs le principe tout à fait byzantin et c'est à partir de cette représentation que l'on peut supposer qu'effectivement il y avait là une salle d'audience une salle de réception d'un calife ou de son représentant le reste des compositions picturales est assez surprenant dans la mesure où l'on a associé divers thèmes qui sont des thèmes par exemple de constructions dans la voûte principale la voûte un A on a sous la forme de petits panneaux juxtaposés des schémas de constructions d'un bâtiment depuis l'extraction de la pierre dans une carrière jusqu'à la mise en oeuvre et cetera on a aussi d'autres représentations qui sont des représentations assez classiques de scènes de chasses et notamment sur la scène un B sur la face latérale on a une scène de chasse à l'onagre avec des personnages cachés derrière des filets qui ont pour but de rassembler les onagres dans une zone comme une nasse dont on connaît d'autres exemples depuis des temps très anciens et on sait aussi par les traditions que l'onagre donc l'âne sauvage était une bête chassée et très prisée par les califes omeyyades et dont certains allaient jusqu'à marquer ces bêtes sur leurs sabots pour marquer leur appartenance donc au calife il y a des scènes beaucoup plus surprenantes à première vue ce sont par exemple les représentations que l'on a de part et d'autres de la fenêtre de thèmes comme l'histoire les sciences donc des allégories figurées suivant des principes très gréco-romain et on pourrait s'étonner de les voir figurées sur un monument omeyyade encore plus étonnant peut-être pour des gens qui sont pas habitués à la période Omeyyade c'est de voir des représentations de personnages justement d'hommes d'animaux et en particulier de femmes dont certaines sont très dénudées puisqu'on a des représentations de femmes au bain il s'agit là aussi de représentations qui n'ont rien en fait d'anormal en cette période de l'Islam qui est un qui est une période où on a des représentations à tout niveau aussi bien du corps humain et on sait bien que les interdits viendront que beaucoup plus tard il y a un élément qui reste cependant tout à fait aléatoire pour l'instant sur ce monument c'est la date de construction sa date de construction n'est pas très bien connue puisque malheureusement on ne sait pas qui a fait construire cet ensemble on a un indice tout simplement parce que dans l'une des salles vous avez une représentation de rois notamment de personnages avec leurs noms indiqués et donc on a un roi wisigoth qui est en fait le dernier roi wisigoth vaincu par les musulmans, un roi wisigoth d'Espagne et on fait à partir de cet élément on suppose que les peintures sont postérieures bien sûr à la conquête de l'Espagne par les Omeyyades donc postérieur à sept cent onze qui est la date où les musulmans vont vaincre ce roi wisigothique donc le monument sera attribué à la seconde partie de la période omeyyade c'est à dire dans la période qui va de sept cent quinze à sept cent cinquante huit et peut-être est-ce un des califes je crois que c'est Yasine II qui a pu construire ce monument mais là les questions restes quand même complètement ouvertes mais il semble bien que le monument ne soit pas inférieur à sept cent onze en dehors de ces scènes il faut bien reconnaître que les salles que vous avez notamment les salles trois et quatre restent totalement inexpliquées même si elles ont un sol mosaïque beaucoup plus riche que ce que l'on peut voir par ailleurs puisque le sol de la grande pièce n'est pas le sol que l'on voit actuellement qui est un sol restitué qui est un sol moderne mais le sol de la grande pièce était probablement pavé de marbre tel qu'on a pu le déterminer d'après quelques fragments retrouvés le sol actuel ne fait que reprendre les motifs des empreintes conservées dans le béton de pose qui avait été conservé et on a quand même donc une différence entre le sol de la salle principale qui est un sol de dallage et les salles, les deux salles latérales qui sont mosaïquées mais dont la fonction reste pour l'instant assez indéterminée et on ne sait pas trop à quoi ils servaient le dernier point peut-être à soulever c'est la fontaine à l'intérieur du bâtiment et dans le coin supérieur droit donc de cette salle tripartite cette fontaine se retrouve aussi à hammam mcharaq et il semble bien que bien entendu l'eau a toujours constituée l'eau et l'eau fraîche en particulier a toujours constitué un élément fondamental dans les salons de réceptions et là c'est peut-être simplement lié au fait de rafraîchir une pièce tout en offrant la possibilité à certains de s'abreuver au moment des réceptions dès sa découverte le château de Quseir Amrah enfin surtout le château de Quseir Amrah puisque c'est juste une annexe du château a posé de nombreux problèmes le décor peint dont on vient de parler a bien sur soulevé un certain nombre de questions qui semblaient en contradiction flagrante avec ce qu'on savait de l'Islam du moins de ce que l'on croyait savoir de l'Islam et du début de l'Islam en particulier les représentations humaines répétitives il y a là je crois plus de cent cinquante personnages représentés le fait aussi que l'on ait des textes grecs mêlés à des textes arabes dans les peintures le fait que l'on ait surtout des femmes et des femmes plus ou moins dénudées dans des scènes de bains ont fait supposer un certain nombre de choses on a même vu écrit de temps en temps qu'il s'agissait d'une plus ou moins d'une maison close d'un endroit réservé etcetera je crois qu'il convient de dire et les recherches récentes le montrent Quseir Amrah n'était d'abord pas isolé c'est le monument qui nous est parvenu conservé mais tous les autres châteaux ont livré des peintures et des peintures figurées fragmentées bien entendu parce qu'elles sont retrouvées en fouille en petit morceau mais donc il ne s'agit pas d'un cas particulier il s'agissait d'un cas beaucoup plus général et l'iconographie de ces châteaux nous échappe d'ailleurs en très grande partie parce que justement ils ne sont pas conservés dans leur totalité ce qui est extraordinaire dans Quseir Amrah c'est que l'ensemble des scènes est conservé, et cet ensemble de scènes apparemment disparates dans un premier temps montre bien qu'on a à faire à des influences diverses ce qui se comprend très bien à l'époque omeyyade puisque les Omeyyades ont aussi bien conquis le Maghreb et une partie une partie du sud de l'Europe mais également tout le domaine iranien et on a là avec des gens qui ont bien sûr des possibilités financières politiques militaires de faire venir ou de convier à leur cour un certain nombre d'artistes des artistes venus de tous bords exactement comme on a eu aussi dans certaines villes médiévales la possibilité de faire venir aussi bien des italiens en France que des français en Italie pour faire tel et tel type de peintures ou de sculptures donc je crois qu'il faut voir et là je crois que les recherches récentes le montre aussi bien par le docteur Ghazi Bisheh que par Claude Vibert-Guigue montre bien que les influences sont diverses mais concordantes c'est à dire qu'il n'y a pas de choses anormales on a à la fois un fond byzantin ce qui n'a rien de surprenant puisqu'on est à la suite de l'Empire byzantin on a aussi des influences qui sont extérieures ou que l'on peut deviner comme étant extérieures peut-être certaines choses venant du nord-est mais l'ensemble ne pose pas de problème fondamental d'interprétation puisque tous les thèmes tous absolument tous se retrouvent ou sont connus par ailleurs soit à l'époque byzantine soit dans des zones frontalières de la Jordanie à ce moment là le seul élément qui apparemment est le plus surprenant et que l'on explique pas pour l'instant même si des textes arabes là aussi les mentionnent ce sont les anges puisqu'en fait il y a des représentations aussi d'anges et ce ne sont pas en fait les femmes nues plus ou moins dénudées qui sont surprenantes dans ce décor pour les spécialistes ce sont plutôt les représentations des anges donc de ces personnages ailés que l'on voit à plusieurs reprises et en particulier dans la partie thermale et ça c'est pour l'instant c'est un élément qui est sans aucun parallèle et c'est le seul qui est surprenant au niveau purement scientifique, au niveau de la recherche actuellement si on s'écarte maintenant de Quseir Amrah et si on essaye de voir à quoi pouvait bien servir à quoi pouvait bien ce que pouvait bien représenter ce bâtiment alors en dehors de la partie thermale qui est bien entendu une partie purement de bien-être physique il faut bien comprendre que la première partie la grande salle de réception est vraisemblablement une salle de réception et c'est pour ça qu'elle est aussi richement décorée avec toute une symbolique sur l'histoire de la philosophie les chasses en montrant la puissance du calife etcetera etcetera et qui rappelle bien sur que ces domaines sont établis dans des zones qui sont des zones cultivées où l'on a installé des jardins le bâtiment n'est pas comme aujourd'hui perdu dans une steppe désertique il fallait imaginer autour des jardins comme dans tous ces châteaux du désert des jardins des barrages une maîtrise de l'eau il y a des pompes une série de puits dans lesquels on allait chercher de l'eau et on alimente ces jardins donc il s'agit de havres de paix de havres où il fait bon vivre on vient séjourner alors cet aspect est peut-être le plus intéressant à avoir, c'est de se poser la question c'est de savoir pourquoi justement les Omeyyades sont venus s'installer dans le désert ou dans les gorges du désert plutôt que dans les villes puisqu'il faut bien imaginer qu'à l'époque omeyyade on a toujours les villes ça existe qui sont toujours bien vivantes et curieusement et en dehors de Amman et d'Aqaba qui sont les deux seuls centres réellement occupés il y avait des installations omeyyades avec un palais à chaque fois donc un résident de l'administration entre guillemets omeyyade tous les autres se sont installées à l'extérieur des villes et un des apports actuels de la recherche archéologique en Jordanie était non seulement la reprise des fouilles sur des châteaux omeyyades de petites dimensions et perdus au marge du désert par des équipes suisses mais en parallèle la fouille du grand complexe palatial du Qasr à Amman avec son dégagement par une autre équipe d'espagnols qui a dégagé aussi Quseir Amrah mais en parallèle tous les travaux qui sont menés par notamment les équipes de (Pitcher hillo ?) ou d'autres équipes internationales et jordaniennes sur les églises et les éléments byzantins parce qu'il ne faut pas oublier que si nous avons à faire à des musulmans que ces châteaux omeyyades sont occupés par des musulmans et nous le savons par les mosquées qui sont systématiquement trouvées associées à ces bâtiments ces musulmans sont cantonnés justement dans ces châteaux et à la marge et en marge, le reste de la population reste essentiellement chrétienne et le gros l'apport fondamental de la Jordanie en ce moment, outre les découvertes majeures qui sont faites sur les sites omeyyades c'est justement d'offrir la possibilité non pas de travailler sur un endroit précis sur un monument particulier mais sur un ensemble beaucoup plus vaste de monuments divers et associant à la fois des monuments urbains et des monuments non urbains et des groupes, et associés donc à des groupes sociaux de formes totalement différentes donc des musulmans d'un coté et des non musulmans de l'autre des représentants de la classes dirigeantes avec les califes et les familles associées et le reste de la population qui a artisanat et tout ce qui est paysans et c'est de cela je crois qui est de l'apport le plus important parce que ça permet d'avoir une vision beaucoup plus globale et beaucoup plus diversifiée que celle que l'on pouvait imaginer et celle que l'on avait un petit peu jusqu'à maintenant c'était par exemple d'imaginer bon ben l'arrivée des omeyyades plus ou moins islamisation forcée faite dans des conditions plus ou moins brutales en tout cas ce sont des schémas qui ont été colportés assez fréquemment et les fouilles montrent que tous les cas de figures sont à envisager et se sont réalisés c'est à dire qu'il y a eu de très nombreux cas où le passage entre la domination administrative byzantine elle s'est faite sans aucun heurt violent ou apparemment sans aucun heurt violent avec une administration omeyyade donc le remplacement de l'une par l'autre il s'agit simplement on a changé de patron si on peut dire donc on paye plus tribut à Byzance mais on va payer tribut à Damas et aux omeyyades mais que ça n'a pas entraîné pour autant de massacre systématique d'obligation d'adopter un culte différent d'obligation à se plier à un certain nombre de règles différentes et qu'au contraire il y a une période tout à fait extraordinaire où on a un mélange qui se produit et c'est peut-être ça ce qu'on retrouve d'ailleurs sur Quseir Amrah au niveau des peintures que peut expliquer justement ce mélange parce que les gens sont en contact ils ont des formes de vies différentes ils ont une vision différente ils vivent dans des mondes différents mais ça ne les empêche pas de communiquer d'échanger et éventuellement de prendre chez les uns chez les autres ce qui les intéressent le plus alors la vie pour les représentants du début de l'Islam ceux qui sont effectivement dans les marges du désert ceux qu'on voit dans les Qasr Hallabat, Quseir Amrah Qasr Azraq, Qsar Kharaneh qui aujourd'hui nous semblent des châteaux du désert comme on le dit si bien il faut bien imaginer je l'ai déjà dit tout a l'heure il s'agissait de résidences qui sont toujours liées à des domaines à des domaine on ne peut pas dire agricole ce serait un bien grand mot des domaines en tous les cas où l'irrigation est possible et associé à des jardins on en a l'exemple très bien étudié en ce moment-ci mais qui vient de Syrie mais qui est aussi sur un château omeyyade sur Qsar Kheir où on a pu retrouver même à la limite la répartition des terrains cultivés à l'intérieur des grands enclos qui sont des enclos protégés donc toutes ces installations vont de pair avec une maîtrise de l'eau que l'on retrouve avec notamment la construction de barrage qui est quelque fois très important et de citernes pour justement conserver l'eau dans les zones qui n'en ont pas donc une maîtrise de l'eau une vie un petit peu en autarcie mais qui pose un certain nombre de problèmes parce qu'aussi au départ on avait pensé que ces châteaux étaient réservés à un calife ou un de ses représentants et les fouilles menées par les équipes suisses sur toute une série de châteaux du sud de la Jordanie ont montré que malgré leurs plans apparemment tout à fait semblables c'est à dire une grande cour centrale entourée de toute une série de pièces autours le tout protégé par un mur visuellement défensif avec des tours semi-circulaires qui faisaient de ces bâtiments des Qsar des châteaux véritablement la plupart d'entre eux sont en fait organisés et fractionnés à l'intérieur en différentes Bioutres yourte c'est à dire maisons puisque chaque fois on a juxtaposition de toute une série d'éléments répétitifs qui vont jusqu'à cinq six éléments répétitifs qu'il est supposé que l'on aurait pas une famille mais plusieurs familles pouvant vivre chacune plus ou moins séparées des autres tout en étant dans le même ensemble ce problème n'est pas enfin cette constatation n'est pas sans poser un certain nombre de problèmes puisque ça demande à comprendre comment tout cela fonctionne et pourquoi ça fonctionne comment euh comme cela d'autant que dans certains cas on a même plusieurs châteaux associés c'est à dire plusieurs châteaux regroupant plusieurs familles associées à un même endroit et on pouvait même se demander si il ne s'agissait pas des tentatives de colonisation justement de zones qui jusque là étaient plus ou moins désertiques avec des gens qui viennent s'installer et qui mettent en même temps en culture des zones relativement peu favorisées parce qu'ils ont les moyens je crois de construire des barrages parce qu'ils ont les moyens d'installer des jardins et de les mettre en culture bon le débat là est assez ouvert bien sur puisque les fouilles permettent de répondre à un certain nombre de questions mais comme vous le savez ça permet surtout de reposer d'autres questions puisque c'est quand on arrive à résoudre une question en fait on en lève une ou deux de plus donc si on a permis de voir si les fouilles ont permis de voir que ces bâtiments étaient certainement beaucoup plus complexes et surtout que leurs gestions que leurs organisations que leurs fonctions étaient peut-être beaucoup plus difficile à aborder que ce qu'on croyait en tout cas moins simple on peut se demander maintenant à quoi réellement servaient ces châteaux, il s'agit pas de caravansérail il s'agit d'endroits où les gens habitaient ça ça ne fait aucun doute contrairement à ce que l'on a cru aussi à un moment donné on a cru qu'il s'agissait simplement d'étapes pour des caravanes on venait se reposer un jour on repartait etcetera non il s'agit vraiment d'endroits où les gens habitent vivent et à plusieurs groupes distincts donc effectivement pourquoi pas des zones de colonisation de marge steppique on peut se demander à ce moment là pourquoi les maître du pays vont s'installer dans des zones difficiles alors qu'ils ont la possibilité vu que ce sont les maîtres du pays de s'installer en plein coeur de Amman ils l'ont fait dans certains cas mais dans d'autres zones qui sont beaucoup plus favorables pour l'instant on le constate on se pose des questions et on se pose des questions parce qu'en plus il s'agit pas la plupart du temps de demeures pauvres ou de mauvaises qualités bon les peintures de Qseir Amrah le prouvent assez mais je vous l'ai dit aussi tout à l'heure les peintures se trouvaient dans tous ces monuments ils sont quasiment tous peints quand on les fouille on a toujours ce type de décor et les travaux récents donc des équipes aussi bien suisses dans le sud ou que les équipes françaises aussi à Mafraq ont permis de retrouver du mobilier associé à ces châteaux et qui est un mobilier extrêmement riche tenant du mobilier de bronze mobilier (d'osteatique ?) mobilier de verre qui a été conservé par chance pour nous archéologues bien sûr puisqu'il semble bien que ces châteaux aient été abandonnés de façon brutale et cela semble là aussi tout à fait intéressant pour les fouilles il s'agit pas d'un ponctuel à un endroit mais beaucoup plus généralisé qui concernerait apparemment toute la Jordanie actuelle et cet événement semble bien être un tremblement de terre puisque chaque fois on retrouve les façades effondrées des bâtiments superposés aux matériels et les écrasant complètement sur place et donc une fois c'est possible mais si ça se répète systématiquement dans tous les bâtiments il faut bien interpréter ça comme un événement extérieur surtout qu'on est pas venu rechercher le riche mobilier qu'on savait être dessous donc il s'agit bien d'une catastrophe, et dans cette catastrophe bien sûr, on a essayé de la placer avec un événement que l'on pouvait connaître un tremblement de terre le fameux tremblement de terre de sept cent quarante neuf qui rase par exemple Jerash ou Pella ou Rjeran donc toutes ces villes de la décapode sont rasées en sept cent quarante neuf par le grand tremblement de terre bien connu je dis bien bien connu entre guillemets tout simplement parce qu'on sait que ce n'est pas celui-là qui a rasé ces châteaux on le sait par les fouilles byzantines dont je vous disais justement que c'est ce parallèle que l'on peut faire en même temps avec ce qui se passe ailleurs dans des villages qui restent encore chrétiens puisqu'on sait que dans certains villages on construit encore des églises à la période omeyyade on refait des pavements de mosaïques et on sait que par exemple à xxxx qui se trouve donc à l'est de Madaba où on a une petit fortification byzantine qui est réutilisée à l'époque omeyyade, et bien là on a un village chrétien avec de très belles églises et de magnifiques mosaïques et une des mosaïques est faite en sept cent cinquante et un ou en sept cent cinquante cinq de tout façon après le tremblement de terre et sans qu'il y eut trace de destruction massive dû à ce tremblement de terre et elle est détruite au contraire par un tremblement de terre mais après la mise en place du dallage de mosaïque donc la fin de ces châteaux omeyyades semble être plus tardive là aussi que ce que l'on pensait puisque l'on associait tout ça un petit peu avec la disparition justement du califat omeyyade et son remplacement par le califat abbasside donc il y a eut le transport de la capitale de Damas à Bagdad après les grandes crises de sept cent quarante neuf sept cent cinquante il semble bien que ce soit bien postérieur et probablement au début du neuvième siècle plutôt qu'au milieu du huitième