3.1. De la nature économique des régimes autoritaires ou comment l’autoritarisme agit en économie.

Un régime politique est un mode d’exercice de l’autorité à l’échelle de la société. Pour être pérenne, il ne peut se passer d’une forme quelconque de légitimité, c’est-à-dire de la reconnaissance de son existence comme socialement fondée. Dans la mesure où ils structurent durablement la société, les rapports de propriété constituent la matrice de base, formant système, où s’origine toute forme d’autorité, dont le régime politique tire donc sa légitimité.

Précisons d’emblée ce qu’on entend par rapports de propriété : ce sont des rapports de pouvoir réifiés 242 , c’est-à-dire reportés sur des objets dont on sait d’expérience qu’ils exercent un attrait sur l’individu qui éprouve de ce fait le besoin 243 de les posséder. Les sociétés humaines ont développé au cours de leur évolution des formes de possession qui sont passées de l’appropriation 244 immédiate, au moyen de la violence nue, à l’appropriation par l’échange. Dans cette dernière modalité, l’individu objective sa relation à autrui en la posant comme relation des choses qu’il possède aux choses qu’il désire. Ce faisant, il crée un monde parallèle duquel est extirpée la violence originelle, celle qui fonde les rapports de pouvoir sur le principe de soumission d’individus ou de groupes sociaux à d’autres. A travers l’échange, les rapports de pouvoir semblent s’être évanouis pour laisser place à des relations consensuelles 245 régies par la règle de la réciprocité. Dans ce monde enchanté, l’Etat ne semble avoir d’autre raison d’être que celle de faire respecter la règle 246 ; il se présente comme Etat-arbitre. Mais dans la mesure où derrière la société des objets se profile la société des hommes, la règle ne consiste pas seulement à édicter le principe de l’échange, elle consiste aussi à donner légalement accès aux ressources et aux richesses créées, à garantir leur possession par les uns au détriment des autres, ce qui se fait au moyen de la violence institutionnelle que M. Weber appelle la violence légitime. Encore faut-il néanmoins que le type de droits de propriété qui sont ainsi instaurés concorde avec la réalité des rapports de propriété à l’œuvre dans la société considérée. Cette concordance entre droits et rapports de propriété est le fondement même de la légitimité du pouvoir et donc de sa pérennité. Là où une telle concordance existe, le pouvoir ne peut se soustraire sans dommages à certaines obligations découlant des fonctions dévolues à l’Etat-arbitre. Car, aussi limitée que puisse être la pratique de la démocratie (comme ce fut le cas dans les Cités-Etats de la Grèce antique), l’Etat-arbitre n’a pas que l’apparence de l’Etat de droit: il en possède aussi une certaine réalité. Tout autre est la situation dans les pays où il n’y a pas de concordance entre droits et rapports de propriété. Là, un pouvoir de fait s’établit sous la forme d’un régime autoritaire de gouvernement dont la fonction sociale n’est pas seulement de suppléer au manque de règles mais aussi et surtout de réaliser une certaine cohésion des forces sociales en présence en la forme d’une nation ou plus exactement en la forme d’un Etat-nation avec ce que cela implique de structuration sociale autour des rapports de propriété. Or l’Etat-nation ne se conçoit pas sans une certaine maîtrise du principe de composition, seule à même de lui conférer une place dans le concert des nations modernes. Aussi, le pouvoir autoritaire n’a d’autre choix que de chercher à endogénéiser le principe de composition, ce qui passe par la réunion des conditions permissives, si ce n’est même par la prise en mains directe de l’industrialisation.

Dans ce qui suit nous appellerons régime autoritaire moderne 247 de gouvernement un mode d’exercice du pouvoir se caractérisant par la non concordance des droits et rapports de propriété ou mieux : par l’inexistence de droits effectifs de propriété 248 alors que le pays tout entier aspire à la modernisation par l’industrialisation. Cela se traduit par l’arbitraire plus ou moins assumé par le régime consistant à mener au pas de charge l’industrialisation, quitte à différer l’appropriation privative des richesses créées. D’où la forme étatique de l’industrialisation dans la plupart des pays à régime autoritaire de gouvernement. Il en résulte une ambiguïté dans les rapports économiques et jusque dans l’exercice de l’autorité qui finit par se résoudre dans la crise. Selon que le régime a accompli sa double mission historique ou non, cette crise peut être salutaire 249 ou au contraire catastrophique pour le pays en ce sens qu’il accède au statut d’Etat-nation ou que s’effondre le semblant d’Etat qui y a été laborieusement mis sur pied. L’issue dépend évidemment des conditions de départ autant que de l’évolution ultérieure des faits. Quant aux conditions de départ, elles ne sont pas que d’ordre matériel mais aussi social et historique.

Cette façon de caractériser le régime autoritaire de gouvernement doit néanmoins être nuancée : pas plus qu’il n’y a d’Etat de droit dans l’absolu, il n’y a de régime autoritaire absolu. La réalité est beaucoup plus mouvante : s’il existe une ligne de partage entre un régime démocratique ayant cours dans un Etat-nation déjà constitué et un régime autoritaire, on ne peut dire pourtant que celui-ci a cours dans un Etat de non droit sans verser dans la contradiction : la notion même d’Etat n’est-elle pas en effet consubstantielle à celle de droit ? Parce que Etat et droit sont dans ce rapport de consubstantialité, un tel régime ne peut se passer tout à fait du droit sans cesser ipso facto de représenter l’Etat et donc d’œuvrer à la formation de l’Etat-nation. Aussi ne connaît-on aucun régime autoritaire qui ne se drape de la loi. Si, pourtant, les tenants d’un tel régime en viennent constamment à transgresser la loi, c’est parce que les rapports réels de propriété débordent largement leur expression juridique – les droits de propriété – rendant ainsi de fait caduque la loi dont ils continuent néanmoins de se prévaloir extérieurement. Leur identification à l’Etat, source de toutes les dérives autoritaires, en est la véritable cause et c’est d’elle que procède la raison d’Etat qui finit par submerger la loi. Tout cela se traduit par le fait que la notion même d’Etat ne s’est pas dégagée comme catégorie autonome représentant la personnalité morale en laquelle siège l’autorité. Celle-ci est encore essentiellement attachée à la personne du chef dont elle est pour ainsi dire l’attribut 250 . Dans un tel contexte, aucune médiation objective ne vient tempérer la rigueur des relations sociales. De là le caractère éminemment politique de toutes les actions humaines, en particulier de celles qu’on appelle économiques ayant trait à la production et à la répartition des richesses. C’est la personne même du souverain (régime monarchique) ou du président (régime pseudo-républicain), qui assure (directement ou par personnes interposées) les médiations sociales nécessaires au fonctionnement des institutions, ce qui ne manque pas de leur conférer un caractère personnel prononcé. Comme il ne fait pas que représenter l’Etat mais s’identifie à lui, le souverain ou le président concentre entre ses mains tous les leviers de commande, tel un personnage mythologique. C’est ce qui fait que, malgré les luttes sourdes pour le pouvoir, émaillées d’intrigues pouvant se conclure par l’élimination physique du chef, le président ou le monarque est vénéré comme un patriarche. Mais, pourra-t-on s’interroger, qu’est-ce qui confère donc à ce type de régime sa raison d’être historique ? C’est, on l’aura compris, la nécessité d’œuvrer à la formation de l’Etat-nation et à la maîtrise du principe de composition dans un monde où les peuples ne semblent avoir d’existence que par la place qu’occupent leurs pays dans la hiérarchie des puissances.

La plupart des régimes autoritaires modernes de gouvernement sont apparus en effet dans un contexte socio-historique particulier : celui où commence à prendre forme dans le pays l’idée d’Etat-nation en réaction à la domination étrangère. Mettant provisoirement un terme aux dissensions que provoque dans le corps social en gestation la précarité des conditions et la multiplicité des intérêts en présence, le régime autoritaire ne semble avoir d’autre raison d’être que d’accélérer la formation de l’Etat-nation. Aussi loin que l’on remonte dans l’histoire des régimes autoritaires modernes, leur genèse paraît intimement liée à la formation de l’Etat-nation. Que ce soit l’Allemagne de Bismarck, le Japon du Meiji ou la Russie soviétique, la même force est à l’œuvre sous les formes les plus diverses. Dans tous ces cas, l’avènement d’un régime autoritaire apparaît comme la condition primordiale de l’industrialisation, seule à même de conférer au pays une place dans le concert des Etats-nations modernes ; comme l’expression de la volonté collective – donc politique – du changement social. Mais cette condition ne peut à elle seule enclencher le processus d’industrialisation. Car pour provoquer la croissance cumulative de la production – c’est-à-dire l’accumulation – l’industrialisation doit conduire à une certaine maîtrise du principe de composition.

Bien que l’assimilation d’un tel principe ne soit pas affaire de simple volonté politique, celle-ci n’en est pas moins indispensable pour mener à bonne fin, de façon accélérée, le processus d’industrialisation du pays. C’est ce qui explique que, en pays à régime autoritaire, l’Etat se soit directement impliqué dans la mise au travail des producteurs. Ce faisant, il exerce une influence déterminante sur les conditions de mise au travail qui définissent les rapports de travail. De puissance publique qu’il était, l’Etat devient aussi agent économique mais il n’acquiert cette nouvelle qualité qu’au prix d’une confusion entre droits publics et droits privés ; celle-ci s’ajoutant à la confusion déjà constatée entre les rôles respectifs de l’Etat et des tenants du pouvoir du moment. Cette double confusion est sans aucun doute à la base du retournement de situation qui s’est produit dans certains pays à régime autoritaire : malgré les avancées fulgurantes réalisées sur la voie de l’industrialisation, ces pays sont aujourd’hui dans un tel état de délabrement économique que leur existence même en tant qu’Etat-nation est parfois menacée. Il en est ainsi, on l’aura compris, de nombreux pays anciennement colonisés ayant accédé tardivement à l’indépendance politique et qui se sont lancés dans une industrialisation tous azimuts. Il sont maintenant confrontés à une violence sociale aveugle, travaillés qu’ils sont depuis de nombreuses années déjà par des luttes politiques dont le véritable enjeu est moins le pouvoir que la mainmise sur l’Etat qu’il est censé représenter. Moins exposés à de tels dangers, les anciens pays socialistes et tout spécialement la Russie, sont dans une situation similaire à ceci près que, soit parce qu’ils ont accédé plus précocement à l’industrialisation (ce qui leur a permis d’assimiler très tôt le principe de composition), soit que les facteurs dissolvants de l’Etat-nation sont moins prégnants qu’ailleurs (en raison notamment d’une certaine intégration ethno-sociale), ils ont de bien meilleures chances de retrouver assez vite le chemin de la croissance cumulative de la production.

Au total, et pour caractériser la nature économique du régime autoritaire, il ne nous semble pas erroné d’affirmer qu’en dépit de ce qu’ils procèdent des mêmes prémisses, deux types de régime autoritaire sont à distinguer :

  • celui ayant cours (ou ayant eu cours) dans des pays dont l’économie a assimilé (ou était sur le point d’assimiler au moment de l’avènement du régime autoritaire) le principe de composition qui caractérise la révolution industrielle. Dans ce cas le régime autoritaire ne semble pas être autre chose qu’un mode particulier d’organisation politique, le plus à même d’accélérer le processus de formation de l’Etat-nation avec ce qu’il suppose d’acquisition des process industriels et d’intégration des marchés locaux ainsi que de structuration sociale correspondante ;
  • celui ayant cours dans des pays où, pour des raisons historiques particulières (celles découlant par exemple de la division internationale du travail de type colonial sans parler des effets dévastateurs de la colonisation elle-même sur l’état des forces productives), l’économie n’a pas intégré le principe de composition alors que la conscience nationale a projeté en avant des luttes pour l’indépendance l’idée de l’Etat-nation. Le plus souvent dans ce cas, le régime autoritaire est pour ainsi dire le prolongement naturel du mode d’organisation (avec la discipline quasi-militaire qu’il suppose) de la lutte pour l’indépendance, les mêmes forces y étant à l’oeuvre.

Dans la plupart des pays à régime autoritaire, des politiques d’industrialisation ont donc été menées dans le but de les sortir de la dépendance économique où ils se trouvaient du fait de la colonisation ou des luttes d’influence dont ils ont été l’objet de la part des pays que la révolution industrielle a élevés au rang de puissances économiques et militaires. Hormis l’Allemagne, le Japon et les Etats-Unis qui ont dès le début de la deuxième moitié du 19e siècle entrepris de combler le fossé qui les séparait de la France et de l’Angleterre, les autres pays d’Europe ne se sont engagés dans la même voie qu’au tournant du siècle, lorsque se profilait déjà à l’horizon la première guerre mondiale que Lénine avait qualifiée de guerre impérialiste pour le partage du monde entre les grandes puissances 251 . Ailleurs qu’en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique et nonobstant le cas du Japon, les modes ancestraux de production et d’échange et les relations sociales qu’ils sous-tendaient continuaient de prédominer, reléguant à l’arrière-plan des préoccupations sociales l’innovation technique et ce qui lui tient lieu de moteur : la recherche scientifique. Aussi était-on loin de se douter de l’extraordinaire bouleversement qu’allait induire dans les pratiques sociales et économiques et dans la division du travail de type traditionnel qui prévalait l’apparition en des contrées lointaines de la révolution industrielle. Celle-ci coïncidait peu ou prou avec l’avènement du capitalisme dont la logique économique est aux antipodes de celle ayant cours dans les sociétés traditionnelles. Nous voulons parler de la logique de l’accumulation comme fin en soi qui a inversé l’ordre des déterminations entre consommation et production. C’est en effet de la conjonction de l’innovation technique et de la logique économique nouvelle – conjonction dont nous avons tenté de rendre compte dans la présente étude au moyen du concept de principe de composition – que le capitalisme a acquis cette capacité à «révolutionner constamment les modes de produire » comme Marx l’a découvert en cherchant à remonter aux racines du machinisme et de la grande industrie 252 . Bien des auteurs, à la suite de Marx, ont mis l’accent sur ce qu’il y a de révolutionnaire dans l’utilisation productive du surplus 253 . A défaut de mettre un terme à la prétendue fatalité selon laquelle les hommes seraient incapables de se libérer de la misère matérielle et morale où les a jetés le soi-disant péché originel, l’utilisation productive du surplus a multiplié à l’infini leur potentiel productif et accru d’autant leur puissance destructrice, faisant ainsi en sorte que la production trouve en elle-même sa propre finalité (en même temps qu’elle obéit à sa propre logique) au lieu de la trouver dans la consommation.

Bien des régimes autoritaires modernes se distinguent nettement de l’Ancien Régime par le seul fait d’avoir adopté la logique productiviste, inversant, comme on l’a dit, l’ordre des déterminations entre consommation et production. Ils se sont alors mis à chercher toutes les occasions de faire rendre à l’économie traditionnelle un surplus accumulable, déployant pour cela une grande ingéniosité dans la transformation en surplus de ce qui faisait jusque-là partie intégrante du strict nécessaire. Leur autoritarisme a trouvé là un champ de manœuvres sans limites définies si ce n’est le dénuement – et la détresse morale qui l’accompagne – des populations réduites à l’asservissement.

Ce n’est pas pour autant que les pays où sévit un tel régime ont tous pu accéder à l’industrialisation avec ce qu’elle implique, sur le plan économique, d’intégration et d’indépendance relatives : manquait en effet pour la plupart de ces pays, l’assimilation du principe de composition, assimilation sans laquelle aucune accumulation n’est possible. Devenus grands consommateurs de produits industriels à fort contenu technologique, ils n’ont pu néanmoins, dans la plupart des cas, accéder au statut de producteurs de technologie précisément parce que leur faisait défaut la capacité à endogénéiser le principe de composition. Aussi ne peut-on s’étonner de ce que leur dépendance à l’égard des pays de vieille industrialisation se perpétue sous les formes les plus variées et singulièrement sous l’aspect technologique (pour ne rien dire de l’aspect financier). Curieusement, même les pays qui ont réussi leur industrialisation et qui ont accédé au statut de producteurs de technologie sont aujourd’hui en situation de dépendance financière vis-à-vis tant des pays de vieille industrialisation que des organismes multilatéraux qu’ils contrôlent. C’est là le signe de ce que, ayant internalisé le principe de composition, ils n’ont pu néanmoins donner libre cours à son application, révélant par cela même la nature du régime que nous qualifions ici d’autoritaire. Si la principale caractéristique de ce régime est en effet de mener l’industrialisation au pas de charge, il est aussi dans sa nature de s’emparer par la contrainte de la majeure partie du produit social qu’il veut transformer en surplus, épuisant ce faisant les ressources propres de la société où il a émergé avant même d’avoir réalisé en totalité son projet. Il n’a plus alors d’autre alternative que de transformer l’économie du pays en une économie d’endettement ou de se replier sur lui-même en abandonnant les positions acquises en matière d’industrialisation. La question se pose de savoir quelles sont les causes internes d’une telle issue et quelle perspective la libéralisation économique réserve à ces pays. En comparaison, et en opposition à eux, les mêmes questions doivent être posées au sujet des pays qui n’ont jamais pu assimiler le principe de composition et qui n’ont donc jamais accédé au statut de producteurs de technologie.

Notes
242.

Léon Tolstoï, ce monument de la littérature universelle, écrit au sujet du pouvoir : « le lien le plus fort, le plus indestructible, le plus lourd, le plus constant qui nous attache à nos semblables est ce qu’on nomme pouvoir, et le pouvoir, pris dans son sens véritable, n’est que l’expression de la plus grande dépendance où l’on se trouve à l’égard d’autrui » in préface à La guerre et la paix, Ed. Rencontre, Lausanne, 1961 p 22. Dans cette définition l’auteur ne semble pas avoir réussi à se détacher du contexte dans lequel il a vécu – celui du servage – où les rapports de pouvoir ont un caractère personnel prononcé, paraissant de ce fait n’avoir aucun lien avec les choses.

243.

Le besoin n’est pas, dans son acception la plus générale, de nature biologique mais psychosociale. C’est ce qui explique l’énorme influence qu’exerce la publicité sur les esprits peu avertis de ses effets.

244.

L’appropriation n’a aucun statut juridique parce que le droit suppose la propriété dont il est l’expression institutionnelle. Aussi l’histoire ne peut-elle traiter l’appropriation comme catégorie mais seulement comme fait. D’où le caractère factice du droit en pays à régime autoritaire de gouvernement.

245.

L’illusion est telle en effet qu’elle a donné lieu à tout un courant philosophique dont le Contrat Social de J. J. Rousseau est la meilleure illustration. C’est de cette philosophie que l’économie orthodoxe tire encore aujourd’hui argument pour faire valoir les principes du libéralisme.

246.

Ph. Hugon, à la suite d’autres auteurs, parle des « deux fondements du libéralisme économique : le marché et les règles ». Cf. Le « consensus de Washington » en question, op. cit. p13.

247.

Par opposition à Ancien Régime qui se caractérise par une autre forme d’autoritarisme.

248.

Ce qui correspond à la phase d’appropriation dont on a dit ci-dessus qu’elle est antinomique du droit.

249.

Au sens étymologique le mot crise (du grec krisis) signifie décision.

250.

Il en est ainsi en particulier des régimes arabes contemporains à façade républicaine pour ne rien dire des régimes monarchiques qui continuent de se prévaloir de leur supposée filiation avec le prophète Mohammed.

251.

Voir L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Œuvres complètes, Ed. Sociales/Ed. de Moscou, 1972

252.

Cf. Le Capital, L1 T2, Ed Sociales 1972, p 58 et suivantes.

253.

Dans Le prince et le patron, J. Austruy formule de façon originale la question du passage de la société traditionnelle à la société moderne. Reprenant les analyses de G. Bataille développées dans La part maudite, il montre comment l’utilisation productive du surplus est à la base des transformations sociales qui ont accompagné la révolution industrielle en Europe. Celles-ci n’auraient donc pu produire d’effets durables sur l’accumulation sans celle-là. C’est sans doute ce qui explique que des civilisations aussi prestigieuses que les civilisations chinoise, égyptienne, etc. (sans parler de celles de l’Amérique précolombienne) fondées sur un corpus de connaissances extrêmement évoluées et sur un véritable arsenal d’instruments techniques n’aient pas connu le capitalisme. Cf. J. Austruy, Le prince et le patron, Ed. Cujas, 1972.