4.3.1.1. Le modèle de référence du PAS.

Il n’existe pas de modèle du PAS différent de celui défini pour l’analyse du déséquilibre global qui se manifeste en économie ouverte par un déficit externe. Ce modèle réfère à la doctrine économique néo-classique et plus spécialement à la théorie quantitative de la monnaie. Il s’appuie sur la double égalité fondamentale suivante : Solde des opérations avec l’extérieur = Ressources des résidents – Dépenses des résidents = Offre de monnaie – Demande de monnaie et avait à répondre aux besoins de pays connaissant des problèmes de balance des paiements. Au sortir de la guerre, ce sont les pays de l’OECE (et plus particulièrement ceux regroupés au sein de l’UEP) qui avaient rencontré de tels problèmes. Ils ont eu recours aux ressources du FMI pour les surmonter. Du fait des destructions de la guerre et malgré le plan Marshall, ces pays n’ont pu rétablir par eux-mêmes l’équilibre extérieur de leur économie. Le déficit de la balance courante vis-à-vis des Etats-Unis qui allait durer près d’une décennie 396 , avait failli transformer en crise de solvabilité externe leurs difficultés financières du moment. Des mesures d’ajustement de leur balance des paiements autres que celles consistant à élever les taux d’intérêt (qui auraient eu pour effet de déprimer davantage encore l’activité) étaient devenues pour eux une nécessité. Ces mesures consistaient en contrôle des changes et en contingentement des importations. Acceptées par l’UEP comme mesures temporaires, elles furent catégoriquement rejetées par le FMI qui voyait «dans l’excès de crédit intérieur la source majeure des difficultés de paiement» 397 . Aussi les accords de confirmation signés avec cet organisme par les pays de l’OECE comme plus tard par d’autres pays comportaient-ils tous une clause standard énonçant l’interdiction de recourir à de telles mesures. Ne restait plus alors aux pays qui demandaient l’aide financière du FMI qu’à se plier à ses exigences (conditionnalité) en matière de crédit intérieur à l’économie, de dépenses budgétaires et de rétablissement de la vérité des prix domestiques pour espérer retrouver l’équilibre ; toutes dispositions qui relevaient de la politique dite de stabilisation macroéconomique dont on s’évertuait à construire le modèle en forme de système d’équations reliant variables réelles et variables monétaires, facteurs internes et facteurs externes de déséquilibre. C’est à J. Polak qu’on doit la formulation initiale de ce modèle dont M. Aglietta dit qu’il est resté fondamentalement le même depuis une quarantaine d’années. Une de ses versions récentes tient en un système de 14 équations indépendantes à l’aide desquelles on cherche à déterminer 14 inconnues. Ces équations sont les suivantes :

Dans ce modèle, X représente les exportations, I les importations, Y le revenu national.Ms,Mdet Mrfigurent respectivement l’offre de monnaie, la demande de monnaie et la création monétaire en contrepartie des devises tandis que C, F et DB symbolisent dans cet ordre le crédit (public et privé), les flux financiers provenant de l’extérieur et le déficit budgétaire. Les expressions en italique représentent des paramètres monétaires :ples prix (piles prix domestiques,peles prix externes) ;rle taux d’intérêt (rile taux d’intérêt domestique,rele taux d’intérêt externe) ;ele taux de change (c’est-à-dire la quantité de monnaie étrangère de référence par unité de monnaie nationale). Les variables suivies du symbole * sont des données.

Le modèle cherche à corriger le déséquilibre résultant d’un excès de demande globale sur l’offre globale à court terme. C’est bien évidemment sous la forme d’un déficit extérieur qu’un tel déséquilibre se manifeste. Dans l’impossibilité de le résorber par l’augmentation de la production (offre supposée rigide), c’est par la contraction de la demande globale obtenue au moyen de l’augmentation des prix intérieurs ou des autres paramètres monétaires (taux d’intérêt domestique) que l’équilibre peut être rétabli. A moins que l’offre de monnaie augmentant du fait d’un excès de crédit à l’économie, on agisse sur le taux de change pour renchérir le coût des importations et contraindre ce faisant la demande en produits étrangers à baisser au niveau requis par la résorption du déséquilibre global.

Comme on peut le constater, c’est par la manipulation des paramètres monétaires que l’on cherche à rétablir l’équilibre global entre l’offre et la demande. Cette approche a des limites que nombreux sont les auteurs à reconnaître sans même avoir besoin de se situer en dehors de la théorie traditionnelle de la monnaie et du corps de doctrine sur lequel elle s’appuie.

Notes
396.

Voir les développements du chapitre deuxième ci-avant sur la question.

397.

M. Aglietta, Le FMI, de l’ordre monétaire aux désordres financiers, Ed. Economica 2000, p 85.