5.2. La stratégie algérienne de développement, doctrine et faits.

Ce que les économistes appellent la stratégie algérienne de développement peut s’analyser en première approximation comme une modalité particulière de valorisation du capital, comme un mode d’accumulation spécifique. Sa spécificité réside dans l’usage productif qui est fait de la rente pétrolière, surplus d’origine externe au procès de production domestique. La rente est le revenu net que tire l’Algérie de ses ressources pétrolières et gazières qui entrent pour 98% dans ses exportations. Sans ces ressources, le visage de l’Algérie aurait été tout autre.

C’est à la colonisation française que l’Algérie doit le tracé de ses frontières définitives actuelles incluant dans son territoire l’immense espace saharien qui regorge de pétrole et de gaz. Mais l’exploitation de ces ressources était problématique : si elle offrait des perspectives prometteuses en tant que source de revenus pour le pays, elle n’entrait que marginalement dans son système d’économie ; système étriqué au possible, dépendant de l’ancienne métropole dont il a hérité le mode d’insertion dans la division internationale du travail et donc aussi la logique propre à toute économie extravertie.

C’est en rupture avec ce double héritage que la stratégie algérienne de développement a été pensée. Mais il faut bien reconnaître aujourd’hui qu’elle a échoué dans cette entreprise. L’échec ne tient pas tant à son dévoiement par quelque force sociale que ce soit 442 mais à son ignorance des déterminants socioculturels du principe de composition. Il ne servait dès lors à rien qu’un régime autoritaire de gouvernement s’instaurât s’il ne pouvait mener à bien sa mission historique consistant à endogénéiser le principe de composition. Pourtant c’est la tâche à laquelle il s’est attelé, servi en cela par le fait qu’il disposait de revenus externes confortables qu’il lui aurait été difficile de consommer entièrement de façon improductive. L’investissement productif auquel il les consacra lui conférait par ailleurs un semblant de légitimité sociale lui donnant à croire qu’il pouvait combler ainsi en ce domaine un déficit réel.

Notes
442.

Voir plus loin l’exposé succin des critiques de la stratégie algérienne de développement.