5.3. Les critiques de la stratégie algérienne de développement.

Au début des années 1980, on dressa un sévère réquisitoire de la stratégie d’industrialisation adoptée en la forme d’un bilan économique et social de la décennie 1967-1978. Mais, comme il est apparu ultérieurement, ce ne fut en vérité qu’un subterfuge utilisé par les nouvelles autorités pour asseoir sur d’autres bases un semblant de légitimité. C’est aussi à la fin des années 1970 et au début des années 1980 que fleurirent les critiques non institutionnelles du modèle algérien de développement. On vit apparaître des analyses émanant d’auteurs acquis à l’idée d’une industrialisation accélérée qui, tantôt s’interrogeaient sur la pertinence des priorités industrielles au regard du modèle des industries industrialisantes 461 , tantôt mettaient sur le compte des distorsions entre les objectifs planifiés et la politique économique réelle l’échec (relatif) de l’expérience algérienne 462 . D’autres auteurs enfin, moins respectueux de l’esprit de la doctrine algérienne en la matière, croyaient déceler dans cette expérience un capitalisme d’Etat qui, tout en organisant le transfert des richesses du pays à une bourgeoisie bureaucratique créée de toutes pièces par le système politico-économique, servait de surcroît les intérêts du capitalisme mondial auquel il offrait un débouché à ses excédents de marchandises et dont il recyclait les technologies obsolètes. Comme ces critiques ont vu le jour hors des institutions, on les regroupe ici sous l’intitulé de critiques non institutionnelles. Celles-ci ayant commencé à voir le jour avant même que la décennie 1970 ne soit forcluse, nous les exposerons ci-dessous avant de présenter la critique développée dans le cadre institutionnel.

Notes
461.

Voir page suivante l’article de W. Andreff et A. Hayab sur les priorités industrielles de la planification algérienne.

462.

Voir plus loin ce qui est dit des exposés de ce problème au séminaire organisé par le CREAD en décembre 1979.