7.1.2. La restructuration organique et financière des entreprises publiques, une réforme faussement libérale.

Comme il a déjà été dit dans le chapitre cinquième de la présente recherche, l’essentiel de la critique portée dans le cadre institutionnel à la stratégie algérienne de développement a consisté à mettre en cause l’efficacité productive des entreprises publiques qui se caractérisaient par leur gigantisme. Etant à l’origine spécialisées dans des activités relevant d’une seule et même branche, elles se sont développées au fil des années dans des directions multiples, chacune cherchant à inclure dans son champ d’action les activités en amont et en aval de la leur pour se prémunir contre les problèmes d’approvisionnement en intrants de toutes natures entrant dans la fabrication de leur produit de base. Le résultat a été que « certaines entreprises publiques se sont retrouvées avec un degré de concentration verticale et horizontale propres au multinationales » 646 , ce qui mettait en grande difficulté les administrations de tutelle censées exercer sur elles un contrôle pointilleux mais qui, de fait, n’avaient pas le pouvoir de le faire. En un sens, et contrairement aux apparences, la restructuration organique des entreprises publiques visait à rétablir l’Administration dans ses fonctions de contrôle et de régulation.

Si la réforme se fixait pour objectif de réaliser l’« amélioration de la productivité, l’utilisation rationnelle des capacités de production, l’efficacité du travail et la maîtrise des coûts » 647 , cet objectif ne semblait pas pouvoir être atteint sans que ne fussent redéfinies les missions des entreprises publiques et sans que ne fussent arrêtées les modalités de mise en œuvre des règles de leur fonctionnement. Curieusement, la réforme des structures qui devait « se traduire par un assez large degré d’autonomie des entreprises » 648 , est revenue à appliquer la fameuse règle consistant à séparer les fonctions de production et de distribution de façon à ce que la « liaison entre les fonctions de production et de distribution [s’effectue] par la mise en œuvre de relations contractuelles organisées entre les entreprises et par le renforcement de la coordination intersectorielle » 649 . Quant au principe maintes fois réitéré par le projet de plan quinquennal de décentraliser les responsabilités, il s’est traduit en fin de compte par la délocalisation des sièges des nouvelles entités économiques pour les rapprocher des centres de production. Le résultat a été que toutes les entreprises de grande taille existantes au moment de la réforme ont été dissoutes et leurs unités érigées en entreprises sur la base du principe déjà évoqué de la séparation des fonctions. Les 70 sociétés nationales existantes en 1980 ont donc donné naissance à 375 nouvelles entreprises tous secteurs d’activité confondus comme le montre le tableau suivant.

Secteur d’activité Avant la
restructuration
Après la
restructuration
Agriculture 7 23
Industrie, Mines, Energie
Industries légères
Industries légères
Hydrocarbures, Energie
17
9
6
2
126
51
45
30
BTP, Hydraulique
Habitat/Construction
Travaux publics
Hydraulique
12
5
4
3
101
36
36
29
Information, Culture, Tourisme
Information/culture
Tourisme
8
2
6
45
24
21
Divers
Santé
Commerce
P&T
Finances
Transport
26
1
7
1
8
9
80
4
28
2
12
34
Total 70 375
Source : Document de travail de la Commission du Parti chargée de la restructuration organique et financière des entreprises publiques.

Sur les 375 nouvelles entreprises, l’industrie, le BTP (non compris l’hydraulique) et le transport en comptaient 232, ce qui laissait supposer que le noyau dur du système productif algérien allait, sinon être renforcé, du moins sauvegardé. Il n’en fut rien pour la raison simple que la restructuration organique des entreprises publiques s’est soldée par un simple démembrement des sociétés nationales existantes et que les nouvelles entités créées en leurs lieu et place en étaient réduites à n’assurer qu’une seule des deux principales fonctions dévolues à toute entreprise : la production ou la commercialisation 650 . Cette spécialisation n’a pas manqué de révéler toutes ses limites tant du point de vue du mode de régulation étatique auquel les autorités se raccrochaient encore avec âpreté, que du point de vue du mode concurrent de régulation économique, celui fondé sur la prééminence des lois du marché.

Sans doute a-t-on mis fin ainsi au gigantisme des sociétés nationales supposé être la cause première de leur contre-performances productives. En fait, chacune de ces sociétés était composée d’unités de production de taille moyenne ou petite (à l’exception des complexes sidérurgique et pétrochimiques dont la taille est dictée par la nature d’activité tout autant que par l’importance du marché, le tout déterminant le type de technologie à employer), qui ne nécessitait aucune restructuration si par restructuration on entend, comme c’est le cas dans les pays industrialisés en période de crise, reconfiguration des structures productives par le déclassement de certains équipements existants et par l’acquisition de nouveaux équipements technologiquement plus performants. Dans le cas de l’Algérie, la plupart des unités de production en étaient encore à espérer 651 réaliser la montée en cadence dans l’exploitation des équipements déjà installés. Aussi bien, la restructuration organique des entreprises publiques n’a-t-elle consisté en fin de compte qu’à délocaliser les structures de gestion pour les rapprocher des unités de production qui, elles, étaient déjà disséminées sur tout le territoire national.

Ce travail a été facilité par le fait que les anciennes sociétés nationales étaient déjà organisées selon le principe de la spécialisation sectorielle et par le regroupement des unités d’une même famille de produits ou d’une même filière technologique en un même site géographique : plastiques à Sétif, pétrochimie à Arzew, électronique à Sidi Bel Abbes etc. Il a donc suffi de déplacer certaines directions centrales des sièges sociaux des anciennes sociétés nationales (pour la plupart implantées à Alger) et de les ériger en sièges sociaux des nouvelles entreprises. Mais les conséquences de cette décision ont été tout autres que celles attendues. Elle s’est soldée par un manque cruel de cadres pouvant occuper des postes de direction des nouvelles entités économiques. Le résultat de cette opération a été de promouvoir à des postes d’encadrement managérial des personnes versées dans les métiers de l’industrie occupant jusque-là des postes techniques dans les unités de production désormais élevées au rang d’entreprises à part entière. Nombreux furent ceux qui, parmi ces nouveaux cadres 652 , de formation technique, durent quitter leurs postes de production pour se consacrer à des tâches de gestion. Illusion leur était donnée de participer ainsi à la prise de décision alors que – excepté pour ce qui relevait de la gestion courante – l’essentiel du pouvoir de décision (en particulier en matière d’investissement) restait concentré entre les mains des cadres de l’Administration centrale (ministères techniques, organe central de planification) qui continuaient d’exercer une tutelle tatillonne sur les entreprises publiques. Cela tenait au fait que les moyens de financement de l’investissement étaient centralisés, donnant à l’Administration un pouvoir de décision sur le choix des investissements même si certains responsables des nouvelles entreprises étaient poussés à développer des stratégies de contournement rendues nécessaires par les contraintes rencontrées sur le terrain 653 . Par la suite, il est vrai, ces mêmes responsables ont profité de la latitude que leur laissait le système centralisé d’administration économique en matière de gestion courante pour se constituer une clientèle parmi les notables locaux du parti et de l’administration, créant ce faisant un véritable réseau de relations privilégiées qui leur assurait une certaine impunité dans la conduite des affaires de l’entreprise dont ils avaient la charge 654 . Disposant d’un pouvoir limité mais réel d’affectation des ressources, ce dont certains d’entre eux usèrent à des fins personnelles ou au profit de leur entourage, ils finirent par constituer une base sociale élargie pour le nouveau régime qui s’est mis à leur dispenser ses faveurs de multiples façons 655 .

D’autres effets pervers furent constatés : de nombreux cadres de l’administration centrale des entreprises se virent signifier une nouvelle affectation et durent pour certains d’entre eux abandonner d’eux-mêmes leurs fonctions pour ne pas se voir obligés de rejoindre leur nouveau lieu de travail 656 . Le démembrement des anciennes sociétés nationales fut en soi un motif de déperdition de la mémoire collective des entreprises qui ne disposaient désormais plus que des bribes de leurs archives. Cette déperdition fut aggravée par l’éparpillement de l’encadrement humain qui fut aussi la cause de la dilapidation du capital expérience accumulé tout au long de la décennie antérieure.

Sur un autre plan, les effets pervers de la restructuration organique des entreprises publiques furent encore plus fortement ressentis : la séparation des fonctions de production et de distribution rendit les entreprises de production entièrement dépendantes des entreprises de commercialisation pour ce qui est de l’écoulement de leurs production. Les premières subirent de plein fouet les conséquences de la pratique des prix administrés largement sous-évalués malgré la surévaluation du dinar qui leur permettait d’importer inputs et équipements à moindres frais, tandis que les secondes virent se constituer des stocks d’invendus à cause de la rupture du lien avec le marché qui résultait de cette nouvelle organisation de l’économie 657 . On ne peut donc pas s’étonner de ce que la restructuration organique des entreprises publiques n’ait produit d’effets positifs ni en terme d’efficacité productive ni en terme de rentabilité financière. La production matérielle (en unités physiques) des principaux biens de l’industrie a connu une évolution erratique, la tendance générale étant à la stagnation, signe de ce que le système productif algérien avait atteint ses limites dans sa configuration d’alors. Le tableau ci-après donne un aperçu de l’évolution sur cinq ans (1984-1988) des principales productions de l’industrie publique. Notons l’absence quasi-complète des produits provenant du complexe de machines dont M. Lanzarotti dit qu’elle caractérise le sous-développement.

Production matérielle de certains biens de l’industrie
(Unité : milliers de tonnes sauf indication contraire)
  1984 1985 1986 1987 1988
Produits sidérurgiques
Bruts de fonderie
Acier
Tôles
Barres et Feuillards
Tubes

Produits mécaniques et véhicules
Moteurs Diesel
Wagons
Camions
Tracteurs
Motocyclettes
Bicyclettes
Equipement électrique
Cables et fils
Téléviseurs (unités)
Piles (milliers d’unités)
Cuisinières électriques (unités)
Réfrigérateurs (unités)
Récepteurs radio (unités)
Produits alimentaires, Boissons et produits de tabac
Farine et semoule de blé
Huiles alimentaires
Sucre
Eau minérale (milliers d’hectolitres)
Boissons non alcoolisées
(milliers d’hectolitre)
Bière (milliers d’hectolitres)
Savon
Tabac
Textiles et produits du cuir
Filés (à l’exclusion du jute)
Tissus (millions de mètres)
Vêtements de confection (milliers
d’unités)
Peaux de chèvre et de mouton
(millions de pieds carrés)
Chaussures (milliers de paires)

Produits du bois et du papier
Planches (milliers de mètres cubes)
Papier
Allumettes (millions d’unités)
Matériaux de construction
Ciment
Plâtre
Briques et tuiles
Carrelages (milliers de mètres carrés)

1.176
1.143
744
456
268

10.976
895
6.619
5.927
47.000
43.097

20
291.900
64.864
73.700
100.000
219.900


2.162
272
214
1.129
1.232
520
77
28

31
106
24.268

52
18.138

96
111
844

5.539
143
1.661
2.299

1.462
1.390
683
331
233


12.035
857
5.722
6.250
47.434
47.213

36
324.900
67.584
79.200
102.000
247.300

2.252
270
197
1.118
1.553
526
76
28

30
100
21.699
47
17.900

118
105
849

6.096
120
1.617
2.315

1.246
1.218
826
355
227


11.561
708
6.671
6.323
48.340
53.000

35
381.700
76.900
79.600
104.000
308.800

2.334
295
220
1.220

1.760
505
78
28

36
98
21.000
47
18.400

120
110
863

6.450
145
1.660
2.200

1.716
1.674
904
380
273


7.788
503
5.787
3.513
43.636
45.567

38
315.000
70.776
78.000
225.000
464.000

2.500
303
205
1.157
1.706
491
81
27

33
100
17.900
41
18.100

129
160
1.040

7.600
168
1.700
2.200

1.575
1.671
935
360
156


9.600
488
5.290
5.500
47.000
50.000


386.000

130.000
468.000


2.580
320
220
1.050
1.330
450
85
25

39
99
18.000
29
15.000

139
160
800

7.250
170
1.660
2.220
Source : FMI, Rapport sur l’Algérie 1989, pages 12 à 14.

Ce tableau indique clairement que, hormis pour certains produits (tel le ciment, promu au rang de produit stratégique par la politique de libéralisation de la construction, et quelques autres produits de consommation durable – telles les réfrigérateurs, les cuisinières etc.) le système productif algérien avait bel et bien atteint ses limites en termes de production physique dès 1984. En valeurs, le même constat peut être fait avec, en sus, une tendance nette à la chute de la productivité apparente du travail mesurée par le rapport valeur ajoutée/coût de main-d’œuvre. C’est le cas du moins des industries lourdes. Bien qu’elles aient continué de recruter (l’effectif employé étant passé de 138 000 à près de 161 000 salariés entre le début et la fin de la période analysée ici), cette baisse de la productivité dans les industries lourdes ne s’explique pourtant pas seulement par un surcroît de personnel mais aussi par l’augmentation des coûts de main-d’œuvre résultant de l’accroissement de la masse salariale ayant bénéficié pour l’essentiel à l’encadrement. Les entreprises des industries lourdes n’ont pas cessé d’enregistrer des déficits d’exploitation (après impôts), leurs montants cumulés (en termes courants) ayant été multipliés par 1,6 entre 1984 et 1987. En termes constants, les déficits d’exploitation se sont également aggravés compte tenu que l’indice général des prix n’a augmenté entre ces deux dates que de 33% 658 . Le tableau ci-après retrace l’évolution sur cinq ans des principaux agrégats comptables et autres indicateurs de performance dans les entreprises du secteur des industries lourdes.

Principaux indicateurs de gestion des entreprises publiques de l’industrie lourde
(Unité : millions de dinars, sauf indication contraire)
  1984 1985 1986 1987 1988
Ventes totales dont
Production vendue en Algérie
Exportations
Vente de produits importés
Valeur ajoutée dont
Coût de main-d’œuvre
Déficit d’exploitation
(après impôts)
Production commercialisée
Effectif
(en nombre d’employés)
Chiffre d’affaires par salarié
(en dinars)
Taux d’utilisation des
capacités de production (en %)
31.100
19.971
547
10.582
15.391
(5.775)
-2.679

20.817
138.800

225.362


73
32.635
21.538
586
10.511
16.314
(7.027)
-3.232

22.500
141.150

224.836

69
34.197
24.889
487
8.821
17.364
(7.503)
-2.050

25.030
148.640

230.509

73
34.258
24.971
803
8.484
18.010
(7.990)
-4.220

30.600
146.847

233.290

63
34.647
25.814
1.772
7.061
18.268
(8.355)


31.430
150.902

229.593

69
Source : FMI, rapport sur l’Algérie 1989.

Pour ce qui est des industries légères, les mêmes indicateurs ont l’allure suivante :

Principaux indicateurs de gestion des entreprises publiques de l’industrie légère
(Unité : millions de dinars, sauf indication contraire).
  1984 1985 1986 1987 1988
Ventes totales dont
Production vendue en Algérie
Ventes de produits importés
Elément résiduel 659
Valeur ajoutée dont
coût de main-d’œuvre
Effectif (nombre de travailleurs)
Production par salarié (en dinars)
23.486
20.744
1.905

837

13.207
(4.924)
138.382
152.102
26.208
23.679
2.329

200

15.763
(5.846)
139.149
170.170
30.514
27.964
2.500

50

17.503
(6.114)
141.600
197.485
32.030
28.030
4.000

50

17.500
(6.060)
139.170
201.408
33.600
28.600
5.000

200

18.000
(6.370)
142.280
201.012
Source : FMI, rapport sur l’Algérie 1989.

Il est vrai que pour les entreprises du secteur des industries légères la situation était moins dramatique, la productivité apparente du travail ayant eu plutôt tendance à augmenter entre 1984 et 1987 660 . Mais cela ne se reflétait pas dans l’évolution de la production en termes physiques des entreprises des branches les plus représentatives de la consommation finale comme les produits alimentaires, les vêtements et les chaussures mais seulement dans la croissance de la production des biens de consommation durable (voir tableau page précédente). C’est donc l’effet prix qui a surtout joué dans cette apparente amélioration des performances des entreprises, ce qui était le signe de ce que les secteurs de la production des biens de consommation étaient fortement contraints par la demande alors que toute l’économie l’était par l’offre (économie de pénurie).

En ce qui concerne maintenant la restructuration financière, bien des choses peuvent en être dites qui ne vont pas dans le sens de l’amélioration des performances.

A en croire A. Dahmani 661 , les déficits d’exploitation cumulés s’établissaient pour la période 1984 -1987 à 125 milliards de dinars soit l’équivalent de 18,5 milliards de dollars (au taux de change surévalué de 1 DA= 0,148 $ ou 1$ = 6,75 DA ). A l’inverse de la période d’avant la restructuration où 71% des unités de production des anciennes sociétés nationales étaient bénéficiaires, seules 70 nouvelles entités économiques sur les 375 créées ont un budget équilibré (chiffres cités par l’auteur).

Si on s’en tenait à l’orthodoxie en la matière, la restructuration financière aurait dû présenter de sérieux avantages pour les entreprises restructurées par rapport à leur situation antérieure. Il s’était agi en effet de doter la nouvelle entité économique de fonds propres à même de lui permettre d’assurer le financement des immobilisations tout en dégageant un fonds de roulement susceptible de couvrir en partie les dépenses d’exploitation. A elle seule, cette mesure aurait pu ouvrir une brèche dans le système d’économie administrée qui prévalait si elle avait été correctement engagée. Il ne s’agissait rien moins en effet que de conférer à l’entreprise une certaine autonomie de gestion, ce sur quoi le rapport général du plan quinquennal 1980-1984 avait insisté. Mais elle fut contrariée par des obstacles d’ordre pratique qui référaient en réalité à des problèmes politiques : comment traiter les créances et dettes interentreprises accumulées tout au long des années de gestion étatique (avec ce que cela supposait d’injonctions administratives) des entreprises ? De quelle autorité pouvaient disposer les responsables des nouvelles entités économiques pour faire valoir les droits acquis sur l’Administration et sur les organismes publics à caractère non commercial 662  ? Ces questions n’ont pas trouvé de réponse adéquate dans la mise en œuvre de la réforme de 1980.

Celle-ci n’a prévu aucun dispositif juridique pour leur règlement ni pour celui des conflits pouvant apparaître ultérieurement entre les administrations et les entreprises, entre les entreprises et les institutions financières ou entre les entreprises elles-mêmes. On crut pouvoir se contenter d’un « assainissement » formel de la situation par retraitement comptable des dettes des entreprises envers les institutions financières sans mettre un terme au mode de gestion qui les a engendrées ni au mécanisme de leur accumulation. Les dettes d’investissement (dettes à long terme) furent donc transformées en apport de capital (fonds social) tandis que les dettes à court terme (en fait la part la plus importante des engagements financiers des entreprises vis-à-vis des banques 663 ) étaient consolidées en dettes à moyen terme et les dettes à moyen terme en dettes à long terme.

Le résultat de toute cette mécanique fut que le fonds social des nouvelles entités économiques était réduit à la portion congrue dans le passif du bilan 664 tandis que les dettes d’exploitation et les dettes financières constituaient l’essentiel des ressources (auxquelles faisait contrepoids à l’actif du bilan les postes créances). A titre d’exemple, voici le bilan d’ouverture d’une entreprise issue de la restructuration organique d’une grande société nationale.

Unité : milliers de dinars
ACTIF Montants PASSIF Montants
Investissements nets
Stocks et encours
Créances
Disponibilités
Résultats
29.435
71.005
265.848
25.394
98.180
Fonds propres
Dette dont
dette d’investissement
dettes de stock
détentions pour cpte
dettes d’exploitation
avances commerciales
dettes financières
133
489.729
35.216
45.998
24.582
196.682
86.065
101.186
TOTAL ACTIF 489.862 TOTAL PASSIF 489.862
Source : Plan de redressement de l’entreprise, CNAT, janvier 1995.

Comme on peut le constater, les fonds propres sont ridiculement faibles. En fait ils seraient même négatifs si on avait pris soin d’inscrire au passif du bilan les résultats hérités de l’ancienne société nationale parce qu’ils traduisent une perte et non un bénéfice 665 . L’entreprise a en outre hérité d’un montant colossal de dettes dont la quasi-totalité se présente comme des dettes d’exploitation ou des dettes financières 666 .

En contrepartie, l’entreprise hérite certes aussi d’un montant élevé de créances. Mais il n’y pratiquement aucune chance pour elle de les recouvrer en raison de ce que ses débiteurs sont dans la même situation qu’elle quand elle n’a pas à faire (comme c’est le cas dans cet exemple) à des administrations peu enclines à s’acquitter des dettes qu’elles ont contractées auprès des entreprises publiques : l’idéologie du bien public comme bien commun dont on a indiqué dans le chapitre précédent certaines formes de manifestation 667 était bien ancrée dans l’esprit des responsables des administrations locales qui, au demeurant, ne disposaient généralement pas d’un budget suffisant pour faire face à leurs engagements. L’entreprise dont il est question ici n’a bénéficié d’aucun apport en argent frais avant le passage à l’autonomie qui s’est effectué en 1991.

Il n’existe malheureusement pas de bilan global de la restructuration financière des entreprises. M. Baba-Ahmed donne quelques chiffres qui, en l’absence de repères, paraissent peu significatifs. Selon lui, le montant total des engagements publics en faveur des entreprises restructurées s’élèverait à 61,2 milliards de dinars sur quatre ans (1983-1986) ; soit, au même taux de conversion utilisé par l’auteur que précédemment, près de 9 milliards de dollars. Ce montant se répartissait comme suit :

  • 7,9 milliards au titre des dotations budgétaires ;
  • 2,3 milliards au titre de la transformation des dettes d’exploitation en prêts à long terme du Trésor ;
  • 22,4 milliards au titre de la transformation des crédits bancaires en dette à long long terme BAD 668  ;
  • 6,9 milliards au titre de nouveaux prêts bancaires à moyen terme ;
  • 1,9 milliard au titre de la consolidation des résultats.

Ces chiffres concernent 284 entreprises issues des anciennes sociétés nationales dont la trésorerie consolidée par secteur est donnée par le tableau suivant :

Trésorerie consolidée par secteur en millions de dinars
Secteurs 1982 1983 1985 1986
Agriculture
Energie (hors Sonatrach)
Industrie lourde
Industries légères
Habitat
Hydraulique
Travaux publics
commerce
Solde net
(1 182)
(8 014)
(19 186)
(17 201)
168
(171)
201
(2 682)
(50 353)
(1 786)
(11)
(16 897)
(25 517)
(1 259)
(821)
155
(2 191)
(50 770)
(3 059)
335
(20 104)
(23 090)
(1 191)
(675)
187
(2 331)
(56 652)
(2 040)
4 745
(22 813)
(23 333)
(3 961)
(609)
(4)
(2 436)
(57 717)
Source : M. Baba-Ahmed, op. cité p 98. Les chiffres entre ( ) sont négatifs.

Ce tableau appelle les commentaires suivants : ce qui frappe au premier coup d’œil, c’est l’extrême précarité de la situation des entreprises dont il rend compte. Le solde net de la trésorerie des entreprises (tous secteurs confondus) est non seulement négatif mais d’un montant exorbitant : plus de 50 milliards de dinars en 1982 et près de 58 milliards de dinars en 1986 ! La situation s’est donc dégradée au cours des années de mise en œuvre de la restructuration organique et financière. Avant que n’intervienne cette réforme, cette situation n’avait pas de quoi surprendre, elle découlait du mode de financement alors en vigueur qui consistait à financer les investissements sur fonds du Trésor et l’exploitation sur découvert bancaire, en contrepartie de quoi les entreprises étaient dessaisies de leurs ressources au profit du Trésor. Au motif que les investissements étaient financés sur concours budgétaires, la pratique était en effet de centraliser au niveau du Trésor les cash-flows dégagés par les entreprises. Il en résultait un déficit permanent de trésorerie qui ne reflétait en aucune façon la véritable situation financière de celles-ci ; déficit qui ne pouvait être comblé que par le découvert bancaire. Cette pratique ayant été abandonnée après 1982, les déficits de trésorerie ne s’expliquent guère depuis que par l’échec de la restructuration financière, échec imputable au moins en partie au mode d’assainissement adopté.

Aussi est-ce avec raison que M. Baba-Ahmed dit de la restructuration financière des entreprises qu’elle « apparaît, ex-post, comme un simple replâtrage qui a voilé la réalité pour un temps : malgré un apport d’argent frais de 34,7 milliards de dinars et le caractère momentanément salutaire de l’assainissement de leurs créances, les entreprises publiques enregistrent une détérioration globale de leur trésorerie […] » 669 . Il estime à 44,6 milliards de dinars le solde net négatif de trésorerie des entreprises publiques restructurées tous secteurs confondus sauf secteur pétrolier.

Plus globalement, M. Baba-Ahmed s’est attaché à montrer dans l’Algérie, diagnostic d’un non développement 670 les principales causes de l’inefficacité du capital industriel public en Algérie. A la sous-utilisation des capacités de production installées (qu’il estime être de l’ordre de 45 à 65% selon les secteurs), se surajoutent les coûts excessifs d’investissement dont l’auteur dit qu’ils sont de 1,5 à 2,5 fois plus élevés que les standards internationaux. Quant aux rendements des facteurs de production, ils constituent la troisième grande source de déperdition de l’efficacité productive du capital. Si le facteur subjectif est pour quelque chose dans cette déperdition (l’auteur incrimine le type de relations de travail instituées par la loi, ce dont il a été question dans le chapitre précédent), les facteurs objectifs ne sont pas en reste : plusieurs sources de gaspillage du capital productif sont ainsi identifiées par l’auteur, à commencer par celles liées à l’environnement institutionnel. Mais c’est surtout la surconsommation technique des immobilisations qui est en cause. L’auteur en donne un aperçu à travers l’évolution du ratio CFF/VA (consommation de fonds fixes/valeur ajoutée) tous secteurs confondus. Entre 1982 et 1987 ce ratio a augmenté significativement pour n’amorcer de baisse qu’à partir de 1988 comme le montre le tableau ci-après.

Unité : milliards de dinars pour CFF et VA, % pour le ratio.
Années 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989
CFF
VA
18
165
21,2
184
22,8
208
27,6
230
30,7
226
31,1
235
30,7
262
31
322
CFF/VA 10,9 11,5 11 12 13,6 13,6 11,7 9,6
Source : M. Baba-Ahmed, l’Algérie, diagnostic d’un non développement, op. cité p 137.

Au vu de ces chiffres il apparaît clairement que, jusqu’en 1987, la richesse nouvellement créée (mesurée par la somme des valeurs ajoutées), croît moins vite que la consommation des fonds fixes. Si la tendance de ce ratio est à la baisse à partir de l’année suivante, c’est moins parce que l’économie aurait retrouvé le sentier de croissance que parce que l’accroissement vertigineux des prix consécutif aux mesures de libéralisation prises la même année dans le cadre des réformes économiques (nous reviendrons plus loin sur cette question) se traduit par une augmentation apparente de la richesse créée. Or le niveau d’activité a grandement souffert et de la baisse des importations (en quantités et en valeurs) et de la baisse des exportations (en valeurs) comme le montre le tableau ci-après.

Unité : milliards de dollars US
  1984 1985 1986 1987 1988
Balance commerciale
Exportations
Importations
3,55
12,79
-9,24
4,22
13,03
-8,81
0,19
8,06
-7,88
2,41
9,03
-6,62
0,94
7,63
-6,69
Source : FMI, op. cit.

Jusqu’en 1985, la balance commerciale de l’Algérie était excédentaire parce que les exportations d’hydrocarbures couvraient largement les importations (composées en majeure partie des intrants et de biens d’équipement industriels). A partir de cette date, elle n’a pu être maintenue équilibrée qu’au prix d’une compression drastique des importations. La même source d’où est tiré le tableau ci-dessus montre que la balance globale (balance des paiements) est légèrement déficitaire sur toute la période (sauf en 1985 où elle a enregistré un excédent substantiel) ; ce déficit est essentiellement dû au solde négatif de la balance des services et de la balance des opérations en capital, ce dernier résultat étant dû au paiement rubis sur ongle du service de la dette.

Est-ce pour s’en être tenues au principe consistant à ne pas manquer à leurs engagements internationaux que les autorités algériennes ont dû recourir à de nouveaux emprunts ? Cela ne paraît pas être le cas tant l’emballement de la dette extérieure du pays est hors de proportion avec le déficit de la balance des paiements. Alors que les efforts antérieurs de l’Algérie pour se désendetter ont fait passer l’encours de la dette de près de 20 milliards de dollars en 1979 à moins de 16 milliards en 1984, cet agrégat est remonté à 18,4 milliards en 1985 puis à 26,775 milliards de dollars en 1988 pour atteindre les 29,794 milliards 671 en 1989. Bien entendu, le service de la dette s’accrut, réduisant d’autant les ressources disponibles pour le fonctionnement du système productif. Aussi n’est-il pas étonnant que celui-ci ait été qualifié par certains auteurs de système productif en déshérence.

Plus que jamais l’économie dépendait des recettes en devises du pays alors même que le contre-choc pétrolier de 1986 a provoqué une baisse de 50% dans les termes de l’échange de l’Algérie 672 . Bien que le gouvernement ait tenté de remédier à cette situation en empruntant davantage que par le passé auprès des banques étrangères et des organismes financiers internationaux, il n’a pu faire face à la demande en intrants et autres biens d’équipement émanant des entreprises ni à celle en biens de consommation qui se faisait jour sur le marché. Pour atténuer les effets de la crise pétrolière, les importations ont été réduites de presque un tiers en volume entre 1985 et 1987 ce qui n’était pas de nature à améliorer les taux d’utilisation des capacités de production qui ont de ce fait stagné ou diminué comme l’indique une note du Conseil Narional de la Planification 673 . La valeur ajoutée globale n’a que très peu augmenté en termes courants, accusant en fait (en termes réels) un recul d’autant plus significatif que le volume d’emploi a crû substantiellement.

  1984 1985 1986 1987 1988
Population active hors agriculture 3.491 3.631 3.792 3.973 4.162
Emploi non agricole dont
industrie
BTP
Transport et services 674
Administration
2.755
495
655
760
845
2.850
510
658
782
900
2.912
518
659
790
945
2.975
527
661
806
981
3.035
532
672
819
1.013
Chômeurs 736 781 880 997 1.127
Source : FMI, rapport sur l’Algérie 1989.

Comme le montre le tableau ci-dessus, l’emploi non agricole n’a pas cessé de croître au cours des années 1984 - 1988 sans que la production matérielle ne se soit accrue hormis pour le ciment et les appareils électroménagers. La tendance est bien plutôt au marasme si ce n’est à la décroissance de la production ainsi que le montre le tableau page… On peut donc conclure à l’aggravation des sureffectifs dans la plupart des entreprises publiques algériennes au cours de cette période, sureffectifs qui, se conjuguant avec les autres facteurs d’inefficacité du capital industriel évoqués par M. Baba-Ahmed, donnent la mesure de la crise du système productif algérien pourtant encore en phase de formation.

Cependant le nombre de chômeurs n’a pas cessé de croître et le chômage de devenir endémique : le taux de chômage par rapport à la population active non agricole est en effet passé de 21% en 1984 (chiffre déjà alarmant au regard des normes internationales en la matière) à 27% en 1988 675  ; ce qui est le signe le plus patent de l’échec de la stratégie algérienne de développement dont l’un des principaux objectifs était – faut-il le rappeler – de créer des emplois en grand nombre (cent mille par an à partir de 1980). Ce que B. Hamel 676 avait appelé une « vaste promesse de mise au travail » en parlant du développement prioritaire de l’industrie dans la stratégie algérienne de développement ne s’était pas réalisé ou, si cet objectif l’était en partie, c’était au prix d’une inefficacité telle du système productif que cela mettait immédiatement en cause la raison d’être même du dit système. Si les critiques de la stratégie algérienne de développement avaient bien mis en évidence cette caractéristique du système consistant (pour reprendre les termes du rapport intitulé Bilan économique et social de la décennie 67-78 ) à consommer plus de richesses qu’il n’en crée, la réforme de 1980 n’a pas remédié à ce défaut majeur, ce qui aurait nécessité non seulement une réorganisation complète du système productif et l’adoption d’une nouvelle rationalité économique – celle-là même qui a pour finalité de dégager un surplus accumulable de l’activité domestique – mais aussi le renouvellement non pas tant des équipements de production industriels installés (dont la plupart étaient encore en excellent état de fonctionnement malgré leur obsolescence technologique) mais de la combinaison productive en son entier pour la mettre en cohérence avec la rationalité économique nouvelle. Au lieu de cela, la restructuration organique et financière des entreprises publiques engagée en 1980 a plutôt eu tendance à accentuer la déstructuration du système productif en formation, ce qui a plongé l’économie tout entière dans le marasme que la crise pétrolière de 1986 n’a fait qu’aggraver.

C’est en réponse à cette crise que la réforme de 1988 a été pensée, l’objectif principal affiché par les pouvoirs publics étant d’introduire – à travers l’autonomie des entreprises publiques – cette nouvelle rationalité économique dont on a parlé susceptible de rendre efficace le système productif, c’est-à-dire de le rendre apte à créer un surplus accumulable, ce qui passe bien évidemment par l’instauration d’un nouveau rapport salarial. Qu’en a-t-il été dans la réalité, c’est la question que nous nous proposons d’aborder dans la section 7.2 du présent chapitre.

Notes
646.

M. Baba-Ahmed, l’Algérie, diagnostic d’un non développement, Ed. l’Harmattan, 1999, p 82.

647.

Projet de plan quinquennal, op. cité p 441.

648.

Id. p 509.

649.

Id. p 509. On se souvient qu’il s’agit là d’une recommandation insistante de certains auteurs dont le point de vue a été présenté dans le chapitre sixième de la présente recherche.

650.

L’investissement continue d’être du ressort de l’Administration centrale ainsi d’ailleurs que son financement.

651.

Nous disons espérer parce que les taux d’utilisation des capacités de production installées étaient faibles, ce qui laissait supposer à tort qu’elles pouvaient être améliorées.

652.

Certains de ces nouveaux cadres étaient de simples agents techniques ou administratifs. Ils ont été servis par le fait qu’ils avaient des responsabilités syndicales ou qu’ils bénéficiaient d’appuis externes.

653.

Il existait une pratique qui datait du temps des anciennes sociétés nationales dite de « maquillage » qui consistait à financer des projets d’investissement non inscrits au plan sur des fonds réservés à d’autres projets « individualisés » au plan, retardant ainsi la réalisation de ces derniers.

654.

Dans les années 1996-1998, de nombreux cadres dirigeants des entreprises publiques ont été incarcérés sans procès au motif d’avoir trempé dans des malversations préjudiciables aux intérêts de l’entreprise. Compte tenu de l’opacité de cette prétendue opération de moralisation de la gestion des entreprises publiques, le doute plane sur les véritables motivations de ceux qui, au gouvernement, en avaient pris la décision. Parmi les cadres dirigeants incarcérés, nombreux furent ceux qui bénéficièrent ultérieurement d’un non lieu, ce qui n’était pas fait pour dissiper le doute quant aux visées des responsables politiques du moment.

655.

Mise à disposition de logements et de voitures de fonction susceptibles d’être rachetés ultérieurement par les intéressés souvent à un prix symbolique si ce n’est au dinar symbolique ; de bons d’essence sans limite de consommation etc.

656.

A l’obligation de quitter leur cadre de vie habituel s’ajoutaient de nombreuses difficultés comme celle de trouver un logement.

657.

Les entreprises de distribution de certains biens de consommation durable (électroménager) et de certains biens intermédiaires (matériaux de construction) allaient jouer un rôle particulier dans la montée en puissance de la bourgeoisie entreprenariale et commerçante. Celle qui s’est développée dans le BTP par exemple, principale activité productive restée de tous temps ouverte au secteur privé, s’est enrichie comme jamais en pratiquant l’achat auprès des EDIMCO (Entreprises de Distribution des Matériaux de Construction) à des prix administrés de matériaux de construction frappés par la pénurie (ciment, rond à béton) destinés en principe à la réalisation de projets dont elle a obtenu l’adjudication de la part des pouvoirs publics pour les revendre en l’état aux autoconstructeurs à des prix du marché qui pouvaient être deux, trois … dix fois plus élevés que les prix d’achat.

658.

Calcul effectué d’après les données du tableau précédent et des données du tableau qui suit.

659.

Y compris les exportations et certaines ventes effectuées par l’intermédiaire des entreprises de distribution créées en 1983 (note du FMI).

660.

Il n’y a pas d’indication sur l’évolution des résultats d’exploitation dans le rapport du FMI auquel nous nous référons ici pour les entreprises de l’industrie légère.

661.

L’Algérie à l’épreuve, économie politique des réformes 1980-1997, Ed. Casbah 1999, p 69.

662.

Encore au milieu des années 1990, des responsables d’entreprises publiques que nous avons côtoyés dans le cadre de l’élaboration des plans de redressement (dont il sera question plus loin) nous avouaient leur incapacité à recouvrer les créances de leurs entreprises sur les administrations centrales et locales.

663.

Il s’agissait de découverts bancaires à l’aide desquels on finançait l’exploitation en l’absence de trésorerie.

664.

Les dettes d’investissement converties en capital social étaient évidemment très faibles compte tenu du mode de financement qui prévalait, un financement sur concours budgétaires de l’Etat dont une partie seulement était des concours temporaires (c’est-à-dire remboursables).

665.

Selon les principes de la comptabilité d’entreprise, les résultats peuvent être inscrits à l’actif (avec le signe +) ou au passif (avec le signe -) quand ils traduisent un déficit.

666.

Le degré d’exigibilité de ce type de dettes est en principe très élevé (dettes à très court terme).

667.

Voir ce qui a été dit de la confusion entre le budget de l’Etat et le budget de l’entreprise ou de la caisse d’assurance sociale.

668.

BAD : Banque Algérienne de Développement, chargé de financer les investissements des entreprises.

669.

Id. p 104.

670.

Op. cité p 113 et suivantes.

671.

Tous ces chiffres sont tirés de la thèse de doctorat de Y. Benabdellah, op. cité p 95 et suivantes.

672.

Banque Mondiale, Mémorandum économique : la transition vers une économie de marché, rapport principal, septembre 1993, p2.

673.

Note en date du 23 novembre 1993 portant sur la restructuration industrielle (note référencée CNP/DP – DAP – 93/1). Selon cette note, le taux moyen d’utilisation des capacités de production pour la période 1986-1992 est estimé à 50%.

674.

Y compris les activités artisanales.

675.

Taux calculés d’après les données du tableau précédent.

676.

Système productif algérien et indépendance nationale, Ed. OPU, Alger, 1983, p 110. L’auteur écrit au sujet du développement prioritaire de l’industrie que celle-ci « apparaît, par sa prise sur les richesses nationales (les hydrocarbures notamment) et leur transformation industrielle, comme la principale source d’accumulation et de fixation durable du capital d’une part, et comme le moyen le plus sûr de réaliser la vaste promesse de mise au travail par la mobilisation générale, à long terme, de toutes les forces de travail disponibles et à venir (c’est nous qui soulignons) d’autre part »