Chapitre II
Erasme ou la tentation de l'irénisme

Erasme de Rotterdam, est un militant de la paix. Ses convictions reposent sur la tradition judéo-chrétienne, et particulièrement sur le précepte divin du premier commandement : "tu ne tueras point"79. Pour le moine batave le respect de la vie dans son principe est primordial ; l'homme "est au monde", il fait partie de la nature, donc création de Dieu. Pour l'humaniste, l'homme ne s'appréhende que chrétien et ne doit pas attenter à la vie de son prochain. Il n'y a pas de contradiction entre une philosophie de l'homme ou anthropologie philosophique et la science de Dieu ou théologie. La religion dégage par elle-même une conception de l'homme créé à l'image de Dieu ; c'est donc au sein de la jonction entre l'humanisme et le christianisme, qui présente les valeurs absolues de l'héritage divin, dont l'homme est responsable, que se positionne Erasme80.

Dans cette option, de l'humanisme chrétien représentatif de la voie moyenne, entre d'une part les sophistes, tel Protagoras pour lequel l'homme est la mesure de toute chose ; et d'autre part, l'option adoptée par Luther selon laquelle Dieu est tout et l'homme n'est rien s'il ne bénéficie pas de la grâce divine ; l'humaniste hollandais opte pour la liberté émancipatrice de l'homme chrétien.

Notes
79.

- Ex. XX. 13.

80.

- Cf. MARGOLIN, (J.Cl.), Erasme, Paris, Robert Laffont, 1992, XI.