L'homme est naturellement bon, puis se corrompt…

Deux siècles plus tard, Rousseau, au siècle des lumières écrit dans l'Emile ou de l'Education : ‘"’ ‘commencez donc par mieux étudier vos élèves ; car très assurément vous ne les connaissez point... ’ ‘"’ ‘ 333 ’. C'est dans cet esprit que Pestalozzi crée l'école d'Yverdon en Suisse en 1805, après bien des vicissitudes. Mais, avec foi en l'éducabilité de l'homme comme moteur de son action.

Pour Rousseau, la conjecture est que l'homme est d'abord naturellement bon, il vit originairement en symbiose avec la nature, laquelle lui fournit les ressources nécessaires à la satisfaction des ses besoins. A cet âge d'or hypothétique où l'homme vit en totale harmonie avec ses semblables d'une part, et avec la nature d'autre part, succède la détérioration des relations entre les hommes. Ainsi apparaît un nouveau type d'homme, c'est l'homme social, caractérisé par la perversion des qualités humaines.

En politique cette situation conduit à un régime tyrannique, d'où la nécessité d'un contrat, un pacte d'association, par lequel chaque individu abandonnant sa liberté individuelle s'engagerait envers l'ensemble de la communauté humaine ; la société quant à elle assurerait à l'individu le statut de citoyen.

Dès lors, l'homme se positionnerait dans un statut d'égalité juridique et moral vis à vis de son semblable et jouirait de la liberté civile.

L'homme se corrompt par l'action de la société et ‘"’ ‘tous ces vices n'appartiennent pas tant à l'homme, qu'à l'homme mal gouverné’ ‘"’ ‘ 334 ’ ‘.’ Ailleurs, Jean-Jacques Rousseau reprend le même propos quand il écrit : ‘"’ ‘Il est certain que les peuples sont à la longue ce que le gouvernement les fait être. Guerriers, citoyens, hommes, quand il le veut ; populace et canaille quand il lui plaît’ ‘"’ ‘ 335 ’ ‘.’ La multiplication des hommes engendre un état de dépravation. L'ennemi de l'homme fut la création de la société, qui mit fin à cet état de bonheur primitif.

Pour Jean-Jacques Rousseau, cette fin est advenue quand ‘:’ ‘"’ ‘Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire ’ ‘«’ ‘Ceci est à moi’ ‘»’ ‘, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile’ ‘"’ ‘ 336 ’ ‘.’

Le mal en général découle de l'institution de la société civile. La guerre, le meurtre, la compétition sont nés avec l'arrivée de la société. Comme il semble impossible à Rousseau de pouvoir revenir à cet état de nature originel, il va proposer dans le Contrat social un remède à cette dépravation. Comme la liberté et l'égalité, caractéristiques de l'état naturel, sont disparues de la société civile, il faut trouver un compromis pour remettre ces deux réalités à l'avant-scène de l'activité humaine.

Il va de soi pour lui que l'éthique est inséparable du politique. De même que la décadence des institutions entraîne la dépravation des mœurs, sortant l'être humain d'un état de nature et d'innocente liberté, tout de même, la vertu retrouvée, ramènera un état d'égalité et une république fondée sur des institutions de justice en découlera.

Notes
333.

- ROUSSEAU, J.J. Emile ou de l'éducation, Paris, GF-Flammarion, édit. de 1966. p. 32.

334.

- ROUSSEAU, (J.J.), Narcisse, Œuvres Complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, tome 2 page 969.

335.

- ROUSSEAU, (J.J.), Sur l'économie politique, Œuvres Complètes, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, tome 3 page 253.

336.

- ROUSSEAU, (J.J.), Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité entre les hommes, Paris, GF-Flammarion, 1971. 272 p. p. 222.